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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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allons-nous expliquer votre disparition ? demandai-je, angoissée.
    — Dites que je suis mort, répondit-il sans vaciller.
    — Vous êtes devenu fou, Kaspar ! s’écria Farag, très fâché.
    Nos hôtes écoutaient avec attention notre conversation, sans intervenir.
    — Je vous trouverai un alibi parfait qui vous sauvera des interrogatoires de l’Église, et me permettra de rentrer dans quelques mois sans éveiller les soupçons, assura le capitaine.
    — Nous pouvons t’aider, protospatharios, proposa Ahmose. Cela fait des siècles que nous pratiquons ce genre de choses.
    — Ton désir de rester est sérieux, Kaspar ? voulut savoir Caton en goûtant une cuillerée de blé moulu avec de la cannelle et des raisins secs.
    — Oui, je ne dis pas que je suis convaincu par vos idées ou vos croyances, mais je vous serais reconnaissant de me permettre de me reposer un peu ici. J’ai besoin de réfléchir à la vie que je veux mener dans le futur.
    — Tu n’aurais pas dû faire ce qui te déplaisait tant.
    — Tu ne comprends pas, Caton, dit le capitaine toujours aussi résolu, en haut les gens ne font pas ce qui leur plaît. C’est même plutôt le contraire. Ma foi en Dieu est forte et m’a maintenu toutes ces années pendant lesquelles j’ai travaillé pour l’Église, une Église qui a oublié l’Évangile et qui, pour ne pas perdre ses privilèges, ment, trompe et est capable d’interpréter les paroles de Jésus à sa convenance. Non, je ne souhaite pas rentrer.
    — Tu peux rester avec nous autant de temps que tu le voudras, Kaspar Glauser-Röist, déclara Caton solennellement. Et vous, Ottavia et Farag, vous pouvez partir quand vous le souhaiterez. Laissez-nous quelques jours pour organiser votre départ et ensuite vous pourrez retourner chez vous. Vous serez toujours les bienvenus ici. En fin de compte, c’est votre maison, vous êtes des stavrophilakes, comme l’attestent les marques de votre corps. Nous vous donnerons le nom de contacts à l’extérieur pour que vous puissiez communiquer avec nous. Et maintenant, avec votre permission, je vais me retirer, pour prier et dormir. Mes nombreuses années ne me permettent pas de veiller, dit-il en souriant.
    Caton sortit en marchant lentement à l’aide de son bâton. Sa fille Ahmose l’accompagna, puis revint nous rejoindre.
    — N’ayez pas peur pour nous, dit Darius en observant nos visages. Je sais que vous êtes préoccupés, et c’est logique. Les Églises chrétiennes sont coriaces. Mais avec l’aide de Dieu tout se passera bien.
    Candace apparut alors avec un plateau rempli de coupes de vin. Ahmose sourit.
    — Je savais que tu ne résisterais pas à nous apporter du meilleur vin du Paradeisos.
    Darius tendit la main rapidement. C’était un homme d’une cinquantaine d’années, aux cheveux clairsemés et gris, avec de toutes petites oreilles que l’on distinguait à peine.
    — Trinquons, dit-il quand nous fûmes tous servis, à notre protospatharios, pour qu’il soit heureux ici, et à Ottavia et Farag, pour qu’ils soient heureux, bien que loin de nous.
    Nous sourîmes en levant nos verres.
     
    Haidé et Zauditu avaient préparé ma chambre et m’attendaient. Tout était ravissant et la lumière des bougies donnait un air féerique à la pièce.
    — Tu as besoin d’autre chose, Ottavia ? me demanda Haidé.
    — Non, merci, répondis-je en essayant de cacher ma nervosité.
    Farag m’avait demandé s’il pouvait me rejoindre dans ma chambre dans la soirée. Je n’eus pas à lui répondre. Mon sourire lui suffit. Pourquoi attendre plus longtemps ? Tout était terminé, et je désirais juste être avec lui. Souvent, quand je me trouvais à ses côtés, une idée idiote me passait par la tête : même si j’avais une vie immensément longue, il me manquerait encore du temps pour être avec lui. Alors, pourquoi attendre ? Sans savoir très bien pourquoi, soudain certaines choses me paraissaient évidentes, et passer la nuit avec Farag en était une. Je savais que, si je reculais, je me reprocherais ma peur pendant longtemps et ne pourrais plus me sentir aussi sûre de la nouvelle Ottavia. J’étais totalement amoureuse de lui, aveuglée, et je ne voyais rien de mal dans ce que je m’apprêtais à faire. Trente-neuf ans de chasteté et d’abstinence m’avaient suffi. Dieu comprendrait.
    — Je crois que le didaskalos est impatient de te rejoindre, dit l’indiscrète Zauditu. Il tourne dans sa chambre

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