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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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adversaire de Jules César, qu’il accusa, avec raison, d’être corrompu, ambitieux et manipulateur, et de vouloir régner sans opposition sur Rome, alors une république. Ils se détestaient. Pendant des années, ils ne cessèrent de lutter, l’un pour être le maître exclusif d’un grand empire, l’autre pour l’en empêcher. Quand finalement Jules César a triomphé, Caton s’est retiré à Utique où il possédait une demeure, et s’est tué d’un coup d’épée dans le ventre parce qu’il n’était pas assez lâche pour supplier César de lui laisser la vie sauve, ni assez courageux pour s’excuser auprès de son ennemi.
    — C’est curieux, fit remarquer Glauser-Röist, le nom de César deviendra par la suite le titre des empereurs romains, tandis que celui de Caton sera celui des supérieurs de notre confrérie.
    — Caton est devenu un parangon de liberté, poursuivit Farag. Sénèque par exemple écrit : « Caton a cessé de vivre avec la mort de la liberté, et la liberté a disparu avec la mort de Caton 8 . » Et Valerius Maximus se demande : « Que deviendra la liberté sans Caton 9  ? »
    — Le nom de Caton était donc synonyme d’honneur et de liberté, comme César celui de pouvoir, dis-je.
    — Effectivement, confirma le professeur en faisant remonter ses lunettes sur son nez au moment précis où j’accomplissais le même geste.
    — C’est très étrange, sans aucun doute, dit le capitaine en nous regardant l’un après l’autre.
    — Nous commençons à avoir quelques pièces intéressantes du puzzle, dis-je pour rompre le silence qui s’était installé. Mais le plus fantastique de tout, c’est ce que j’ai découvert dans la chronique du cinquième Caton.
    — De quoi s’agit-il ? demanda Farag, très intéressé.
    — Les Caton écrivaient leurs chroniques à Sainte-Catherine du Sinaï.
    — Non !
    — Je soupçonnais quelque chose de ce genre parce qu’un manuscrit comme celui-ci ne peut se composer en dehors d’un centre monastique ou d’une grande bibliothèque. Il faut couper le vélin, le perforer de trous minuscules qui indiquent le début et la fin de chaque page, le régler pour que l’écriture ne dévie pas ; il faut dessiner ou peindre les grandes lettres du début de chaque paragraphe… Bref, c’est un travail très méticuleux qui demande une certaine expertise. Sans compter le travail de reliure. Les Caton s’appuyaient donc sur les services d’un centre spécialisé et, comme le contenu était secret, il ne pouvait s’agir que d’un monastère très isolé.
    — Mais il y en a des centaines ! protesta Farag.
    — Oui, mais Sainte-Catherine a été construit sur l’ordre de l’impératrice qui a découvert la Croix. Il est logique de penser que le manuscrit était gardé là ; soit les Caton se déplaçaient jusqu’au couvent pour y écrire leurs chroniques, soit le manuscrit leur était envoyé puis repartait au monastère. Ce qui expliquerait son abandon postérieur. La confrérie cessa peut-être d’écrire des chroniques, ou un événement particulier se produisit qui les empêcha de poursuivre. D’ailleurs, Caton V explique que son voyage jusqu’à Sainte-Catherine fut hasardeux et difficile, mais que, étant déjà très âgé, il ne pouvait plus en retarder le moment.
    — Je suppose que les relations entre la confrérie et le monastère devaient être très étroites, dit Farag. Nous ne savons sans doute pas jusqu’à quel point.
    — Qu’avons-nous appris de plus ? demanda le capitaine.
    — Voyons… (Je consultai mes notes prises à la hâte à partir des rapports épais que me fournissaient mes adjoints.) Il reste encore beaucoup de pages à traduire, mais je peux vous dire qu’en général chaque Caton écrit seulement quelques lignes, même si pour certains il peut s’agir d’une page et pour d’autres plus. Mais tous, sans exception, se sont rendus à Sainte-Catherine dans les cinq ou dix dernières années de leur vie. Et, s’ils ont oublié ou n’ont pu mentionner un fait important, leur successeur le fait au début de sa chronique.
    — Combien y en eut-il au total ?
    — Je ne sais pas encore, capitaine, le service informatique n’a pas terminé de reconstituer entièrement le manuscrit, mais, jusqu’à la prise de Jérusalem en 614 par le roi Perse Chosroès II, on en compte trente-six.
    — Trente-six Caton, répéta, admiratif, le capitaine. Et que se passa-t-il au sein de la

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