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Le Dernier Maquisard

Titel: Le Dernier Maquisard Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Pecunia
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fois si nous nous loupons,
dit-il.
    Ça me paraissait juste.
    – Arrangez-vous pour qu’il en soit ainsi, intervint le
capitaine. Sinon…
    Il laissa sa phrase en suspens. Mais j’avais compris.
    Une quinzaine de jours leur avait semblé largement suffisant
pour que je sois en mesure de repérer les points d’accès les moins
surveillés du maquis.
    – Il y a toujours un point faible dans un dispositif, m’assura
le capitaine.
    Je devais également préciser le nombre de maquisards et le type
d’armement. Surtout s’ils possédaient des grenades ou des explosifs
et s’ils avaient piégé les abords du campement.
    Je n’en menais pas large et j’éprouvais des sentiments
contradictoires.
    J’ai même envisagé de dire toute la vérité au « capitaine
Marceau » quand je serais sur place. En fin de compte, c’était
le plus simple, même si ça pouvait être humiliant. Jusqu’à présent,
je n’avais trahi personne. J’avais juste eu un moment de faiblesse
et accepté de jouer ce jeu pour sauver ma peau.
    La veille de mon départ, j’y étais déterminé, mais ce foutu
capitaine boche semblait avoir pénétré mes pensées. Ou tout
simplement envisagé toutes les éventualités.
    Le soir même, il me dit, d’un ton badin :
    – Je suis sûr que vous ne me décevrez pas. Il serait dommage que
vos parents et votre petite sœur soient envoyés en Allemagne à
cause de vous, non ?
    Je me retrouvais vraiment pieds et poings liés.
    Avec amertume, je découvrais que je n’étais pas à la hauteur de
mes rêves d’héroïsme. Mais, à part Philippe, mes camarades abattus
comme du vulgaire gibier avaient-ils fait preuve d’héroïsme ?
Et même Philippe, n’était-ce pas plutôt de
l’inconscience ?
    L’instinct de survie est-il honteux, même en temps de
guerre ?
    Au final, qui a raison des morts ou des survivants ?
    J’allais trahir pour sauver ma peau. Tout comme j’avais abattu
le Feldwebel parce que c’était lui ou moi.
    Le capitaine allemand m’a conduit en camion jusqu’à une
cinquantaine de kilomètres au nord de la sous-préfecture.
    Je devais rejoindre à pied et par des chemins de traverse le
maquis « Marceau » au sud. Ce qui représentait au moins
près de soixante-dix kilomètres avec tous les détours que ça me
faisait prendre.
    Je devais arriver exténué et affamé. « Pour faire plus
vrai », avait-il dit.
    Et je suis effectivement parvenu au maquis dans un état
pitoyable après deux jours et demi de marche à mes risques et
périls et sans avoir mangé.
    Le dix-huitième jour, j’ai rencontré comme convenu le
« négociant en bois ».
    Pour une raison inconnue, les Allemands avaient renoncé à leur
objectif préalable – la capture du « capitaine Marceau ».
À présent, ils souhaitaient anéantir au plus vite le maquis et
l’attaque devait avoir lieu le lendemain même.
    À ma grande surprise, il m’a dit qu’il était venu pour en aviser
« Marceau » en personne et me demandait de le conduire
jusqu’à lui.
    Devant mon air ébahi, il m’a expliqué que le moment était venu,
pour lui, de changer de camp. Qu’après il serait trop tard.
    J’étais de plus en plus troublé et je craignais la réaction de
«  Marceau » à mon égard s’il lui révélait la vérité.
    J’ai improvisé. Je lui ai dit qu’il était momentanément absent
et que son lieutenant l’abattrait avant même de l’avoir écouté.
    Ça sembla le faire réfléchir.
    – Bon, fit-il. Je reviendrai plus tard, mais dis-lui bien que tu
tiens cette information de moi et que c’est un gage de ma bonne foi
et de mon patriotisme. Quand vous serez revenus dans les parages,
je le saurai par les Allemands et je viendrai vous rejoindre. Et ne
t’inquiète pas, je serai bien accueilli car j’ai pas mal
d’informations qui peuvent être utiles à la Résistance. Des
grandes et des petites, avait-il ajouté, comme le nom de celui
d’entre vous qui renseigne la Milice du coin.
    C’est alors que Ginette est apparue sur le chemin en vélo et
qu’il a pris congé précipitamment.
    J’étais troublé. Le « négociant » avait peut-être ses
raisons de ne pas être inquiet. Mais, si « Marceau »
apprenait mon rôle, il me ferait abattre sans hésitation pour lui
avoir joué cette comédie. Ça ne faisait pas un pli.
    Je décidai de garder l’information pour moi. Avec de la chance,
je pourrais profiter de la confusion du combat pour m’échapper.
    Mais la présence de

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