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Le Dernier Maquisard

Titel: Le Dernier Maquisard Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Pecunia
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maquisard de mon frère et pour quelle raison il
avait voulu partir au front. Il m’a écouté sans un mot et il est
resté longtemps silencieux. « Je t’aime bien, tu
sais ? » il a fini par me dire. Et il m’a demandé de
repasser le voir dès que je pourrais en me disant qu’il aurait un
« cadeau » pour moi. J’étais si intriguée que je suis
repassée le lendemain soir. Et il m’a remis cette liasse de
lettres.
    – Comme ça ?
    – Oui, comme ça. Il m’a juste dit : « C’est pour
ton frère et ça t’aidera à comprendre. » Et nous n’en avons
jamais plus reparlé. De toute façon, il est mort peu de temps
après.
    J’ai passé mon bras autour de ses épaules et nous avons sursauté
d’un même mouvement, comme pris en faute, quand une voix à l’accent
anglais a demandé :
    – On dérange pas ?
    C’était le mari de la famille anglaise qui louait pour la
semaine les anciennes étables transformées en chambres d’hôtes.
    – Je dérange, dit-il en avisant le plateau froid posé sur la
table basse et auquel nous n’avions pas touché. Vous faire
lunch
 ?
    Élise et moi avons éclaté de rire en chœur.
    L’Anglais est devenu rouge homard et nous avons ri de plus
belle.
     
     
     
     
    16
     
     
     
     
     
    Quand je suis rentré à six heures passées, Georges était dans
tous ses états.
    – Je commençais à m’inquiéter ! il m’a reproché.
    – Tu sais bien où j’étais !
    – Quoi ! t’es resté tout ce temps-là avec elle ? Mais
qu’est-ce que vous avez bien pu trouver à vous raconter ?
    – Oh ! des tas de choses ! fis-je en souriant. Mais
j’ai une faim de loup…
    – Tu n’as rien mangé depuis ce matin ? s’inquiéta
Georges.
    – Ni bu ni mangé !
    – Elle ne t’a rien offert ?
    Là, Georges s’offusquait carrément.
    – On n’a pas eu le temps, lui dis-je en le prenant par
l’épaule.
    Georges était perplexe. Il ne comprenait pas ou n’osait pas me
poser la question qui devait le titiller.
    – Il ne s’est rien passé, rassure-toi, lui dis-je.
    Georges sembla effectivement rassuré et s’empressa de déboucher
une bouteille de son vin de Loire.
    Au troisième verre, nous jugeâmes plus prudent de passer à
table.
    – C’est la ratatouille de midi, me dit Georges en un ultime
reproche, avec du porc froid.
    Au quatrième verre, Georges se rembrunit. Quelque chose semblait
le tourmenter.
    J’ai pris les devants.
    – Qu’est-ce qui te tracasse ?
    – Cette histoire…
    – Écoute, le coupai-je. Moi aussi j’y ai longuement pensé. Et je
suis arrivé à la conclusion qu’il n’y avait aucun traître parmi
nous et qu’il n’y a jamais eu de trahison quelconque.
    – Mais les archives allemandes ?
    – Ce sont des archives allemandes de l’époque, non ?
    – Oui, fit Georges en haussant les épaules.
    – Alors souviens-toi. « 
Radio-Paris
ment,
Radio-Paris
est allemand. » Eh bien, les archives
nazies, c’est pareil ! C’est de la propagande à retardement
pour laisser leur pourriture après leur départ, comme disait
Ginette.
    – Oui, mais on n’a pensé qu’aux gars du maquis, et si c’était
une des filles qui nous avait trahis ? s’entêta-t-il avec un
brin d’anxiété dans la voix.
    – Qui voudrais-tu que ce soit ! Ginette ?
Françoise ? Jeannine ?… C’est stupide, crois-moi !
Elles étaient toutes des filles épatantes.
    – Tu crois…, je veux dire tu crois vraiment ?
    Il posait sa question avec un ton de convalescent, mais je
sentais qu’il ne faudrait plus grand-chose pour qu’il se libère de
son obsession et retrouve la paix.
    – Ce n’est pas une question de croire ou de pas croire. J’en ai
la
certitude,
Georges.
    – Alors ! fit-il enfin soulagé.
    Pour être certain de l’effet bienfaisant de ma thérapie, je lui
réclamai sa fameuse « goutte » maison en fin de
repas.
    C’était un véritable tord-boyaux, mais je savais qu’elle aurait
tant sur lui que sur moi l’effet d’un somnifère bénéfique.
    Une heure plus tard, j’eus un mal fou à le traîner jusqu’à sa
chambre qui se trouvait heureusement au rez-de-chaussée.
    Quant à moi, j’eus beaucoup de peine à grimper ce putain
d’escalier jusqu’à la mienne et je m’endormis tout habillé en
travers du lit quand j’y fus enfin parvenu.

     
     
     
    17
     
     
     
     
     
    Le vendredi matin, je me suis réveillé dans un état vaseux avec
un foutu mal de tête.
    Quand j’ai pris ma montre sur la

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