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Le Dernier Maquisard

Titel: Le Dernier Maquisard Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Pecunia
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semble convaincu que le maquis a été
trahi. Enfin, jusqu’à hier. C’était d’ailleurs devenu presque une
obsession. On n’a pas cessé d’en parler…
    Je ne savais plus ce que je devais dire ou ne pas dire car je
vis à nouveau la même lueur dans le regard d’Élise.
    Elle a posé sèchement le plateau sur la table basse devant le
sofa.
    – Il a pas tort !
    – Comment ça ?
    J’étais surpris.
    – Quelqu’un informait la Milice locale, qui informait les
Allemands…
    Elle me regardait avec un air de défi.
    – C’est pas possible, du moins improbable. Aucun de nous n’a pu
trahir.
    – « Nous », c’est qui pour toi ?
    – Ben, les gars du maquis.
    Ça me semblait évident.
    – Et les filles ?
    – Quoi, les filles ?
    Je me suis rendu compte aussitôt que j’étais stupide.
    Georges et moi n’avions cessé de passer en revue les camarades
du maquis et, à aucun moment, nous n’avions soupçonné les agents
féminins. Pourtant…
    – Tu penses à qui ? j’ai dit.
    Elle m’a répondu par une question.
    – Tu es de quel côté ?
    Je ne comprenais pas. Elle l’a senti car elle s’est montrée plus
explicite.
    – Tu es prêt à entendre la vérité, quelle qu’elle
soit ?
    – Oui, j’ai fait la gorge sèche.
    – Alors tu vas l’entendre.
     
     
     
     
    15
     
     
     
     
     
     
     
    En écoutant Élise, j’imaginais la petite fille de huit ans toute
frêle blottie dans les bras de son grand frère et buvant ses
paroles.
    Riton avait dû lui parler pour se libérer et sans se douter que
la mémoire de sa petite sœur enregistrait chacune de ses phrases
malgré son jeune âge.
    À vingt-deux ans, Riton était un grand gaillard, non pas
simplet, mais sans malice et à la naïveté souvent confondante.
    Il était d’une loyauté à toute épreuve et, si le
« capitaine Marceau », son dieu vivant, lui avait ordonné
de se jeter dans le feu, il se serait exécuté sur-le-champ.
    Seulement, il était aussi amoureux fou de Ginette,
l’inaccessible Ginette.
    – Et elle était, elle, amoureuse de Georges, avais-je coupé
Élise à ce point de son récit.
    – Non. Justement, d’après Riton, elle ne l’aimait pas. Il disait
qu’elle n’aimait personne et en était incapable.
    – Mais, m’étonnai-je, quand il s’est engagé pour monter au
front, il m’a confié qu’il partait parce qu’il aimait Ginette et
que celle-ci aimait Georges…
    – C’est peut-être ce qu’il t’a raconté, mais c’était pour donner
le change.
    Riton n’était donc pas aussi naïf qu’il en avait l’air.
Pourtant, j’étais loin d’être au bout de mes surprises.
    Élise se souvenait parfaitement de ce qu’il lui avait dit la
veille de son départ. Et à elle, il disait la vérité, toute la
vérité. Toujours.
    Il partait pour cacher sa honte et ce qu’il jugeait être son
déshonneur. Pour tenter de se racheter.
    Je ne voulais pas interrompre Élise. Mais je comprenais que ce
qu’il appelait « tenter de se racheter » se traduisait en
fait, pour lui, à chercher la mort au combat. Ce qu’il ne pouvait
pas énoncer aussi brutalement devant sa petite sœur de huit
ans.
    J’étais stupéfait de découvrir comment Ginette avait mené Riton
par le bout du nez.
    Mais c’était pourtant évident. Non seulement il était amoureux
d’elle, mais il devait être ébloui par son instruction, lui qui
n’avait même pas eu son certificat d’études et travaillait déjà
durement depuis son plus jeune âge à la ferme de ses parents.
    J’ignorais – et Georges me l’avait caché – que Georgette était
sa secrétaire-estaffette depuis le début 1943 et que Ginette
n’était alors qu’un agent de liaison qui effectuait ses premières
missions.
    Ginette ne supportait pas d’être sous les ordres de Georgette,
son aînée de deux ans, et elle était jalouse de sa position auprès
du « chef ».
    Pas parce qu’il couchait avec Georgette – encore une chose que
Georges m’avait cachée –, mais parce que Ginette était ambitieuse
et ne supportait pas d’être reléguée au second plan ou à un rôle
obscur.
    – Jusqu’à sa mort, elle a eu une très haute opinion d’elle-même
et a mené son mari et ses enfants au doigt et à l’œil, ajouta
Élise.
    Alors, tout simplement, elle avait attendu son heure et s’était
débarrassée de Georgette. En utilisant Riton, bien entendu.
    Elle avait écrit une lettre anonyme et lui avait demandé de la
glisser dans la boîte

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