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Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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encore
prêtre de la flotte. J’avais l’intention de gagner le Defnascir, m’acquitter de
ma corvée et retourner aussitôt à Hamtun pour m’assurer que les travaux d’hiver
sur les douze vaisseaux étaient correctement exécutés. C’est en cette saison
que les navires sont radoubés, calfatés et nettoyés en prévision du printemps,
et cette pensée me fit songer aux Danes et à Brida. Je me demandai où elle
était, ce qu’elle faisait et si nous nous reverrions. Ragnar avait-il retrouvé
Thyra ? Kjartan était-il encore en vie ? Leur monde n’était plus le
mien, désormais, et j’étais maintenant pris dans les fils de l’existence bien
ordonnée d’Alfred.
     
    Defnascir et le comté voisin, Thornsæta, me plurent. C’étaient
toutes deux de belles terres de douces collines et de torrents, de champs
fertiles au sol riche, de hautes landes et de bons mouillages. Un homme pouvait
mener belle vie dans l’un ou l’autre, et j’aurais pu être heureux dans le
Defnascir si je ne lui avais point préféré Bebbanburg. Nous descendîmes la
vallée de l’Uisc, passant devant des champs de terre rouge bien labourés, des
villages replets et de grands châteaux, avant d’arriver à Exanceaster, capitale
du comté.
     
    — Nous venons voir l’ealdorman Odda, dit Willibald.
    — Et cela regarde ?
    — Le roi, répondit fièrement Willibald en tirant de sa
robe une lettre portant le sceau d’Alfred.
    Je doute que les gardes aient pu le reconnaître, mais ils semblèrent
suffisamment impressionnés et nous firent entrer dans une ville remplie de
bâtiments romains délabrés parmi lesquels se dressait une haute église en bois
et le château de l’ealdorman Odda.
    Après nous avoir fait attendre, Odda finit par apparaître,
suivi de son fils et d’une dizaine de courtisans. L’un de ses prêtres lut alors
à haute voix la lettre d’Alfred. Il était du bon plaisir du roi que Mildrith
soit mariée à son loyal serviteur, l’ealdorman Uhtred, et Odda recevait ordre
d’organiser la cérémonie dans les plus brefs délais. Odda ne fut guère ravi par
cette nouvelle. C’était un homme âgé, d’au moins quarante ans, aux cheveux gris
et au visage grotesquement marqué de loupes. Son fils, Odda le Jeune, s’en
réjouit encore moins.
    — Ce n’est point concevable, Père, protesta-t-il.
    — Tel est le désir du roi.
    — Mais…
    — Tel est le désir du roi !
    Odda le Jeune se tut. Il avait dix-neuf ans comme moi, il
était beau garçon, avec des cheveux noirs, et portait une élégante tunique de
même couleur et brodée de fil d’or. Un crucifix en or pendait à son cou. Il me
jeta un regard courroucé. J’étais crotté et dépenaillé, il dut me trouver aussi
appétissant qu’un chien mouillé.
    — Demain matin, annonça Odda sans entrain, l’évêque te
pourra marier. Mais tu dois payer le prix de l’épouse.
    — Payer ? répétai-je.
    Alfred n’avait rien mentionné de tel, même si c’était, bien
sûr, la coutume.
    — Trente-trois shillings, répondit Odda, arborant un
petit sourire narquois.
    C’était une fortune. Un trésor. Le prix d’un bon destrier ou
d’un navire. Je fus décontenancé et j’entendis Leofric étouffer un cri de
surprise.
    — Est-ce ce qu’a demandé le roi ? demandai-je.
    — C’est ce que je demande, répliqua Odda, car Mildrith
est ma filleule.
    Rien d’étonnant à ce qu’il sourie. Le prix était très élevé,
et si j’étais incapable de le payer, je ne pourrais épouser la fille. Odda
l’ignorait, mais si je ne me mariais pas, la flotte m’échappait.
    — Puis-je voir la dame ? demandai-je.
    — Tu le pourras à la cérémonie demain matin,
répondit-il d’un ton ferme, mais seulement si tu paies le prix. Sans quoi, non.
    Il sembla déçu lorsque j’ouvris ma bourse et lui donnai une
pièce d’or et trente-six pièces d’argent. Il parut plus déçu encore en voyant
que j’en avais bien davantage, mais il était désormais pris au piège.
    — Tu la pourras rencontrer à la cathédrale, demain.
    — Pourquoi pas maintenant ?
    — Elle est à la prière, répondit-il.
    Et sur ces mots, il nous congédia.
     
    Leofric et moi trouvâmes le coucher dans une taverne proche
de la cathédrale et, durant la nuit, je me saoulai comme un lièvre de
printemps. Je me querellai avec un inconnu et je me souviens seulement que
Leofric, qui n’était pas aussi ivre que moi, nous sépara et terrassa mon
adversaire, puis

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