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Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Danes ?
demandai-je, parlant de ses serfs et fermiers.
    — Dans les collines, mon seigneur.
    — Je me nomme Uhtred.
    — Dans les collines, Uhtred.
    — Tu n’iras point dans les collines, répliquai-je d’un
ton ferme.
    — Vraiment ? s’étonna-t-t-elle, les yeux
écarquillés et inquiète.
    — Tu viendras avec moi à Hamtun, et nous y aurons
demeure tant que je commanderai la flotte.
    Elle acquiesça, manifestement troublée, puis je lui pris la
main, déposai dans sa paume trente-trois shillings, autant que ce que j’avais
versé à Odda.
    — C’est à toi, femme, dis-je.
    Car c’est ce qu’elle était. Mon épouse. Et nous partîmes le
jour même pour l’Est, mari et femme.
    Mon histoire s’accélère, à présent. Telle une rivière qui
arrive à une chute dans les collines et, comme une cascade qui écume sur les
rocs déchiquetés, elle devient furieuse et violente, confuse, même. Car c’est
en cette année, en l’an 876, que les Danes déployèrent leurs plus grands
efforts pour anéantir le dernier royaume d’Anglie, et l’assaut fut énorme,
féroce et soudain.
    Guthrum le Malchanceux le mena. Cependant, les espions
saxons échouèrent et ne purent avertir Alfred, et l’armée dane arriva à cheval.
Les troupes d’Alfred n’étaient pas au bon endroit et Guthrum traversa la Temse
puis le Wessex, pour s’emparer d’une vaste forteresse. Elle se nommait Werham
et était sise non loin d’Hamtun. L’armée de Guthrum assaillit Werham, la prit,
viola les nonnes du couvent, et tout cela avant qu’Alfred ait pu réagir.
    Une fois dans la place, Guthrum était protégé par deux
rivières, l’une au nord de la ville et l’autre au sud. À l’est s’étendait la
vaste étendue placide de la Poole, et un solide rempart garni d’un fossé
protégeait l’ouest, unique approche possible.
    Notre flotte était impuissante. À peine apprîmes-nous que
les Danes étaient à Werham que nous nous préparâmes à prendre la mer, mais nous
n’étions pas arrivés au large que nous vîmes leurs vaisseaux.
    Guthrum avait traversé le Wessex avec près de mille
cavaliers, mais le reste de son armée arrivait par la mer et les navires
remplissaient l’horizon. Ils étaient des centaines. Certains racontèrent plus
tard qu’il y en avait trois cent cinquante, mais je pense qu’ils n’étaient
certainement pas plus de deux centaines. C’était une flotte en ordre de
bataille : proues ornées de dragons et de serpents, rames qui faisaient
écumer les flots. Nous ne pûmes que nous replier piteusement sur Hamtun en
priant que les Danes ne fassent pas voile vers nous.
    Ils ne vinrent pas et poursuivirent leur route pour
rejoindre Guthrum à Werham. Je me rappelai le conseil qu’avait donné Ragnar à
Guthrum. Diviser leurs forces. En conséquence, une autre armée dane
attendait probablement quelque part, et lorsque Alfred partirait à sa
rencontre, Guthrum surgirait de Werham et l’attaquerait à revers.
    — C’est la fin de l’Anglie, proféra sombrement Leofric.
    Il n’était pourtant guère du genre à se laisser abattre.
    Mildrith et moi avions pris demeure à Hamtun, et il dînait
avec nous la plupart des soirs. Nous prenions encore la mer, avec notre
flottille de douze navires, espérant toujours surprendre quelque vaisseau dane
isolé, mais je n’osais risquer la marine d’Alfred dans une attaque contre un
ennemi aussi puissant.
    Nous l’apprîmes plus tard, mais Guthrum attendait à Werham
qu’Halfdan lance depuis les Galles une armée composée de Norois et de Bretons.
Alors, selon Beocca, un miracle survint. Ou bien ce furent les Nornes. Le
destin est tout, car la nouvelle arriva qu’Halfdan était mort en Irlande et
que, des trois frères, il ne restait désormais plus qu’Ubba.
    Nous ignorions tout cela à Hamtun. Nous poursuivions nos
piètres expéditions et attendions la nouvelle de la seconde attaque qui
guettait le Wessex. Mais rien ne venait et, alors que les premières bourrasques
d’automne frappaient la côte, un messager d’Alfred arriva, m’enjoignant d’aller
trouver le roi. Le messager était Beocca et je fus agréablement surpris de le
voir, mais agacé qu’il me transmette l’ordre oralement :
    — Pourquoi ai-je appris à lire, demandai-je, si l’on ne
m’apporte point un ordre écrit ?
    — Tu as appris à lire, Uhtred, répondit-il avec bonne
humeur, pour élever ton esprit, bien entendu. (C’est alors qu’il vit Mildrith
et resta

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