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Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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bouche bée.) Est-ce… ? commença-t-il avant de rester le bec
cloué.
    — Dame Mildrith, répondis-je.
    — Gente dame, dit Beocca en s’étranglant et en
frétillant comme un chiot qui quémande caresse. Je connais Uhtred depuis qu’il
est tout enfant ! parvint-il enfin à articuler. Tout enfant !
    — Il est bien grand, maintenant, rétorqua Mildrith.
    Beocca trouva cela fort drôle et se répandit en
gloussements.
    — Pourquoi dois-je trouver Alfred ? demandai-je,
faisant retomber sa bonne humeur.
    — Halfdan est mort, Dieu soit loué, et aucune armée ne
viendra du Nord, Dieu soit loué ! Guthrum recherche un accord ! Les
discussions ont déjà commencé et Dieu soit loué pour cela aussi.
    Il me fit un sourire rayonnant comme s’il était responsable
de cette soudaine bonne fortune, et peut-être l’était-il, car il déclara que la
mort d’Halfdan était survenue à force de prières.
    — Maintes prières, Uhtred. Ne vois-tu pas la puissance
de la prière ?
    — Dieu soit loué, en vérité, répondit Mildrith à ma
place.
    Elle était en effet fort pieuse, mais personne n’est
parfait : elle était également grosse, mais Beocca ne le remarqua point et
je ne lui en fis point part.
    Je laissai Mildrith à Hamtun et partis à cheval avec Beocca
rejoindre l’armée saxonne. Une douzaine de soldats de la garde personnelle du
roi nous tenaient lieu d’escorte.
    — Que me veut Alfred ? ne cessais-je de répéter à
Beocca.
    Nous arrivâmes devant Werham par une froide soirée
d’automne. Alfred était en prière dans une tente qui servait de chapelle
royale, devant laquelle attendaient l’ealdorman Odda et son fils. Le premier me
jeta un regard circonspect et l’autre m’ignora. Tandis que Beocca entrait pour
se joindre à la prière, je m’assis, dégainai Souffle-de-Serpent et l’aiguisai
avec la pierre à affûter que je portais dans ma besace.
    — Tu t’attends à la bataille ? demanda Odda d’un
ton acerbe.
    — Peut-être, répondis-je en jetant un regard au fils,
puis au père. Tu dois de l’argent à mon épouse, continuai-je. Dix-huit
shillings.
    Il rougit sans mot dire. Son fils porta la main à son épée.
Cela me fit sourire et me lever, Souffle-de-Serpent à la main. Furieux, Odda
décampa en entraînant son fils.
    — Dix-huit shillings ! criai-je dans leurs dos
avant de me rasseoir et de reprendre ma tâche.
    Les femmes. Les hommes se battent pour elles, et c’était une
autre leçon à apprendre. Enfin, je pensais que les hommes luttaient pour la
terre ou le pouvoir, mais ils se battent tout autant pour les femmes. Mildrith
et moi étions étonnamment heureux ensemble, mais il était évident qu’Odda le
Jeune me haïssait de l’avoir épousée, et je me demandais s’il ne mijotait pas
quelque vengeance.
    J’ai entendu des femmes se plaindre de n’avoir aucun pouvoir
alors que les hommes dirigent le monde, mais les femmes ont cependant le
pouvoir de mener les hommes à la bataille et à la tombe.
    Telles étaient mes pensées lorsque Alfred sortit de sa
tente. Il arborait l’expression béate qu’il avait toujours au sortir de la
prière, mais il avait aussi la démarche raide, sans doute à cause d’une
nouvelle crise d’hémorroïdes. Il parut d’ailleurs fort incommodé durant le
souper. C’était un innommable brouet que j’aurais hésité à servir aux cochons,
mais il y avait suffisamment de pain et fromage pour que je ne reste pas sur ma
faim. Je notai qu’Alfred se montrait distant avec moi, remarquant à peine ma
présence, et j’attribuai cela à l’absence de véritable victoire de la flotte
durant l’été. Pourtant, il m’avait fait mander et je me demandai s’il avait
l’intention de m’ignorer encore longtemps.
    Le lendemain matin, il me convoqua après la prière et nous
fîmes les cent pas devant la tente royale au-dessus de laquelle flottait la
bannière au dragon dans le soleil d’automne.
    — La flotte, dit Alfred d’un air soucieux. Peut-elle
empêcher les Danes de quitter la Poole ?
    — Non, mon seigneur.
    — Non ? répéta-t-il sèchement. Et pourquoi ?
    — Car, mon seigneur, nous avons douze vaisseaux et ils
en ont plus de deux centaines. Nous pourrions en occire quelques-uns, mais nous
finirions par succomber sous le nombre et vous n’auriez plus de flotte alors
qu’ils posséderaient encore plus de deux cents navires.
    Alfred devait le savoir, il n’apprécia pourtant pas ma
réponse. Il fit

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