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Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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durant sa fuite.
    — Toi et moi ? demanda Leofric.
    — Non, nous allons prendrel’ Heahengel et
un équipage au complet et en armes.
    — Par ce temps ? interrogea-t-il, dubitatif.
    — Le vent faiblit, affirmai-je.
    C’était vrai. Il continuait à siffler dans le chaume et à
faire claquer les volets, mais il se calma un peu le lendemain matin. Guère,
car les eaux d’Hamtun étaient encore parsemées d’écume et de petites vagues
rageuses s’abattaient sur le rivage, laissant prévoir que la mer serait grosse
et agitée au-delà de la Solente. Mais il y avait des éclaircies entre les
nuages, le vent était passé à l’est et je n’étais pas d’humeur à attendre. Deux
des hommes d’équipage, marins de leur état, tentèrent de me dissuader de cette
expédition. Ils connaissaient ce temps, disaient-ils, l’orage allait revenir.
Mais je refusai de les croire et ils acceptèrent de venir, je le leur accorde,
tout comme le père Willibald ; c’était fort courageux de sa part,
puisqu’il détestait naviguer et n’avait jamais connu une mer aussi agitée.
    L’ Heahengel tressautait dans des gerbes d’écume et
filait. Nous passâmes au bout de Wiht les hauts rochers blancs appelés les
Nædles, et nous affrontâmes une mer démontée. Pourtant, l’ Heahengel poursuivit sa route, puis le vent fléchit et le soleil perça entre les nuages
noirs, faisant scintiller la mer. Leofric poussa soudain un cri.
    Comme moi, les Danes devaient se hâter de rejoindre Guthrum,
car la flotte tout entière quittait la Poole et contournait le cap rocheux pour
aller tout comme nous vers l’ouest. Soit ils allaient au Defnascir, soit ils
avaient l’intention de passer le Cornwalum pour retrouver Ubba aux Galles.
    — Tu veux leur chercher noise ? me demanda Leofric
d’un ton sombre.
    Je pesai sur le gouvernail pour mettre cap au sud.
    — Nous allons les contourner par le large.
    Nous avions vent en poupe et c’était un plaisir de manœuvrer
le navire sur une mer tumultueuse. Je doute qu’il était partagé par les hommes
qui devaient écoper. C’est d’ailleurs l’un d’eux, regardant à l’arrière, qui
donna l’alerte. Je me retournai et vis un grain s’annoncer au-dessus des
vagues. Une partie du ciel était noire de pluie et la tempête gagnait sur nous,
si rapide que Willibald, qui vomissait, cramponné au bastingage, tomba à
genoux, se signa et se mit à prier.
    — Abaissez la voile ! criai-je à Leofric.
    Il se précipita en titubant, mais trop tard, bien trop tard,
car la tempête s’abattait déjà sur nous comme un mur de boucliers.
    Alors qu’un instant plus tôt le soleil brillait, nous étions
maintenant comme un jouet entre les mains du diable. Le navire frémit, eau,
vent et obscurité nous enveloppèrent dans leur tourbillon, etl’ Heahengel gîta par le travers. Je ne pouvais rien faire pour le redresser et je vis
Leofric se débattre sur le pont tandis que la mer nous submergeait par tribord.
    — Écopez ! criai-je vainement. Écopez !
    C’est alors qu’avec un fracas déchirant la grand-voile fut déchiquetée
en lambeaux qui fouettèrent le pont. Le navire se redressa lentement, mais il
avait pris l’eau et je dus peser de toutes mes forces pour virer de bord.
Pendant ce temps, les hommes priaient, se signaient et écopaient, tandis que
les restes de la voile et les cordages battaient l’air comme des démons et que
la tempête hurlait. Je songeai soudain que cela aurait été un bien piètre
destin que de mourir en mer juste après que Ragnar m’eut sauvé la vie.
    Nous réussîmes malgré tout à sortir six rames et, avec deux
hommes pour chacune, nous nous enfonçâmes dans ce tourbillon bouillonnant. Nul
ordre ne fut donné, car aucune voix ne pouvait se faire entendre dans ce vent
hurlant qui fouettait la mer en faisant jaillir des panaches d’écume blanche.
D’énormes vagues se dressaient, mais l’ Heahengel les chevauchait et leur
crête menaçait de nous submerger. Je vis alors le mât trembler, ses haubans
s’écarter, je poussai vainement un cri, et l’immense tronc de pin se brisa. Le
mât cogna contre la coque et tressauta, car il était encore retenu par un
entrelacs de cordes de peau de phoque. Leofric ramassa une hache dans la cale
inondée et commença à les trancher, mais je lui criai à pleins poumons
d’arrêter. En effet, le mât, encore attaché au navire et flottant derrière nous
avec sa grand vergue et les restes de la

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