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Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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boucliers, la rame. Tu
apprendras comment honorer les dieux et tu useras de ce que tu sais pour faire
de ta vie quelque chose de bon ou de mauvais.
    — Je veux Bebbanburg.
    — Alors tu la prendras. Peut-être t’y aiderai-je, mais
pas tout de suite. Auparavant, nous irons dans le Sud, et avant cela nous
devons convaincre Odin de nous considérer avec bienveillance.
    Je ne comprenais toujours pas l’attitude des Danes envers
leur religion. Ils s’y adonnaient avec moins de passion que nous autres Angles,
mais les femmes priaient fréquemment et, parfois, un homme tuait une bête
vaillante, la consacrait aux dieux puis accrochait sa tête sanglante au-dessus
de sa porte pour indiquer qu’il y aurait chez lui un festin en l’honneur de
Thor ou d’Odin. Ce festin, même s’il s’agissait d’un acte pieux, était
identique en tout point aux autres beuveries.
    Je me souviens de la fête de Yule, celle que nous appelons
Noël, parce que Weland vint ce jour-là ; il arriva à pied, épée au côté,
arc à l’épaule, guenilles sur le dos, et il s’agenouilla respectueusement
devant la demeure de Ragnar. Sigrid le fit entrer et lui servit nourriture et
ale ; lorsqu’il eut mangé, il tint à retourner dans la neige pour attendre
Ragnar.
    Au premier abord, je trouvai que Weland ressemblait à un
serpent. Il me rappelait mon oncle Ælfric : mince, rusé et secret. Il me
déplut aussitôt, et je fus saisi par la crainte en le voyant se prosterner dans
la neige devant Ragnar.
    — Je me nomme Weland, dit-il, et je cherche un
seigneur.
    — Tu n’es plus une jeunesse, répliqua Ragnar. Pourquoi
n’as-tu point de seigneur ?
    — Il est mort, mon seigneur, lorsque son vaisseau a
sombré.
    — Qui était-il ?
    — Snorri, mon seigneur.
    — Quel Snorri ?
    — Snorri, fils d’Éric, fils de Grimm de Birka.
    — Et tu ne t’es point noyé ? demanda Ragnar en
descendant de cheval et en me confiant les rênes.
    — J’étais à terre, mon seigneur. Malade.
    — Ta famille ? Ton foyer ?
    — Je suis fils de Godfred d’Haithabu, mon seigneur.
    — Haithabu ! s’exclama Ragnar, d’une voix aigre.
Un marchand ?
    — Je suis un guerrier, mon seigneur.
    — Et pourquoi venir à moi ?
    — On dit que tu es un bon seigneur, que tu donnes des
bracelets, répondit Weland d’un ton désinvolte. Mais si tu m’éconduis, mon
seigneur, je m’adresserai à d’autres.
    — Et sais-tu te servir de ton épée, Weland
Godfredson ?
    — Comme une femme de sa langue, mon seigneur.
    Ragnar autorisa Weland à rester et l’envoya à Synningthwait
chercher un logis. Lorsque je lui déclarai que cet homme ne m’inspirait pas
confiance, il se contenta de hausser les épaules :
    — Il n’y a rien de pire pour un homme, Uhtred, que de
n’avoir point de seigneur. Ni de donneur de bracelets, ajouta-t-il en touchant
les siens.
    — Je ne lui fais pas confiance non plus, intervint
Sigrid depuis le feu où elle cuisait des galettes de froment sur une pierre,
aidée de Rorik, convalescent, tandis que Thyra filait, comme toujours. Je le
crois hors-la-loi.
    — C’est probable, concéda Ragnar, mais mon navire se
moque d’avoir des hors-la-loi pour rameurs.
    Il tendit la main vers une galette et reçut une tape de
Sigrid, car elle les préparait à l’occasion de Yule.
    La fête de Yule était la plus importante de l’année. Durant
cette semaine de ripailles, l’hydromel et l’ale coulaient à flots et
déclenchaient des rixes entre les hommes qui vomissaient dans la neige. Ceux de
Ragnar se rassemblèrent à Synningthwait et il y eut des courses de chevaux, des
tournois de lutte, de lancer de javelots, haches et rochers, ainsi que mon
préféré : deux équipes d’hommes ou de garçons tiraient une corde et
tentaient de faire choir leurs adversaires dans une rivière glacée.
    Cette année-là, je m’enivrai pour la première fois, si
terriblement que mes jambes se dérobèrent sous moi et que je restai allongé en
gémissant, la tête dans un étau, tandis que Ragnar rugissait de rire et me
faisait boire encore plus d’hydromel, tant et si bien que je finis par vomir.
Ragnar, bien sûr, remporta le concours de boisson. Ravn déclama un long poème
parlant de quelque ancien héros qui avait tué un monstre, mais j’étais trop
ivre pour m’en souvenir.
    Après la fête de Yule, Ragnar ordonna qu’on creusât une
grande fosse dans les bois. Rorik et moi débitâmes des racines à la hache

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