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Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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vie !
    — Même les femmes ?
    — Nous pourrions en épargner quelques-unes, des jeunes,
concéda Guthrum à contrecœur. Que regardes-tu, mon garçon ? me
demanda-t-il en fronçant les sourcils.
    — Votre os, seigneur, dis-je en désignant du menton la
côte à pointe dorée accrochée dans ses cheveux.
    Il y porta la main.
    — C’est l’une des côtes de ma mère, dit-il. C’était une
femme bonne et merveilleuse, et elle m’accompagne partout où je vais. Tu
pourrais rendre gloire à ma mère par un chant, Ravn. Tu l’as connue, n’est-ce
pas ?
    — Si fait, répondit Ravn sans s’émouvoir. Et assez
bien, Guthrum, pour craindre de ne point avoir assez de talent pour composer un
chant digne d’une femme aussi illustre.
    Guthrum le Malchanceux ne saisit pas la moquerie.
    — Tu pourrais t’y essayer, insista-t-il. Tu le
pourrais, et je te donnerais bien de l’or pour un beau chant.
    Je pensai qu’il était aussi fou qu’une chouette en plein
midi puis je l’oubliai, car j’aperçus au loin l’armée du Wessex.
    La bannière au dragon des Saxons flottait au sommet d’une
basse colline qui se dressait sur le chemin. Pour atteindre Æbbanduna,
dissimulée juste derrière, nous devions gravir cette côte et traverser une
crête de prairies. Peut-être pouvions-nous contourner l’ennemi. Pour nous
arrêter, il serait contraint de quitter sa position élevée.
    Halfdan rassembla les chefs danes et ils débattirent
longuement, divergeant sur la conduite à tenir. Certains voulaient attaquer la
colline et disperser l’ennemi, d’autres préféraient combattre les Saxons dans
la plaine. Finalement, Guthrum le Malchanceux les convainquit de faire les
deux. Bien entendu, cela impliquait de diviser notre armée en deux. Je trouvai
cependant l’idée excellente. Ragnar, Guthrum et les deux jarls Sidroc gagneraient
le terrain plat, menaçant donc de contourner la colline tenue par l’ennemi,
tandis qu’Halfdan, Harald et Bagseg avanceraient vers la crête. Ainsi, l’ennemi
hésiterait peut-être à attaquer Ragnar, craignant que les troupes d’Halfdan ne
le prennent à revers. Il était plus probable, déclara Ragnar, que l’ennemi
déciderait de ne pas se battre du tout et choisirait de se replier sur
Æbbanduna, où nous pourrions l’assiéger.
    — Mieux vaut qu’ils soient enfermés dans une forteresse
que de les affronter dans la nature, conclut-il d’un ton jovial.
    — Il serait encore préférable, commenta ironiquement
Ravn, de ne pas diviser l’armée.
    — Ce ne sont que Saxons, répondit négligemment Ragnar.
    Nous étions déjà l’après-midi et, comme c’était l’hiver, les
jours étaient courts. Nous n’avions donc guère de temps, même si pour Ragnar il
resterait toujours assez de clarté pour anéantir les troupes d’Æthelred. Les
hommes touchèrent leurs amulettes, baisèrent les poignées de leurs épées et
soulevèrent leurs boucliers. Un instant plus tard, nous quittions la colline
pour gagner la vallée. Une fois là, nous fûmes à demi dissimulés par les arbres
dépouillés ; mais de temps en temps j’apercevais les hommes d’Halfdan, qui
progressaient le long de la crête, et les troupes saxonnes. Le plan de Guthrum
fonctionnait, nous pouvions donc contourner l’ennemi sans encombre.
    — Ensuite, dit Ragnar, nous gravirons la colline pour
les attaquer à revers et ces gueux seront pris au piège. Nous les tuerons
tous !
    — L’un d’eux doit demeurer en vie, dit Ravn.
    — L’un d’eux ? Pourquoi ?
    — Pour raconter le massacre, bien sûr. Cherche leur
poète. Trouve-le et laisse-lui la vie.
    Ragnar éclata de rire. Puis, alors que nos troupes sortaient
d’une forêt de chênes, nous constatâmes que l’ennemi avait suivi notre exemple
et divisé son armée en deux. Une moitié attendait Halfdan sur la colline tandis
que l’autre marchait à notre rencontre.
    Alfred était à leur tête. Je le sus, car je distinguai les
cheveux roux de Beocca et un peu plus tard, durant la bataille, le long visage
inquiet du prince. Son frère, le roi. Æthelred, se tenait sur les hauteurs où,
au lieu d’attendre l’attaque d’Halfdan, il descendait vers lui. D’évidence, les
Saxons étaient impatients d’en découdre.
    Nous leur donnâmes ce qu’ils voulaient.
    Nos hommes formèrent des coins pour attaquer leur mur de
boucliers. Nous invoquâmes Odin, poussâmes notre cri de guerre et chargeâmes,
mais la ligne des Saxons ne se brisa ni

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