Le dernier templier
vertigineuse d’au moins soixante-dix mètres et devant eux, à l’autre extrémité, un petit poste de maintenance. C’était vers lui que le vieil homme les guidait.
Tout en conduisant, Reilly suivait des yeux les rives du lac et le décor. Aucun signe de vie. La forêt était dense. Les ombres pouvaient fournir une excellente couverture à quiconque ne voudrait pas être vu. Dès qu’ils avaient abordé les dernières étapes de leur itinéraire, il avait bien veillé à garder un oeil attentif au moindre détail susceptible de trahir la présence de Vance.
Car il était là. Quelque part.
L’agent du FBI avait profité de la descente pour demander au vieil homme si quelqu’un d’autre l’avait interrogé au sujet du village récemment. Quelques hasardeuses acrobaties linguistiques plus tard, il avait compris que personne n’avait posé de questions à ce propos, pour autant qu’il le sache.
Reilly continuait de guetter toute anomalie. Puis il dirigea le 4x4 vers ce qui ressemblait à un bureau de maintenance, devant lequel il s’arrêta.
Une Fiat blanche rouillée était garée devant. De là où il se trouvait, Reilly pouvait voir qu’une route arrivait par l’autre côté. Elle paraissait lisse et assez récente.
— Si c’est ce que je pense, dit-il à Tess, nous aurions pu avoir une route confortable pour venir en moitié moins de temps.
— Eh bien, quand on en aura terminé ici, sourit-elle, peut-être que nous pourrons avoir un trajet de retour agréable.
En quelques minutes, l’humeur de la jeune femme avait changé. Elle lui adressa un large sourire avant de sauter de la voiture pour suivre le vieillard. Celui-ci était en train de saluer un homme plus jeune qui venait de sortir du refuge.
Reilly attendit un moment avant de quitter son siège. Il regardait sa compagne rejoindre les deux autochtones à grandes enjambées. Elle était incorrigible. Il lui avait suggéré de transmettre immédiatement à New York ce qu’ils venaient d’apprendre. Ensuite, ils auraient pu attendre l’arrivée d’une équipe de spécialistes qui se seraient occupés de l’affaire. Il avait assuré à Tess qu’il ferait tout son possible pour que la découverte lui soit bien attribuée. Elle l’avait laissé formuler sa proposition sans sourciller, avant de l’implorer de remettre à plus tard. Il avait encore une fois fléchi devant la force de son enthousiasme. Tess avait affirmé qu’elle voulait d’abord essayer d’avancer autant que possible. Elle alla même jusqu’à lui demander avec insistance de ne pas toucher pour l’instant au téléphone satellite, au moins jusqu’à ce qu’elle ait une chance de voir par elle-même ce qu’il en était.
Tess était déjà en grande conversation avec le jeune homme, un ingénieur qui s’appelait Okan. Il était petit et mince avec d’épais cheveux noirs et une moustache fournie. Au sourire ornant le visage du jeune Turc, Reilly pouvait voir que le charme de Tess opérait et elle était déjà en train de surmonter ses réticences. L’ingénieur parlait un peu anglais, ce qui aidait aussi. Reilly écoutait avec curiosité Tess exposer qu’ils étaient archéologues et qu’ils s’intéressaient aux vieilles églises, surtout à celle qui gisait sous la surface du lac. Okan expliqua que la vallée avait été noyée en 1973 — autrement dit deux ans après que la carte en possession de Tess eut été dressée. Le complexe fournissait maintenant l’essentiel de la puissance électrique de la prospère région côtière qui s’étendait au sud.
La question suivante de Tess laissa Reilly abasourdi.
— Vous devez avoir un équipement de plongée ici, non ? Pour aller vérifier le barrage ?
Okan parut aussi surpris que l’agent du FBI.
— Oui, c’est exact, bredouilla-t-il. Pourquoi ?
— Nous voudrions vous l’emprunter.
— Vous voulez plonger pour aller à la recherche de cette église ?
Un voile de perplexité tomba sur les traits du jeune homme.
— Oui, répondit son interlocutrice. C’est un jour parfait pour ça, non ?
L’ingénieur regarda alternativement Reilly puis le vieil aubergiste.
— Nous avons des équipements de plongée, oui, mais on ne les utilise qu’une ou deux fois par an, indiqua-t-il avec hésitation. Il faudrait les vérifier. Je ne sais pas si...
Elle sauta sur l’occasion.
— Mon collègue et moi pouvons le faire. Nous avons l’habitude. On vous suit ?
Reilly la fixa d’un
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