Le dernier templier
air un peu inquiet. Sentant son regard, Tess se retourna vers lui et sourit. Son expression prouvait sa confiance totale. L’agent réfléchit à l’affirmation de son amie, qui venait de laisser entendre qu’ils étaient deux plongeurs confirmés. Il ne savait pas ce qu’il en était en ce qui la concernait, mais pour sa part il n’avait guère plus que des rudiments de formation sous-marine. Toutefois, il ne comptait pas saboter la manoeuvre de Tess — pas ici, devant ces deux étrangers. Il était curieux de voir jusqu’où sa détermination allait la conduire.
La requête mettait Okan dans une position inconfortable.
— Je ne suis pas sûr... Je ne suis pas autorisé à faire quoi que ce soit de ce genre.
— Oh, tout va bien se passer.
Son sourire désarmant rayonnait encore.
— Nous allons vous signer une décharge, naturellement, lui assura-t-elle. Tout sera entièrement sous notre responsabilité. Et, bien évidemment, nous serons très heureux de régler quelque chose à... la compagnie pour l’utilisation de cet équipement.
La pause qu’elle avait observée avant de dire la « compagnie » était bien calculée. Si elle avait été plus courte, Okan ne l’aurait sans doute pas remarquée. Plus longue, il aurait pu se sentir insulté par cette corruption éhontée.
Le petit homme étudia un moment l’Américaine. Puis sa moustache frétilla.
— Venez avec moi. Je vais vous montrer ce que nous avons.
Du bureau, un étroit escalier permettait de gagner un sous-sol poussiéreux vaguement éclairé par une lampe fluorescente qui vacillait en bourdonnant. Dans ce dépôt s’empilaient au petit bonheur tout un tas d’équipements.
Dans la lueur bleue, Reilly put distinguer un poste de soudure à l’arc, des bouteilles de gaz butane, un chalumeau oxyacétylénique et, dans le coin opposé, une série de vêtements de plongée.
Il laissa à Tess le soin de les trier. En la regardant soulever chaque pièce d’équipement, il lui sembla qu’elle savait ce qu’elle faisait.
— On ne peut pas dire que ce soit le dernier cri de la technologie, mais ça fera l’affaire, estima-t-elle.
Elle n’avait pas trouvé d’ordinateur de plongée : ils allaient devoir s’en passer. Apercevant une carte sur le mur, elle s’enquit auprès d’Okan de la profondeur du lac. Il lui répondit qu’à son avis, cela devait représenter une centaine de pieds, peut-être cent vingt {29} . Elle étudia le graphique.
— Nous n’allons pas pouvoir passer beaucoup de temps au fond. Il va falloir plonger juste au-dessus du village.
Se tournant encore une fois vers le Turc, elle lui demanda s’il connaissait un moyen de le localiser très précisément.
Le front du petit homme se plissa.
— Il faudrait que vous parliez à Rüstem, conseilla-t-il enfin. Il vivait dans le village avant son engloutissement et il n’a jamais quitté le coin. Si quelqu’un peut savoir où se trouve l’église, c’est lui.
Reilly attendit qu’Okan sorte de la pièce un moment pour se rapprocher de Tess.
— C’est de la folie. Nous devrions recourir à des professionnels.
— Tu oublies juste une chose. Je suis une professionnelle. J’ai fait ça une centaine de fois.
— Oui, mais pas de cette façon. En outre, ça ne m’enthousiasme pas trop qu’on soit tous les deux là-dessous sans personne pour garder un oeil sur ce qui se passe à la surface.
— Nous devons aller y jeter un coup d’oeil. Allez, Sean, tu as toi-même dit qu’il n’y avait personne dans les parages. Nous avons pris Vance de vitesse.
Elle se pencha vers son compagnon. L’impatience se lisait sur son visage.
— On ne peut pas s’arrêter maintenant. Pas si près du but.
— Une seule plongée alors, dit-il. Et ensuite nous appelons de l’aide.
Elle se dirigeait déjà vers la porte.
— Faisons en sorte que ça marche.
Ils remontèrent le matériel par l’escalier et l’empilèrent à l’arrière du Pajero. Okan invita Tess dans sa Fiat blanche rouillée, en demandant à Reilly de le suivre avec le vieil homme. L’agent fédéral regarda sa compagne lui adresser un clin d’oeil complice avant de rentrer ses jambes dans la petite voiture pour le plus grand plaisir de l’ingénieur.
Le 4 x 4 suivit Okan sur la route de service asphaltée. Le trajet dura à peine un kilomètre. Puis l’ingénieur pénétra à l’intérieur d’un grand terrain clôturé de chaînes et se rangea près de l’entrée.
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