Le dernier templier
Confucius. Je suis d’accord avec toi : les enseignements de Jésus sur l’amour et la fraternité devraient être la base des relations humaines. Mais était-il divin ? Peut-être a-t-il eu une sorte de vision divine ou d’illumination prophétique. Mais je ne crois pas au bric-à-brac miraculeux ni à ces contrôleurs de la pensée qui prétendent qu’ils sont les représentants exclusifs de Dieu sur terre. Je suis certaine que Jésus n’a jamais voulu que sa révolution devienne ce qu’elle est aujourd’hui. Et je ne peux pas imaginer qu’il aurait aimé cette foi dogmatique qui s’est développée en son nom. Pour moi, c’était un combattant de la liberté qui méprisait l’autorité.
— Le monde est vaste. L’Église d’aujourd’hui est ce que les hommes en ont fait au cours des siècles. C’est une grande organisation parce qu’elle doit l’être pour que ça fonctionne. Et les organisations ont besoin d’une structure de pouvoir. Comment, sinon, son message pourrait-il survivre et se répandre ?
— Mais c’est devenu si ridicule ! rétorqua-t-elle. Est-ce que tu as déjà regardé les télévangélistes ? Leur prêche est devenu un show de Las Vegas. Ils vous garantissent une place au paradis en échange d’un chèque. N’est-ce pas affligeant ? Le nombre des fidèles de l’Église est en chute libre. Pour trouver aide, réconfort et inspiration, les gens se tournent vers toutes sortes de choses, du yoga à la kabbale en passant par des livres et des groupes New Âge, simplement parce que l’Église est totalement déconnectée de la vie moderne, de ce dont on a vraiment besoin aujourd’hui...
— Évidemment, coupa Reilly en se levant, mais c’est parce que nous allons trop vite. L’Église est restée efficace pendant près de deux mille ans. Cela ne fait que quelques décennies que les choses ont changé, parce que le monde évolue à un rythme vertigineux. C’est vrai, l’Église n’a pas su suivre cette évolution et c’est un gros problème. Mais ça ne veut pas dire qu’il faut qu’on jette l’ensemble pour passer à... à quoi exactement ?
Tess fit une grimace.
— Je ne sais pas. Mais peut-être que nous n’avons pas besoin de fausses promesses célestes ou d’être menacés de l’enfer ou de la damnation pour obtenir que les gens se comportent décemment. Il serait peut-être plus sain qu’ils commencent plutôt à croire en eux-mêmes.
— Tu penses vraiment ça ?
Elle le regarda droit dans les yeux. Ces derniers étaient graves, mais paisibles. La jeune femme se contenta de hausser les épaules.
— Ça n’a aucune importance, de toute façon. Pas jusqu’à ce qu’on trouve le vaisseau naufragé et qu’on voie ce qu’il y a dans la boîte.
— Ce n’est plus de notre ressort.
Elle prit un moment avant de répondre et quand elle s’y résolut, elle avait la voix de quelqu’un qui ne comprend pas... ou ne veut pas comprendre.
— Que veux-tu dire ?
— Je suis venu chercher Vance. Ce qu’il peut y avoir là-bas n’est pas mon problème.
Tout en parlant, il savait qu’il n’était pas entièrement honnête. Mais il refoula cette pensée.
— Alors tu vas t’en aller ? gronda-t-elle en se levant avec colère.
— Allons, Tess. Que crois-tu que je vais faire ? Mettre New York entre parenthèses pendant quelques semaines, le temps d’aller plonger avec toi à la recherche d’une épave ?
Les yeux verts indignés de la jeune femme le foudroyaient.
— Je ne peux pas croire que tu dises ça. Bon sang, Sean ! Tu sais ce qu’ils vont faire s’ils découvrent où c’est ?
— Qui ?
— Le Vatican ! s’exclama-t-elle. S’ils mettent la main sur l’astrolabe et localisent le lieu du naufrage, plus personne n’en entendra jamais parler. Ils feront disparaître la preuve pour de bon, et pas pour sept cents ans cette fois, mais pour toujours.
— C’est leur vocation.
Sa voix était distante.
— Parfois, il vaut mieux laisser certaines choses enfouies, ajouta-t-il.
— Tu ne peux pas faire ça, insista-t-elle.
— Que veux-tu que je fasse ? répliqua-t-il. T’aider à draguer le fond de l’océan afin de remonter fièrement une chose pour laquelle tout le monde s’égorgera ? Il n’a fait aucun mystère de ce qu’il cherche, dit-il en pointant un doigt rageur vers Vance. Il veut abattre l’Église. Tu crois que je vais t’aider à faire ça ?
— Non, évidemment. Mais un milliard
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