Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le dernier templier

Le dernier templier

Titel: Le dernier templier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Raymond Khoury
Vom Netzwerk:
toute sa puissance, Tess ferma les yeux et aspira de longues bouffées d’air. Elle essaya d’apaiser ses angoisses. Quoi qu’il advienne, elle ne pouvait se permettre de paniquer. Elle devait trouver la force de les empêcher, Reilly et elle, de perdre leur équilibre ténu. Hormis cela, elle était impuissante. Tout ce qu’elle pouvait faire, c’était rester allongée et laisser les éléments les emporter à leur gré.
    Le radeau de fortune parut se stabiliser un moment. Tess ouvrit les yeux en se demandant si ce répit était un signe que les choses allaient en s’améliorant. Elle n’aurait pu être plus éloignée de la vérité. Une vague gigantesque les dominait, une vague à côté de laquelle celle qui avait fait chavirer le Savarona ressemblait à une naine. Elle donnait l’impression de rester suspendue au-dessus d’eux, immobile, comme si elle narguait la jeune femme.
    S’accrochant à Reilly, Tess ferma les yeux. La vague bascula sur eux et les engloutit.

79
    Toscane, janvier 1293
    Tournant le dos à la bise mordante qui soufflait du nord, Martin de Carmaux était accroupi près du petit feu. Les mugissements du vent étaient amplifiés par le grondement d’une chute d’eau qui plongeait dans les profondeurs obscures d’une étroite ravine. À côté de Martin, enveloppé dans les vestiges loqueteux d’une cape récupérée des mois plus tôt sur un mamelouk tué à Beer el-Sifsaaf, Hugues marmonnait doucement dans un sommeil agité.
    Au cours de leur interminable périple, depuis qu’ils avaient échoué sur le rivage après le naufrage du Faucon-du-Temple, Martin s’était pris d’une affection croissante pour le vieux marin. En dehors d’Aimard de Villiers, il n’avait jamais rencontré quelqu’un qui soit animé d’un plus grand sens du dévouement et d’une plus grande détermination, pour ne rien dire de son acceptation stoïque de tout ce qui pouvait lui arriver. Durant les longues et pénibles journées de leur voyage, le navigateur avait été plusieurs fois blessé au combat ou lors de chutes accidentelles. Mais il continuait de couvrir kilomètre après kilomètre sans une seule plainte.
    Du moins cela avait-il été le cas jusqu’aux tout derniers jours. Le dur hiver les avait attrapés dans ses griffes mortelles et les rafales glacées qui descendaient des chaînes de montagnes les séparant de la France commençaient à prendre leur tribut sur l’homme affaibli.
    Pendant les premières semaines après leur départ de Beer el-Sifsaaf, Martin avait décidé de ne pas séparer les quatre survivants. Il pensait que tant qu’ils restaient à portée de leurs ennemis musulmans, ils avaient besoin d’unir leurs forces.
    Cependant, après avoir quitté le territoire mamelouk, il considéra que le temps était venu d’appliquer le plan d’Aimard et ils se divisèrent en deux groupes. Les dangers auxquels ils avaient encore à faire face étaient très réels — en particulier les bandits hantant les monts de la Stara Planina {31} et une grande partie des milliers de kilomètres qui les séparaient encore des États vénitiens.
    Il avait choisi d’appliquer un plan simple. Après s’être divisés, ils chemineraient à environ une demi-journée d’écart. De cette manière, ceux qui allaient en tête pouvaient avertir ceux qui venaient derrière des dangers. Et ceux-ci pouvaient se porter à leur aide s’ils rencontraient un problème.
    « À aucun moment, avait-il insisté, la sécurité des lettres ne doit être compromise. Même si cela signifie que nous devons abandonner l’un d’entre nous à son destin. »
    Personne n’avait discuté.
    Il n’avait pas prévu la difficulté du terrain. Des montagnes, des abîmes, des rapides et des forêts denses se dressèrent en travers de leur route. Ils furent obligés de faire de nombreux détours et de s’écarter de leur itinéraire. Après leur séparation, alors qu’Hugues et lui constituaient l’équipe de tête, ils n’avaient eu qu’une fois un signe de leurs camarades, il y avait des mois de cela.
    En chemin, ils avaient perdu leurs chevaux, morts ou échangés contre de la nourriture. Et depuis des semaines, ils en étaient réduits à marcher. Plusieurs fois par nuit, alors qu’il était allongé près du feu de camp, épuisé, mais incapable de dormir, il se demandait si l’autre équipe avait eu plus de chance. Peut-être avait-elle même trouvé une route plus facile et plus sûre, et était-elle

Weitere Kostenlose Bücher