Le dernier templier
employés du gouvernement et abritaient aussi, au numéro 26, le siège du FBI à New York.
Reilly goûtait la paix qui régnait dans la pièce, contrastant avec le bruit incessant du grand espace où la plupart des agents travaillaient. En fait, le calme relatif du bureau de Jansson était à peu près le seul aspect de ce poste qui puisse vaguement le tenter.
En sa qualité de directeur de l’antenne new-yorkaise, Jansson s’était retrouvé avec une énorme charge sur les épaules au cours des dernières années. Chacun des principaux secteurs du Bureau fédéral — la drogue et le crime organisé, les meurtres, les délits financiers, le contre-espionnage et, dernier mouton noir de cet infâme troupeau, le contre-terrorisme — tournait à plein.
Jansson paraissait bâti pour cette tâche : l’homme avait la carrure imposante de l’ancien joueur de football américain qu’il était, même si, sous ses cheveux gris, son visage carré arborait désormais une expression détachée, distante. Celle-ci ne déconcertait toutefois pas longtemps ceux qui travaillaient sous ses ordres. Ils apprenaient vite qu’en dehors de l’inéluctabilité de la mort, au moins une chose était certaine dans la vie : si Jansson était de votre côté, vous pouviez compter sur lui pour dégager au bulldozer tout ce qui se présenterait en travers de votre route ; à l’inverse, si vous commettiez l’erreur de vous opposer à lui, il ne vous restait plus qu’à quitter le pays.
Le sachant proche de la retraite, Reilly comprenait que son chef ne soit pas ravi de voir ses derniers mois compliqués par un dossier aussi important que le « Metraid » -le néologisme qu’on avait trouvé pour désigner le casse du Metropolitan. En toute logique, les médias avaient bondi sur cette affaire. Ce n’était pas un vol ordinaire, mais un véritable raid de grande envergure. Les rafales de pistolets-mitrailleurs avaient visé l’élite de New York. L’épouse du maire avait été prise en otage. Un homme avait été froidement exécuté devant tout le monde, spectateurs et téléspectateurs. On ne l’avait pas simplement abattu, mais décapité, en plein Manhattan, sur la 5 e Avenue.
En direct, à la télévision.
Attendant que la réunion commence, Reilly laissa son regard errer de Jansson vers le mur où s’étalaient le drapeau national et l’écusson du Bureau.
Jansson venait de poser ses coudes sur son bureau en croisant les doigts. Il inspira une grande bouffée d’air.
— Je peux t’assurer que je vais aller dire à ces crétins à quel point ils ont déraillé, alors qu’on les avait prévenus, lui affirma Reilly.
— Je compte sur toi, lui répondit son supérieur en se penchant en avant.
Son regard intense parcourut les visages de son équipe assemblée autour de la table.
— Pas besoin de vous expliquer combien d’appels j’ai reçus, enchaîna-t-il, ni de qui ils émanaient. Dites-moi simplement où nous en sommes et où nous allons avec tout ça.
Reilly dévisagea ses camarades et prit les choses en main.
— Les premières autopsies et autres analyses ne nous indiquent aucune direction particulière. Ces types n’ont pas laissé grand-chose derrière eux en dehors des douilles et des chevaux. Avec le peu qu’ils ont pour travailler, les gars de l’ERT s’arrachent les cheveux. Quoi qu’il en soit, les douilles nous révèlent qu’ils avaient des Ml 1/9 Cobray et des mini Uzi. Rog, tes gars examinent tout ça ?
Blackburn s’éclaircit la gorge. Cette force de la nature avait récemment réussi le démantèlement du plus gros réseau de trafic d’héroïne de Harlem, avec deux cents arrestations à la clé.
— Bah, il ne s’agit que d’articles courants. Nous nous intéressons aux selles, mais je ne compte pas trop là-dessus. Pas dans un cas comme celui-ci. J’ai du mal à imaginer que des types pareils les aient achetées sur Internet.
Jansson hocha la tête.
— Et les chevaux ?
Reilly reprit :
— Rien de ce côté pour l’instant. Des hongres gris et des alezans assez communs. Nous sommes en train d’éplucher les registres de chevaux disparus et nous recherchons l’origine des selles, mais encore une fois...
— Pas de marque ou de puce ?
Avec plus de cinquante mille chevaux volés chaque année dans tout le pays, le recours à des marques d’identification s’était répandu comme à la grande époque de la conquête de l’Ouest. La méthode la plus
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