Le dernier templier
fantasmer : ils sont sortis de chez eux et ils l’ont fait en vrai. Tout ce qu’il faut espérer, c’est que ces détraqués n’aient pas lancé une mode. Mais pour te répondre, oui, je pense comme Sean que ces types n’ont pas simplement voulu faire la démonstration de leur efficacité.
Jansson revint vers Reilly.
— On dirait bien que c’est ton bébé, finalement.
L’intéressé hocha la tête. « Bébé » n’était toutefois pas le premier mot qui lui serait venu à l’esprit. Le bébé en question ressemblait davantage à un bon gros gorille.
La réunion fut interrompue par l’arrivée d’un homme frêle et d’apparence ordinaire. Plus que son costume de tweed marron, c’était son col d’ecclésiastique que l’on remarquait. Jansson se leva pour aller l’accueillir. Il lui serra la main, de son énorme poigne.
— Content que vous ayez pu venir, monsignore. Prenez un siège, je vous en prie. Mes amis, voici Mgr De Angelis, annonça-t-il à ses collaborateurs assemblés. J’ai promis à l’archevêque de lui permettre de se joindre à nous afin que nous collaborions de toutes les manières possibles.
Le directeur continua en présentant chaque participant à l’ecclésiastique. Il était exceptionnel d’autoriser un étranger à assister à une réunion aussi sensible que celle-là, mais le nonce apostolique — l’ambassadeur du Vatican aux États-Unis — s’était occupé de passer les coups de téléphone nécessaires.
L’homme approchait de la cinquantaine, estima Reilly. Ses cheveux noirs soigneusement coupés formaient des arcs parfaits autour des tempes, avec quelques filaments argentés près des oreilles. Il portait de modestes lunettes à monture métallique. Le visiteur se montrait affable, presque timide, tandis qu’on lui indiquait les noms et les fonctions des agents rassemblés autour de la table.
— Je vous en prie, je ne veux pas vous interrompre, dit-il en s’asseyant.
D’un mouvement de tête, Jansson lui fit comprendre qu’il n’en était rien.
— Pour l’instant, les éléments dont nous disposons ne nous orientent dans aucune direction, mon père. Sans vouloir préjuger de l’affaire — et il me faut insister sur le fait qu’il ne s’agit là que de conjectures —, nous étions en train de mettre en commun toutes nos idées sur l’identité possible des auteurs du hold-up.
— Je vois, répondit De Angelis.
Jansson se tourna vers Reilly. Celui-ci comprit qu’il allait devoir mettre l’ecclésiastique au courant, même si l’idée le gênait quelque peu.
— Nous étions en train de dire que nous avons manifestement affaire à autre chose qu’un simple vol à main armée dans un musée. La manière dont il a été exécuté, son déroulement, tout indique que quelque chose d’important est en jeu.
Pinçant les lèvres. De Angelis saisit ce que cette remarque impliquait.
— Je comprends.
— A priori, continua Reilly, on pourrait être tenté de penser aux fondamentalistes musulmans. Mais dans le cas présent, je suis presque certain qu’ils sont hors du coup.
— Pourquoi pensez-vous cela ? demanda le prélat. Je suis sûr que vous vous souvenez de la tempête que le pillage du musée de Bagdad a provoquée. Les réactions d’indignation, les condamnations, la colère... Cela n’a pas trop plu dans la région.
— Croyez-moi, ce que nous avons ici ne concorde pas avec leur mode opératoire. En réalité, cela n’y ressemble ni de près ni de loin. Les islamistes ont une façon d’agir typique, claire. Non seulement ils aiment revendiquer leurs actions, mais nous savons hélas qu’ils affectionnent généralement les méthodes kamikazes. En outre, je ne vous apprendrai pas qu’il serait sacrilège pour n’importe quel fondamentaliste musulman de porter un vêtement exhibant une croix.
Reilly fixa De Angelis. Celui-ci parut acquiescer.
— Naturellement, poursuivit l’agent spécial, nous allons étudier cette piste comme les autres. Mais je suis prêt à parier que la réalité est ailleurs.
— Un job de bubba.
En utilisant ce surnom politiquement incorrect, Jansson voulait désigner les poseurs de bombes sudistes.
— C’est déjà beaucoup plus probable selon moi, admit Reilly.
Les extrémistes de l’intérieur et les Américains blancs radicaux appartenaient autant à son quotidien que les terroristes de l’étranger.
De Angelis parut déconcerté.
— Bubba ?
— Les terroristes de
Weitere Kostenlose Bücher