Le dernier templier

chez nous, mon père. Des groupes aux noms ridicules comme la Fraternité du Silence. Des gens qui opèrent principalement au nom d’une idéologie de haine qu’ils appellent l’Identité chrétienne, ce qui, je le reconnais, est une perversion assez étrange du terme...
    — Je pensais que ces individus étaient des fanatiques chrétiens, observa l’ecclésiastique.
    — C’est le cas. Mais souvenez-vous que nous sommes en train de parler du Vatican, de l’Église catholique, pas du christianisme en général. Ces gens ne sont pas fanatiques de Rome, mon père. Le Vatican ne reconnaît pas une seule de leurs sectes, qui, au demeurant, n’ont rien de catholique. À juste titre, vos collègues font régulièrement savoir qu’ils n’ont pas le moindre rapport avec eux. Tout ce que ces gens ont en commun — en dehors du fait d’accuser les Noirs, les Juifs et les homosexuels d’être responsables de tous les maux de la terre —, c’est une haine des gouvernements organisés. Le nôtre en particulier, et le vôtre par association. Ils pensent que nous sommes le grand Satan — ce qui, assez curieusement, est exactement la terminologie que Khomeyni utilisait pour nous désigner et que l’on retrouve encore dans tout le monde musulman aujourd’hui. Rappelez-vous quand même que ces types ont fait sauter le bâtiment fédéral d’Oklahoma City. Des chrétiens ! Des chrétiens américains ! Et ils sont nombreux. Nous venons de mettre la main sur l’un d’eux à Philadelphie. On le recherchait depuis un moment. Il appartient à l’Église des Fils de Yahvé, une émanation du groupe Nations aryennes. Or ce type qu’on vient d’arrêter a justement été le délégué de ce dernier groupe pour les relations avec l’islam. Dans ce rôle, il a essayé de former des alliances avec des extrémistes musulmans antiaméricains après les attentats du 11 Septembre.
    — L’ennemi de mon ennemi... soupira De Angelis.
    — Exactement, approuva Reilly. Ces mecs ont une conception du monde sérieusement détraquée. Il faut simplement essayer de comprendre quelle nouvelle mission démente ils se sont attribuée.
    Un ange aux ailes sombres passa dans la pièce. Puis Jans-son reprit la parole.
    — O.K., donc c’est dans cette direction que tu veux aller.
    Imperturbable, Reilly hocha la tête.
    — Oui.
    Le directeur se tourna vers Blackburn.
    — Et toi, Rog, tu vas continuer à examiner l’angle du vol pur et simple ?
    — Absolument. Nous devons suivre les deux pistes jusqu’à ce qu’un élément nous oriente dans l’une ou l’autre direction.
    — Bien, fit Jansson. Maintenant, mon père, cela nous aiderait vraiment si vous pouviez nous fournir une liste exacte, aussi détaillée que possible, de ce qui a été volé. Des photographies en couleur, les poids, les dimensions, tout ce que vous avez. Il faut qu’on mette rapidement en place des systèmes d’alerte au cas où l’un des objets réapparaîtrait.
    — Naturellement.
    — Sur ce point précis, intervint Reilly, l’un des cavaliers semblait ne s’intéresser qu’à une seule chose : celle-ci.
    Il avait sorti l’agrandissement d’une image vidéo provenant de l’une des caméras de surveillance du musée.
    On distinguait clairement le quatrième « chevalier » tenant l’encodeur. Reilly la tendit à l’homme d’Église.
    — Le catalogue de l’exposition le présente comme un « encodeur à rotors », ajouta-t-il. Vous avez une idée de la raison pour laquelle on pourrait s’intéresser à ça plutôt qu’à l’or et aux joyaux qu’il y avait autour ?
    De Angelis ajusta ses lunettes pour étudier la photographie. Puis il secoua la tête.
    — Je suis désolé. Je ne sais pas grand-chose de ce... de cette machine. Elle doit avoir une valeur en tant que curiosité scientifique. Je ne vois que ça. Tout le monde aime faire étalage de son génie de temps en temps. Même, semble-t-il, mes frères qui ont choisi les objets à présenter dans cette exposition.
    — Eh bien, vous pourriez les interroger. Ils auront peut-être une idée... je ne sais pas... ils auront peut-être connaissance de collectionneurs qui auraient pu les contacter à ce propos antérieurement.
    — Je vais m’en occuper.
    Jansson regarda autour de lui. Tous les participants étaient immobiles et le fixaient.
    — O.K., les amis, dit-il en réunissant ses papiers. Mettons ces tarés hors d’état de nuire.
    Alors que tout le monde quittait