Le dernier templier
regard.
— En retraite... et pas par choix, si vous voyez ce que je veux dire.
Amelia Gaines se tourna vers Reilly avec un air entendu.
— Qu’a-t-il fait ? demanda-t-elle.
— Il a plongé la main dans le pot de confiture après une saisie de drogue, répondit Aparo. Je n’ai pas l’impression qu’il ait fait de la prison. On l’a simplement renvoyé de la police avec perte de sa pension.
Reilly fronça les sourcils. Les perspectives qui s’ouvraient devant lui ne l’enchantaient guère.
— Allons lui parler. Voyons comment il gagne sa vie.
24
Branko Petrovic avait beau déployer tous les efforts possibles, il ne parvenait pas à se concentrer sur son travail. Ce n’était pas trop son poste aux écuries qui posait problème. Il était loin de lui réclamer une attention de tous les instants. La plupart du temps, Petrovic nourrissait les chevaux, leur donnait de l’eau, ramassait le crottin et en profitait pour se tenir en forme. Son esprit avait tout loisir d’étudier des projets, d’évaluer des risques. Enfin, en général.
Mais aujourd’hui, c’était différent.
Le problème s’appelait Gus Waldron. Ou plutôt l’idée stupide qu’il avait eue de l’engager. On lui avait demandé de trouver quelqu’un de grand et de solide, capable de monter à cheval. Alors il avait pensé à lui. D’accord, il savait que Gus pouvait de temps en temps se montrer incontrôlable. Mais il ne s’attendait pas à ce qu’il décapite un homme à l’épée. Même ces maudits Colombiens ne faisaient pas ça. Pas en public, en tout cas.
Quelque chose ne tournait pas rond. Il avait essayé d’appeler Gus le matin même. Sans obtenir de réponse. Passant son doigt sur une vieille cicatrice de son front, il sentit la douleur qui se manifestait toujours quand quelque chose n’allait pas. « Ne fais rien qui puisse attirer l’attention », lui avait-on dit, ordonné même. Et c’était très exactement ce qu’il avait répété à Gus. Sans que ça serve à grand-chose. Maintenant, attirer l’attention était le cadet de ses soucis.
Une soudaine panique l’envahit. Il devait quitter les lieux tant qu’il le pouvait encore.
Au pas de course, il traversa les écuries et ouvrit l’une des stalles où une pouliche de deux ans un peu fougueuse lui balança sa queue au visage. Dans un coin, il y avait un grand bac au couvercle ondulé, rempli de nourriture pour les animaux. Il plongea ses mains à l’intérieur, ratissa les grains du bout des doigts et en remonta un sac. Après l’avoir soupesé un moment, il y enfonça la main et en sortit une statuette d’or scintillante représentant un cheval cabré, couvert de diamants et de rubis.
Il la contempla quelques secondes, puis fouilla de nouveau et exhuma un collier d’argent serti d’émeraudes. Dans le sac, il possédait assez de munitions pour pouvoir changer de vie. En procédant soigneusement et en prenant son temps, il savait que toutes les merveilles qui se trouvaient à l’intérieur lui suffiraient à s’acheter la propriété sur le golfe du Mexique qu’il s’était toujours promise. Un rêve qui n’avait jamais cessé de s’éloigner depuis qu’il avait été viré des forces de l’ordre...
Refermant le box, il descendit la travée entre les stalles. Il avait presque atteint la porte quand il entendit l’un des chevaux hennir et ruer sans interruption. Quelque chose lui avait fait peur. Puis un autre cheval l’imita, et encore un autre. Petrovic se retourna. Les sens en alerte, il scruta la travée sans rien voir de particulier. Mais tous les animaux s’étaient maintenant joints au vacarme.
C’est alors qu’il comprit ce qui se passait.
Une volute de fumée s’échappait d’un box vide à l’autre extrémité du bâtiment.
L’extincteur le plus proche était à mi-chemin dans l’allée. Il courut, déposa le sac au pied du poteau, décrocha le gros cylindre rouge et se dirigea vers la stalle vide. La fumée avait épaissi. Ouvrant la porte, il constata que le feu avait pris dans une botte de paille posée dans un coin. Tirant la goupille de l’extincteur, il pressa la poignée et éteignit rapidement les flammes. Soudain, il se rappela qu’il avait fini de nettoyer ce box moins d’une heure plus tôt. Il n’y avait pas de botte de paille, juste le tapis de fourrage qu’il avait étalé lui-même.
Branko se précipita hors du box. On n’entendait rien d’autre que les hennissements affolés des
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