Le dernier templier
Angelis répondit rapidement.
— Que se passe-t-il ?
— Je suis encore au cimetière. La fille...
S’interrompant, Joe Plunkett jeta un nouveau coup d’oeil sur la scène. La jeune femme était toujours étendue sur l’herbe humide.
— Elle a rencontré un type et il vient de la neutraliser avec un taser {19} .
— Quoi ?
— Je vous dis qu’elle est hors jeu. Qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? Vous voulez que je liquide le type ?
Son esprit était déjà en train de dresser un plan d’action. Le taser ne serait pas une menace. Il ne savait pas si l’homme aux cheveux gris près de la fille avait ou non d’autres armes sur lui. Mais dans tous les cas, cela ne changerait rien. Il abattrait le gars avant qu’il ait une chance de réagir, d’autant qu’il semblait seul.
Plunkett attendit l’ordre. Son coeur se préparait déjà à la course. Il pouvait presque entendre l’esprit de De Angelis fonctionner. Puis l’ecclésiastique reprit la parole d’une voix calme et maîtrisée.
— Non. Ne faites rien. Elle n’a plus d’importance. Maintenant, c’est lui la priorité. Suivez-le et surtout ne le perdez pas. J’arrive.
33
Une vague de terreur submergea Reilly, qui écoutait, l’oreille collée à son téléphone.
— Tess ? Tess !
Son appel demeura sans réponse. Puis la ligne se coupa abruptement.
Immédiatement, il appuya sur la touche Rappel automatique. Mais, après quatre sonneries, ce fut la voix enregistrée de la jeune femme qui lui répondit en demandant de laisser un message. Un deuxième rappel aboutit au même résultat.
« Quelque chose ne tourne pas rond. Vraiment pas rond. »
Il avait vu que Tess avait appelé sans laisser de message, mais elle avait déjà quitté son bureau quand il avait essayé de la contacter. Au demeurant, il ignorait jusqu’où il était prêt à pousser l’hypothèse templière. Il s’était senti mal, presque honteux d’avoir mis ce sujet sur la table — largement aidé en cela par Nick — lors de la réunion avec le reste de l’équipe et l’ecclésiastique.
De bonne heure, le matin même, il avait rappelé le bureau de Tess. Sa secrétaire, Lizzie Harding, lui avait répondu qu’elle n’était pas encore là.
« Elle a appelé pour dire qu’elle risquait d’arriver tard, avait-elle expliqué.
— Tard ? À quelle heure ?
— Elle ne l’a pas précisé. »
Quand il avait demandé le numéro du portable de Tess, il s’était entendu répondre qu’on ne pouvait pas lui donner ce genre d’information. Toutefois, la position de principe de l’institut ne compta plus quand il expliqua qu’il appartenait au FBI.
Après trois sonneries, Tess avait décroché, mais elle n’avait rien dit. Il avait simplement pu percevoir un bruit sourd, comme lorsque quelqu’un compose accidentellement un numéro mémorisé sur un portable enfoui dans une poche ou un sac. Puis il l’avait entendue crier « S’il vous plaît ! » d’un ton qui n’avait rien de rassurant.
Aussitôt après, il avait perçu une succession de bruits qu’il cherchait à comprendre ou à identifier : un claquement aigu, voire une détonation, puis des petits bruits sourds, un autre son qui ressemblait à un hurlement de douleur étouffé et un choc un peu plus sonore. Il avait crié encore une fois « Tess ! » dans le téléphone, sans obtenir davantage de réponse. Puis la ligne avait été coupée.
Le coeur battant, il regardait son téléphone, impuissant. Décidément, il n’aimait pas le ton de ce « S’il vous plaît ! ».
L’esprit en ébullition, il composa le numéro de l’institut et retomba sur Lizzie.
— C’est de nouveau l’agent Reilly. J’ai besoin de savoir où est Tess...
Il corrigea rapidement.
— ... Mme Chaykin. C’est urgent.
— Je l’ignore. Elle ne précise jamais où elle va. Tout ce qu’elle a dit, c’est qu’elle arriverait tard.
— J’ai besoin que vous alliez vérifier dans son agenda ou dans sa messagerie. Est-ce qu’elle a un agenda électronique ? Elle a peut-être un programme synchronisé avec son PDA {20} ? Elle doit avoir noté quelque chose quelque part.
— Laissez-moi une minute.
Reilly voyait son équipier lui jeter des regards intrigués.
— Qu’est-ce qui se passe ? demanda Aparo.
L’agent fédéral mit sa main sur le combiné et griffonna de l’autre le numéro du portable de Tess, qu’il tendit à son collègue.
— C’est Tess.
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