Le dernier templier

hésita, puis sortit un comprimé et l’avala avec une grande gorgée d’eau. Il remplit à nouveau son verre et elle le vida. Encore étourdie par ce qui lui était arrivé, elle dévisagea Vance, mais sa vision avait du mal à s’ajuster à la lueur des bougies.
    — Où sommes-nous ? Quel est cet endroit ?
    Son visage prit un air affligé, presque perdu.
    — Je pensais que vous auriez deviné que vous vous trouviez chez moi.
    — Chez vous ? Vous ne vivez pas ici !
    Il ne répondit pas.
    Tess avait du mal à donner du sens à ce qui se passait.
    — Que voulez-vous de moi ?
    — C’est vous qui êtes venue me trouver.
    — Je suis venue pour que vous m’aidiez à comprendre quelque chose, rétorqua-t-elle avec colère. Je ne m’attendais pas à ce que vous me tiriez dessus et me kidnappiez.
    — Calmez-vous, Tess. Personne n’a été kidnappé.
    — Ah bon ? Donc je suppose que je suis libre de m’en aller ?
    Pensif, Vance regarda ailleurs. Puis il se tourna de nouveau vers elle.
    — Peut-être que vous n’aurez plus envie de partir quand vous aurez entendu ma version de l’histoire.
    — Croyez-moi, je filerai d’ici immédiatement.
    — Eh bien... vous avez peut-être raison.
    Il semblait perdu, presque honteux.
    — Mais c’est un peu plus compliqué que ça.
    Tess sentit sa colère laisser place à la prudence.
    Jetant un nouveau coup d’oeil vers l’encodeur, elle remarqua une ouverture dans le mur contre lequel était appuyée la table. Le soupirail était petit, carré et fermé par des volets. Un espoir naquit à nouveau en elle... mais s’évanouit presque aussitôt quand elle comprit qu’il ne lui aurait pas laissé d’échappatoire. Il était peut-être dérangé, mais sûrement pas stupide.
    Comme attirés par un aimant, ses yeux se posèrent sur l’encodeur. Tout était arrivé à cause de cet objet. Elle résolut d’en apprendre davantage. Une fois calmée grâce à un immense effort de volonté, elle osa hasarder :
    — C’est un objet des Templiers, n’est-ce pas ?
    — Oui... Dire que je me suis rendu plusieurs fois dans la Bibliothèque vaticane et que tout ce temps il devait se trouver quelque part pas loin, dans un obscur caveau, croulant sous la poussière ! À mon avis, ils n’ont jamais su ce qu’ils avaient entre les mains.
    — Et après toutes ces années, il fonctionne encore ?
    — Il avait besoin d’un peu de désencrassage et d’huile. Mais oui, il fonctionne encore très bien. Les Templiers avaient des artisans méticuleux.
    Tess étudia l’objet. Elle remarqua les quelques feuilles de papier posées à côté. Elles avaient l’air de très vieux documents, comme les pages d’un manuscrit. Elle tourna la tête vers Vance, qui lui-même l’observait. Il donnait l’impression de prendre du plaisir à constater le trouble de la jeune femme.
    — Pourquoi avez-vous fait cela ? demanda-t-elle finalement. Pourquoi en aviez-vous tant besoin ?
    — Tout a commencé en France, il y a quelques années.
    Laissant son esprit dériver dans le temps et l’espace, il posa un regard mélancolique sur les vieux parchemins posés près de l’encodeur.
    — En fait, c’était peu après la mort de Martha et d’Annie. J’avais déjà quitté l’université. J’étais... Comment dire ? Perdu, et en colère. Il fallait que je m’éloigne. Alors j’ai atterri dans le sud de la France, dans le Languedoc. J’y étais déjà venu auparavant, pour des randonnées avec Martha. C’est une région magnifique. On peut facilement imaginer à quoi elle ressemblait jadis. Elle a une histoire très riche, même si une bonne partie est assez sanglante... Quoi qu’il en soit », pendant que j’étais là-bas, on m’a raconté une aventure particulière qui ne m’a plus quitté. Une histoire qui a débuté il y a plusieurs siècles. Elle parlait d’un jeune moine qui avait été appelé au chevet d’un vieil homme mourant pour lui administrer l’extrême-onction et entendre sa confession. On pensait que le vieillard était l’un des derniers Templiers survivants. Le jeune moine répondit donc à l’appel, alors que l’homme n’appartenait pas à sa congrégation et n’avait même pas demandé à le voir. À dire vrai, dans un premier temps, il aurait même refusé le secours du religieux. Finalement, il fléchit. La légende prétend qu’en ressortant le jeune moine était blanc, en état de choc. Ce n’était pas seulement son