Le dernier templier
justifier ? Vous aviez l’air de nous dire que ces types étaient les défenseurs de la Croix, les élus du pape ?
— Les temps dont nous sommes en train de parler étaient profondément religieux, précisa l’archéologue. Le diable était très vivant dans l’esprit des gens.
Autour de la table, le silence attentif l’incita à poursuivre.
— On a prétendu, par exemple, que lors de la cérémonie d’initiation des chevaliers, on leur demandait de cracher et même d’uriner sur la Croix et de renier Jésus-Christ. Leurs ennemis ne se sont pas contentés de les accuser de cela. On a aussi raconté qu’ils adoraient une sorte d’étrange démon appelé Baphomet et qu’ils pratiquaient la sodomie. Fondamentalement, ces accusations de pratiques occultes n’avaient rien d’exceptionnel : c’étaient celles qu’utilisait le Vatican quand il voulait se débarrasser d’un concurrent sur le grand terrain de la religion.
Elle risqua un regard vers De Angelis. Il arborait un air d’intérêt bienveillant, mais se taisait.
— Au cours de ces années d’emprisonnement, poursuivit Tessj ils ont confirmé nombre de ces accusations, mais leurs confessions tiennent autant debout que celles qui ont été enregistrées au moment de l’Inquisition espagnole. La menace d’introduire des pointes chauffées au fer rouge dans votre corps suffit à vous faire admettre n’importe quoi. Surtout quand vous savez qu’elle a déjà été mise à exécution sur vos amis.
De Angelis ôta ses lunettes et les essuya sur la manche de sa veste. Puis il les replaça sur son nez et adressa un morne signe de tête à la jeune femme.
Tess remit les papiers dans le dossier.
— Des centaines de templiers ont été arrêtés dans toute la France et précipités dans cette mascarade. Comme il n’y a pas eu de représailles, des dizaines d’évêques et d’abbés ont suivi le mouvement et, bientôt, tous les Templiers ont dû fuir. Leur trésor n’a jamais été retrouvé.
Elle leur parla alors des histoires de coffres d’or et de joyaux cachés dans des grottes et des lacs de toute l’Europe, ainsi que des navires templiers qui auraient quitté le port de La Rochelle la veille de ce funeste vendredi 13.
— Est-ce de cela qu’il s’agit ici ? demanda Jansson en brandissant sa copie du manuscrit codé. D’un trésor caché ?
— Content de voir le bon vieil appât du gain faire son retour dans cette affaire, plaisanta Aparo. Cela nous change des cinglés en mal d’inspiration que nous poursuivons généralement.
De Angelis se pencha en avant en s’éclaircissant la gorge.
— Leur trésor n’a jamais été retrouvé, indiqua-t-il à Jansson, voilà ce qui est généralement admis.
Le directeur tapota les feuilles de son index.
— Donc ce manuscrit pourrait être une sorte de carte au trésor que Vance serait capable de lire.
— Cela n’a aucun sens, s’interposa Tess.
Alors que tous les regards se tournaient vers elle, la jeune femme se sentit presque gênée d’avoir laissé échapper cette remarque. Mais elle interpréta l’expression de Reilly comme un encouragement et décida de poursuivre sur sa lancée.
— Si Vance en avait après l’argent, il aurait pris d’autres choses au Met.
— Exact, répondit Aparo, mais les objets présentés sont quasiment impossibles à vendre. Et d’après ce que vous nous avez dit, le trésor des Templiers doit représenter une valeur bien supérieure. En outre, on peut le vendre librement sans crainte de poursuites dès lors qu’il n’a pas été volé, mais simplement trouvé.
Tous les agents présents approuvèrent l’observation de leur collègue, mais De Angelis remarqua que Tess semblait dubitative, bien qu’elle parût soucieuse de ne pas trahir ses pensées.
— Vous n’avez pas l’air convaincue, madame Chaykin.
Elle grimaça, mal à l’aise.
— Vance avait besoin de l’encodeur pour lire le manuscrit qu’il avait découvert.
— La clé du trésor ? interrogea Jansson.
— Probablement, dit-elle en se tournant vers lui. Mais... tout dépend comment vous définissez le mot « trésor ».
— De l’or, de l’argent, des objets précieux. De quoi d’autre pourrait-il s’agir ? intervint l’ecclésiastique.
Il voulait voir si elle avait glané quelques indications auprès de Vance.
Elle secoua la tête.
— Je n’en sais rien.
De Angelis espérait qu’elle disait la vérité.
Mais elle fracassa cet
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