Le dernier vol du faucon
surpris.
- Des rumeurs de guerre circulent depuis quelque temps. Beaucoup les considèrent comme une réalité. Il est regrettable que vous ne vous soyez pas engagé plus tôt dans votre mission. »
Desfarges eut l'air mal à l'aise. «Comtesse, je l'aurais fait si je n'avais dû, au préalable, traiter une importante affaire. Pardonnez mon franc-parler mais, jusqu'à ces derniers temps, nous avions de bonnes raisons de penser que votre mari était impliqué dans le meurtre de Malthus. Naturellement, je n'y ai jamais cru moi-même, mais nombre de mes officiers ainsi que la plupart des jésuites en étaient persuadés. Vous comprendrez mes hésitations ; je ne pouvais apporter mon soutien à un homme qui n'aurait pas été, auparavant, lavé d'un tel soupçon. Je suis heureux que ce soit maintenant chose faite. »
Maria parut surprise. «Vraiment, Général? J'aimerais savoir comment vous en êtes arrivé à cette conclusion ? »
Le général la considéra avec perplexité, surpris par son scepticisme. «Une Européenne, témoin du meurtre, a identifié l'assassin.
- Mais je croyais que Somchai avait avoué qu'il travaillait pour Constant? N'a-t-il pas, d'ailleurs, été tué par la suite alors qu'il se trouvait précisément sous la garde de mon mari? Et pratiquement sous ses yeux, semble-t-il. »
Le général s'étonna à nouveau de ces insinuations. Où Maria voulait-elle en venir?
«C'est exact, comtesse. Mais le témoin, Mme Tucker, a produit depuis lors une preuve évidente de l'innocence de votre mari.
- Quel genre de preuve, Général ? demanda Maria, une moue ironique relevant les coins de sa bouche.
- Elle a découvert un document officiel révélant
que Somchai travaillait en réalité pour le compte de Petraja. »
Maria ouvrit de grands yeux. «Si longtemps après le meurtre? Puis-je vous demander d'où provient ce document ? »
C'est vraiment extraordinaire, songea Desfarges. À croire qu'elle n'a qu'une seule idée en tête: incriminer Phaulkon.
«C'est une longue histoire, comtesse, mais vois pouvez me faire confiance. Ce document est absolument authentique.» Il s'efforça de sourire poliment. «Mme Tucker a innocenté votre mari.»
Elle plissa les yeux. « Général, je ne mets pas en doute l'efficacité de votre enquête, mais je ne peux m'empt -cher de me demander si vous savez réellement qui ej t Mme Tucker. »
Le général fut immédiatement sur la défensive. «Elle a passé quelque temps au fort, comtesse. C'est une femme exquise qui, de surcroît, s'est montrée très coopérative. »
C'était donc ça. Cette vipère anglaise avait déj i réussi à tourner la tête du général. Maria le regarda durement. Elle connaissait l'indécision légendaire de Desfarges mais l'avait attribuée jusqu'ici à une prudence naturelle. Après tout, il ne pouvait avoir accédé au rang de maréchal de France sans de bonnes raisons. Manifestement, Nellie Tucker l'avait enjôlé e: Maria était déterminée à lui ouvrir les yeux.
« Mme Tucker a toutes les raisons de se montrer ser viable, Général », observa-t-elle avec un sourire pincé
Le général haussa un sourcil. «Et pourquoi cela comtesse ?
- N'oubliez pas qu'elle se trouve en pays étranger Elle a donc tout intérêt à gagner le soutien de gens aussi influents que mon mari et vous, Général.
- Je lui ai moi-même offert ma protection, comtesse, et je suis persuadé qu'elle en est digne.
- Une protection certainement très utile pour elle Général. Mais ne vous abusez pas : c'est surtout de mon mari qu'elle cherche à s'assurer les bonnes grâces.»
Elle fit une pause pour ménager ses effets. « Constant est le père de son enfant», annonça-t-elle lentement.
Le général, tout d'abord, ne comprit pas. «Je... je ne vous suis pas, comtesse. »
Elle le regarda avec un mélange de frustration et de mépris. Comment avait-il pu se laisser prendre aux ruses de cette diablesse ?
«Elle a fait tout ce chemin pour présenter son fils, Mark, à son ancien amant», dit-elle froidement.
Elle observa attentivement Desfarges et put voir la colère assombrir ses traits. Il n'était jamais agréable pour qui que ce soit de comprendre qu'on l'avait pris pour un imbécile...
«Je vous laisse le soin de juger par vous-même, Général. Quant à moi, je ne suis pas disposée à me montrer particulièrement charitable, ce qui me conduit à mettre en doute cette soi-disant preuve que Mme Tucker a fournie pour innocenter mon mari.
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