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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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petites huttes sur pilotis avant de s'écarter de la rive en direction du séminaire.
    À la vue des soldats, les paysans levèrent les yeux, abandonnèrent leur travail et, comme s'ils venaient de voir un fantôme, s'enfuirent en criant. Certains sautaient dans leurs pirogues et pagayaient pour s'éloigner au plus vite, d'autres fuyaient à pied. En quelques instants, les lieux furent totalement déserts. Lorsque le général parvint au petit village, il n'y restait plus que des chiens effrayés qui aboyaient furieusement.
    En avançant à la tête de sa petite troupe, il vit la population courir dans toutes les directions, en criant et en les montrant du doigt. La panique semblait avoir gagné le pays. Surpris, les officiers et les soldats échangèrent des regards interrogatifs, ne sachant comment interpréter tout cela.
    «Que diable se passe-t-il? demanda le général en se tournant vers Le Roy qui se trouvait juste derrière lui. C'est à croire que nous avons la lèpre!
    - Les jésuites seront peut-être en mesure de nous apporter leurs lumières, suggéra Le Roy. Ces choses-là ne se passent qu'à Ayuthia car nous n'avons rien vu de semblable le long du fleuve. »
    La longue colonne progressant en file indienne pénétra enfin à l'intérieur de l'enceinte jésuite après avoir gravi la rive. Le séminaire bourdonnait d'activité, comme d'habitude. Ici, les convertis ne s'enfuyaient pas en voyant les Français mais ils ne leur en jetaient pas moins des regards soupçonneux. Après un court échange avec le général, Beauchamp et Le Roy dirigèrent les hommes vers la chapelle tandis que Desfarges gagnait le bureau du père Ducaze.
    Le Père se leva de son bureau, manifestement heureux de le voir. Il renvoya deux jeunes convertis auxquels il était en train d'enseigner le catéchisme et offrit une chaise au militaire. Puis, voyant que celui-ci aurait du mal à y prendre place, il l'orienta vers un banc plus large.
    «Je suis enchanté de vous voir ici, Général, lui dit-il aimablement. J allais justement envoyer un émissaire au fort. Nous vivons des temps étranges.
    - Mais que diable se passe-t-il, mon Père? Tous les gens que nous avons croisés se sont enfuis à notre vue en poussant des cris. »
    Le général porta son mouchoir de soie, déjà trempé, à son front pour essuyer la sueur qui perlait à ses tempes.
    « Le bruit court que le roi est mort, expliqua som-brement Ducaze. Et, pire encore, que les Français vont s'emparer du pays. Certains de nos convertis ont déjà demandé à partir. »>
    Il jeta au général un regard anxieux. «Vous n'êtes pas accompagné de votre armée, j'espère? »
    Le général fronça les sourcils. « Eh bien, d'une fraction seulement. Quatre-vingts hommes, en fait. Ils sont à l'église pour l'instant, où ils font leurs dévotions.»
    L'anxiété du père parut augmenter. «Quatre-vingts hommes armés, murmura-t-il en faisant un signe de croix. Cela ne peut que confirmer la rumeur...
    - Mais est-il vrai que le roi est mort? demanda le général en vidant d'un trait un verre de citronnade.
    - Nous n'en savons rien. Le bruit a commencé à courir hier et les gens se rassemblent en masse devant la résidence de Chao Fa Noi, au Palais. Cela signifie qu'ils s'attendent à ce que ce soit lui qui accède au trône. Il a de plus en plus d'appuis ici, à Ayuthia. »
    Le front du jésuite se creusa de rides profondes. «Le bruit court aussi qu'une fois Piya installé sur le trône avec Phaulkon pour Barcalon, l'armée française tuera tous ceux qui refuseront de se convertir au catholicisme. » Les lèvres pincées, il regarda Desfarges comme s'il le tenait pour seul responsable. «Il faut arrêter cela, Général. Sinon, tous mes convertis vont me quitter. »
    Desfarges se gratta la tête et s'épongea de nouveau le visage. « Il est impératif que nous sachions si le roi est mort ou non.
    - J'ai envoyé le père Leblanc ce matin chez le gouverneur d'Ayuthia. Mais celui-ci n'a encore reçu aucune confirmation officielle de Louvo. Il a mandaté là-bas un de ses assistants pour s'informer. Nous attendons son retour.
    - Je dois immédiatement voir dame Phaulkon, décréta le général en se levant avec difficulté de son banc. Elle sait sûrement quelque chose.»
    Il regarda le jésuite. «Vu les circonstances, il serait imprudent que je traverse la ville avec ma troupe. Cela ne ferait qu'encourager la rumeur. Puis-je laisser mes hommes ici ? Je reviendrai dès que

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