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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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»
    Violemment ému, Phaulkon entendit le roi soupirer avant de reprendre la parole.
    « Au seuil de nos derniers jours, nous désirons que tu saches toute l'affection que nous te portons. Bien des rumeurs sont parvenues jusqu'à notre lit. Et si notre longue expérience nous a enseigné à ne pas croire tout ce que nous entendons, elle nous recommande aussi de ne pas négliger ce qu'il importe de savoir. Tu es en danger, Vichaiyen, nous en sommes convaincu. La maladie qui nous cloue dans cette chambre ne nous permet plus de diriger le pays et d'assurer ta sécurité. C'est pourquoi nos ennemis se sentent plus forts et, de jour en jour, plus téméraires. A ceux qui s'opposaient déjà à toi dans le passé s'ajoutent à présent de nouveaux adversaires qui attendent leur heure en silence. Et ils sont nombreux, mon ami. Leur jalousie les a conduits à haïr, et leur haine à chercher une revanche.
    «Tu as toujours été un fier et loyal serviteur, Vichaiyen, et il n'est pas dans ta nature d'accepter de reculer. Mais nous devons te conseiller d'agir ainsi aujourd'hui car nous sommes désormais certain que notre mort, hélas proche, sera suivie d'un grand bouleversement et que tes adversaires chercheront à t'éliminer. Il te faut partir, Vichaiyen, et gagner la France. Le roi Louis nous a donné l'assurance que tu y seras reçu avec les honneurs dus à ton rang de mandarin. Tu es encore jeune et ta descendance doit pouvoir grandir en paix. Prends avec toi tous tes biens et pars tant que tu le peux ! »
    Après cette longue tirade, le roi se tut, à bout de souffle. Bouleversé, Phaulkon mit quelque temps avant de retrouver sa voix. Comment pourrait-il abandonner un roi et un ami qui, à l'heure de la mort, ne se souciait que de la sécurité de son ami et de sa famille ?
    « Auguste et Puissant Seigneur, vos paroles ont touché votre esclave droit au cœur. Mais si je vous aban-donnais, je ne pourrais plus jamais trouver le bonheur. Car mes plus grandes joies, je les ai connues ici, à votre illustre service. Que peut-on souhaiter d'autre que d'obtenir le contrôle absolu du vaste royaume de son maître, de jouir de sa profonde amitié et de sa faveur? Un maître si bon que ni mon père ni même ma mère n 'auraient pu me témoigner une plus grande tendresse...
    - Nous nous sentons trop faible pour discuter avec toi, Vichaiyen, dit le roi lui-même très ému. Mais tu as toujours obéi à nos ordres et nous désirons, aujourd'hui, que tu quittes le Siam.
    - Auguste et Puissant Seigneur, je crains, dans ce cas, de me voir contraint de désobéir pour la première fois à un ordre royal. Si je dois mourir, ce sera aux pieds de Votre Majesté. »
    Un long silence s'installa et Phaulkon crut entendre le roi étouffer un sanglot. Puis, d'une voix que l'émotion rendait vacillante, Naraï reprit la parole.
    « Fais venir un serviteur, alors, car nous voudrions boire un peu de thé. »

Phaulkon décida de s'acquitter lui-même de cette tâche. En rampant, il s'approcha d'une petite table près du lit et saisit une tasse de thé de Chine qu'il porta aux lèvres de Naraï tout en veillant à garder les yeux baissés et la tête placée plus bas que celle du souverain. Lentement, il inclina la tasse à plusieurs reprises jusqu'à ce que le vieil homme lui fasse signe qu'il avait assez bu.
    Il allait reprendre sa place quand le roi leva une main.
    « Demeure auprès de nous, Vichaiyen. Dans ces derniers moments, nous voulons que tu connaisses la profondeur de notre affection.» Il marqua une nouvelle pause. «Tu peux... tu peux à présent contempler notre visage. »
    Phaulkon n'en crut pas ses oreilles. Une pareille faveur était sans précédent.
    Tout en se demandant s'il n'était pas en train de rêver, il leva lentement les yeux et, pour la première fois, regarda en face le maître qu'il servait depuis sept ans. C'était un visage émacié, creusé, à la peau brunâtre. Mais les yeux sombres brillaient d'une bonté qui lui chavira le cœur. C'était bien cette bonté qu'il avait toujours imaginé pouvoir y trouver. Le roi sourit et leva une main tremblante, comme pour dire que cela suffisait. Son sourire était si chaleureux que Phaulkon, tremblant et bouleversé, se prosterna profondément en signe d'allégeance et de respect.
    «Tu as vu aujourd'hui ce qu'aucun autre homme n'a pu voir avant toi, Vichaiyen. Cet immense privilège doit te faire comprendre ce que tu représentes pour nous.
    - Auguste et Puissant

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