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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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mieux pour le dissimuler. Phaulkon l'avait chargée d'une mission de première importance auprès du général français, dans l'espoir de rallier ce dernier à sa cause. Il avait dit à Sunida qu'il n'était pas trop tard pour agir, du moins tant que Petraja se terrait au monastère.
    Comme elles approchaient du fleuve, un groupe d'officiers français en uniforme les dépassa rapidement à cheval, suscitant sur leur passage une vague d'hostilité. Sunida et Nellie échangèrent un regard. Elles entendirent derrière elles un nouveau galop de cheval et, se retournant, aperçurent des cavaliers siamois armés. Manifestement, ils suivaient les Français tout en restant à bonne distance.
    Les cavaliers farangs se divisèrent soudain. Quatre d'entre eux partirent dans une direction différente. Désorientés, les Siamois s'arrêtèrent pour discuter, ne sachant que faire. Ils finirent par se séparer à leur tour. Mais les officiers farangs, excellents cavaliers, avaient pris suffisamment d'avance pour ne pas risquer d'être rattrapés.
    Prenant Nellie par la main, Sunida se mêla à la foule qui fourmillait au bord du fleuve. Des petits groupes d'hommes armés étaient accroupis le long des berges. Certains levèrent les yeux vers elles mais aucun ne leur adressa la parole. Plusieurs bateaux, encombrés de passagers et de marchandises, étaient à quai. Un flot de voyageurs, cramponnés à leurs ballots, attendaient pour embarquer. Ils formaient une longue queue sur la rive et l'on pouvait entendre leurs cris de protestation quand les bateliers, harassés, les repoussaient faute de place. Pour un passager qui débarquait, il y avait au moins trois personnes qui se précipitaient afin de le remplacer. Tous voulaient un passage pour Ayuthia.
    Le Seigneur de la Vie avait muni Sunida d'une généreuse somme d'argent, elle craignait cependant d'en faire usage pour s'épargner cette longue attente. La corruption d'un batelier n'aurait fait que susciter l'animosité d'une foule déjà nerveuse. Pourquoi doi-ner la priorité à une femme farang ?
    Tandis que Sunida réfléchissait à ce qu'elle devait faire, les officiers français, à nouveau réunis, réapp i-rurent un peu plus loin sur la rive. Apparemment, ils n'avaient eu aucun mal à se libérer de leurs poursuivants. Ils convergeaient maintenant vers le fleuve en avançant lentement, d'un air dégagé, pour ne pis attirer l'attention. Lorsqu'ils passèrent tout près des deux femmes, ils les saluèrent et Nellie crut reconnaître l'un des officiers rencontrés au fort.
    Négligeant la queue, les cavaliers parcouraient les quais à la recherche d'un bateau. Parmi les passageis qui avaient déjà embarqué, certains étaient munis de bâtons et de petits harpons pour aider les bateliers à empêcher d'autres personnes de monter à bord dans l'espoir de pouvoir partir plus vite. De nombreux bateaux tanguaient dangereusement sous la brise et, sous la charge excessive, semblaient sur le point de chavirer.
    Un peu plus haut sur la rive, un groupe de moines s'avança dans l'eau en relevant les robes safran et s<-dirigea vers une barque longue et étroite ancrée a quelque distance de là. Elle était encore presque vide, mais personne ne cherchait à y embarquer par res pect pour les saints hommes. Avec inquiétude, Sunid< vit les officiers échanger des regards en hochant h tête. Lorsque le moine de tête atteignit le flanc de la barque, tous les bateliers se prosternèrent. Au même instant, les officiers couvrirent au galop la courte distance qui les séparait du bateau en faisant jaillir des gerbes d'eau. Sautant à bas de leur monture, ils se précipitèrent vers la barque, l'épée au poing. Deux d'entre eux repoussèrent les moines qui attendaient tandis que les deux autres sautaient à bord et menaçaient les rameurs. Le moine déjà monté à bord fut contraint de débarquer sur-le-champ.
    Bien que profondément choquée par une attitude aussi sacrilège, Sunida s'empara de la main de Nellie et courut vers le bateau. Un violent coup de tonnerre
    déchira le ciel à cet instant précis, et une pluie torrentielle s'abattit sur les rives. En quelques secondes, tout le monde fut trempé.
    Terrorisés, les moines ouvrirent l'un après l'autre leurs ombrelles et s'éloignèrent en hâte, tandis que l'un des Français tenait son épée pointée sur la gorge du maître d'équipage. La foule, jusque-là muette de stupeur, réagit enfin et convergea vers le bateau en poussant

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