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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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des cris furieux. Tenant toujours Nellie par la main, Sunida courait en tête et s'inclina respectueusement en passant devant les saints hommes.
    Les Français se regroupèrent et contraignirent les rameurs de la pointe de leur épée. L'un d'eux jeta un ordre bref et tous saisirent les rames pour écarter le bateau juste au moment où Sunida arrivait à sa hauteur. Plissant les yeux sous la pluie qui tombait à verse, elle s'efforça par des gestes frénétiques de faire comprendre à Nellie qu'il fallait demander aux officiers d'attendre.
    « Arrêtez ! » cria Nellie en français tout en agitant les bras.
    Surpris, les soldats hésitèrent, les yeux fixés sur les deux femmes qui s'avançaient dans l'eau jusqu'aux cuisses. Furieuse de l'offense faite aux moines, la foule compacte approchait pour demander des comptes. Des bras puissants hissèrent les deux femmes à bord au moment où les paysans en colère n'étaient plus qu'à quelques mètres. La barque bondit en avant, laissant derrière elle la nuée hurlante.
    «Qui êtes-vous?» demanda l'officier supérieur en regardant durement Nellie dont le chapeau trempé dégoulinait en ruisseaux.
    Son ton n'était pas particulièrement amical.
    «Une amie du général Desfarges, répondit-elle en cherchant à reprendre son souffle. Je suis chargée d'une importante mission auprès de lui.»
    Les officiers semblèrent un peu calmés par cette déclaration.
    «Nous nous rendons également à Bangkok. Vous
    êtes la bienvenue.» 11 montra du doigt Sunida. < Et elle, qui est-ce? Une domestique?»
    Quel total manque d'éducation que de montrer ai isi quelqu'un du doigt, songea Sunida en se détournant avec mépris. Décidément, ces farangs étaient dépourvus du plus élémentaire savoir-vivre. Il fallait les voir jacasser et gesticuler comme des singes ! Combien Je fois n'avait-elle pas fait remarquer à son maître ces mauvaises manières, bien que pour sa part il fût nettement plus civilisé. Contrairement aux autres de ;a race, il ne faisait pas de grands gestes en parlant, sa if parfois lorsqu'il était fâché.
    Elle les écouta discuter quelques instants sans comprendre. Mais, d'après leur expression, les soldats français semblaient satisfaits des explications de Nellie.
    Ils avaient maintenant atteint le milieu du large fleuve et se mirent à naviguer rapidement, aidés par un courant puissant. Les rameurs avaient repris leur place, le visage fermé, trop effrayés pour résister. Nellie capta le regard de Sunida et, malgré la pluie torrentielle, les deux femmes échangèrent un sourire complice. Sunida se félicitait de la camaraderie qu s'installait entre elles. Quel soulagement de voir que cette femme farang l'acceptait et semblait même respecter sa position. Elle se sentait de plus en plus attachée à elle et prête à la protéger de sa vie. Après tout, Nellie Tucker était l'épouse principale de Phaulkon et, selon les mœurs siamoises, Sunida avait le devoir de l'assister en toutes choses. Un point obscur subsistait cependant: où donc se trouvait dame Maria, à présent? Elle se promit d'éclaircir cette question avec son maître à la première occasion. En attendant, elle veillerait à ce que Nellie atteigne Bangkok saine et sauve. Il était regrettable de voir des moines ainsi maltraités mais, au moins, Nellie aurait une escorte armée jusqu 'au fort.
    Malgré tout, Sunida restait préoccupée. Un grand nombre de villageois l'avait vue monter dans la barque avec les farangs. Allaient-ils penser qu'elle était de leur bord, surtout accompagnée d'une femme farang?
    Elle avait croisé leurs regards surpris quand le bateau avait pris le large. Au début, ils avaient dû penser qu'elle courait, elle aussi, pour protéger les moines. Mais ensuite... qu'avaient-ils soupçonné? Dieu merci, la forte pluie avait empêché que la situation tourne au tragique, mais les nouvelles circuleraient vite.
    Les Français étaient trop occupés à garder un œil sur l'équipage siamois pour faire beaucoup de conversation et, en dépit de l'épais rideau de pluie, ils maintinrent un train rapide jusqu'à la tombée de la nuit. Si les rameurs n'avaient pas encore fait mine de leur désobéir, dès que l'obscurité les eut enveloppés, ils se glissèrent silencieusement dans l'eau l'un après l'autre en emportant leurs rames. Enfin alertés par ce manège, les Français réagirent et parv inrent à garder la moitié des rames. Mais, à leur grand désespoir, il n'y

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