Le dernier vol du faucon
qui le portèrent doucement sur son lit. Les jeunes esclaves, terrifiées, s'étaient recroquevillées dans un coin.
Yotatep se tourna vers Petraja, méprisante
« Pourquoi ne pas nous tuer maintenant, nous autres femmes désarmées, brave soldat ? » Elle fixa sur lui un regard farouche. « Mais si vous n'en avez pas le courage, alors sortez immédiatement! »
Petraja ignora le sarcasme et ordonna à ses hommes de rengainer leurs épées. Il voyait que le roi n'avait plus longtemps à vivre et ne pouvait risquer d'être tenu pour responsable de l'issue fatale.
Il s'inclina devant les princesses. «Vos Altesses Royales, soyez assurées qu'il n'était pas dans mon
intention de manquer de respect à Sa Majesté ni à vous-mêmes. Mais on m'a informé que Vichaiyen s'était réfugié dans les appartements privés de Sa Majesté. L'avez-vous vu?
- Si tel était le cas, pensez-vous que nous vous le dirions? jeta Yotatep, furieuse, tandis que sa tante tentait de la retenir. Vos mains sont déjà souillées par le meurtre de mon oncle et je peux vous assurer que, quel qu'en soit le prix, je veillerai à ce que vos ambitions traîtresses ne se réalisent jamais. J'épouserai Piya et vous ne monterez jamais sur le trône de Siam. Maintenant, hors de ma vue, traître!
- On a dû me donner une fausse information, déclara tranquillement Petraja, ignorant l'éclat de Yotatep. Nous allons poursuivre nos recherches.»
Sur le seuil de la porte, il se retourna et salua de nouveau les princesses.
«J'espère que Sa Majesté se sentira bientôt mieux», dit-il avec impudence.
En sortant, il aperçut dans un coin la silhouette tremblante de Pra Piya et murmura quelques mots à l'un de ses hommes tandis que Piya s'enfonçait un peu plus dans l'ombre.
Quand Petraja eut quitté la chambre royale, il lui fallut prendre quelques rapides décisions. A l'intérieur de l'enceinte privée, les gardes étaient restés fidèles au roi et l'écho de cette pénible confrontation avec le Seigneur de la Vie allait bientôt se répandre comme une traînée de poudre. Le guetteraient-ils déjà quand il allait sortir? Les attaquer mettrait fin au stratagème qu'il avait pris tant de peine à monter en prétendant obéir aux ordres royaux. C'est pourquoi il avait résisté à la tentation d'entraîner immédiatement Piya au-dehors, comme il avait pourtant souhaité le faire. La déclaration de Yotatep affirmant qu'elle allait épouser ce pantin l'avait exaspéré. Une telle union augmenterait les chances de Piya de monter sur le trône, surtout si le roi vivait assez longtemps pour l'appuyer. Mais traîner dans les couloirs de l'appartement royal un Piya hurlant et se débattant aurait donné aux gardes du roi le signal de l'attaque.
Il s'occuperait de lui plus tard, dès qu'il en aurait fini avec Vichaiyen. Pour l'instant, mieux valait éviter d'affronter les gardes royaux.
En sortant du long couloir qui débouchait dans l'antichambre, il vit que plusieurs gardes bloquaient le passage. Le couloir ouvrait sur une cour intérieure proche de la porte d'entrée du saint des saints.
Petraja n'était accompagné que de six hommes et il avait en face de lui un nombre égal de gardes. Il lut l'incertitude sur leurs visages. On entendit alors s'approcher des pas précipités et la voix de Yotatep s'éleva :
«Arrêtez, Petraja! Par ordre de mon royal père!»
Petraja jura. Il lui fallait trouver sur-le-champ une échappatoire. Sans ralentir l'allure, il s'adressa au capitaine des gardes qui lui faisait face à l'extrémité du couloir.
« Le Seigneur de la Vie délire malheureusement. Il m'a pris pour un intrus.»
Il les vit de nouveau hésiter. Au même instant, ses hommes, bien entraînés, prirent l'initiative de le plaquer contre le mur, formant un demi-cercle protecteur autour de lui. Ils écartèrent les gardes et l'entraînèrent rapidement vers la cour. Quand les soldats du roi finirent par se ressaisir, il se trouvait déjà dans la cour, entouré de son escorte. Le portail du saint des saints se profilait devant lui mais d'autres gardes royaux y étaient postés. Lorsqu'ils reconnurent Petraja, ils ne surent comment agir.
«Arrêtez-le! Ne le laissez pas s'échapper!»
La voix de Yotatep avait des accents désespérés. Cette fois, les gardes n'hésitèrent plus et, tirant leur épée, attaquèrent le groupe. Trois des hommes de Petraja se retournèrent pour leur faire front tandis que les trois autres, serrés autour de leur
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