Le dernier vol du faucon
numérique. Il lui fallait donc gagner du temps en priant pour que Vasco arrive avant que Petraja ne donne l'ordre de l'attaque. Il jeta un rapide coup d'œil au corps de Phaulkon qu'ils avaient posé par terre, toujours inconscient, la tête sur leurs vestes en guise d'oreiller.
Petraja avait envoyé chercher un interprète à qui il ordonna de s'adresser aux étrangers.
«Vous n'avez aucune chance, traduisit l'homme dans un mauvais portugais, nous sommes déjà très nombreux et je peux faire venir cent gardes de plus en un instant. Nous ne désirons pas vous faire de mal. Tout ce que nous voulons, c'est votre chef Phaulkon. Vous nous le remettrez contre la clé de la porte et votre liberté. »
Joao réfléchit rapidement. Il devait faire traîner en longueur la négociation jusqu'au retour de Vasco.
« Si nous vous remettons notre chef en échange de la clé, comment pouvons-nous être certains que vous nous laisserez sortir?
- Dès que l'échange sera fait, je renverrai mes hommes. Vous demeurerez seuls dans la cour. »
Joao fit semblant de réfléchir longuement à cette offre.
«Vos hommes doivent s'en aller avant que nous vous remettions le seigneur Phaulkon.
- Ce n'est pas possible. Si vous n'acceptez pas maintenant ma proposition, j'ordonne à mes hommes de charger et vous serez écrasés sous le nombre. »
Joao chercha désespérément d'autres arguments car il savait que le temps travaillait pour lui. Il allait parler quand une voix rauque s'adressa à lui en portugais.
Malgré le ton inhabituel, il l'aurait reconnue entre toutes.
« Aide-moi à me lever, Joao. Je parlerai moi-môme à Petraja ! »
Joao se retourna en souriant. Il serait plus facile de lancer par-dessus les remparts un homme conscient qu'un corps inanimé.
«Une minute, s'il vous plaît, dit Joao à Petraja. Quelqu'un désire vous parler.»
Il se pencha et aida Phaulkon à se redresser. Chancelant, le Grec s'appuya lourdement sur l'épaule du Portugais en évitant de poser par terre son pied blessé.
«Bienvenue dans ce monde, mon Seigneur», dit Joao.
L'ombre d'un sourire apparut sur le visage livide de Phaulkon. De son pied à vif et gonflé s'écoulait un liquide sanguinolent.
«Je n'ai entendu que la fin de ton discours, Joao, mais je sais déjà que tu as fait du bon travail. »
La voix coupante de Petraja résonna. « Que se passe-t-il, encore? Mes hommes perdent patience.
- Sont-ils si désireux de mourir? rétorqua Phaulkon en siamois, d'une voix lente mais nette. Vous ne leur avez peut-être pas bien expliqué la situation. Nous avons ici vingt-cinq mousquets entre les mains de soldats qui savent s'en servir. Vingt-cinq de vos hommes mourront à la première salve et ces nouveaux mousquets se rechargent très rapidement, de sorte qu'il ne faudra pas longtemps pour en abattre vingt-cinq autres et ainsi de suite. »
Il marqua une pause. «Alors, Petraja, quels sont les hommes que vous allez sacrifier en premier?»
À un signal de Phaulkon, les vingt-cinq armes dirigées sur les Siamois balayèrent leurs rangs de leur gueule menaçante.
Il y eut une pause inquiétante avant que Petraja prenne la parole.
«Vous vous trompez, Vichaiyen. Mes gardes n'ont pas peur de vos armes et ils vous auront écrasés avant que vous n'ayez rechargé. Je peux vous garantir qu'un second assaut ne sera pas nécessaire. Tout sera fini avant même que les renforts que j 'ai demandés n'arrivent.
- Nous devons gagner du temps, mon Seigneur, murmura Joao à l'oreille de Phaulkon. Vasco devrait être de retour d'un moment à l'autre. »
Phaulkon hocha imperceptiblement la tête.
«Je ne me trompe pas, Petraja, et vous le savez. Mais je ne veux pas sacrifier tant d'hommes. Ils ne sont pas à vous, ce sont les sujets du tout-puissant Seigneur de la Vie qui est leur maître ainsi que le vôtre. Je suis prêt à me rendre pour éviter un bain de sang inutile. Mais je ne le ferai que si nous allons ensemble, vous et moi, chercher nos ordres auprès du Seigneur de la Vie.
- J'ai déjà reçu son aval, Vichaiyen. Si vous ne vous rendez pas immédiatement, je donne l'ordre de charger. »
Pendant qu'ils parlaient, d'autres hommes surgirent par le passage voûté et se massèrent dans la cour. Phaulkon jeta un regard inquiet à Joao. Les renforts évoqués par Petraja commençaient à arriver.
«Et les remparts? murmura-t-il au Portugais.
- C'est à ça que je pense, mon Seigneur. Nous aurons l'avantage de nous trouver en surplomb.
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