Le dernier vol du faucon
silence retomba.
Il attendit longtemps avant de voir le petit farang réapparaître - seul, maintenant. Avec trois de ses hommes, il repartit par le corridor conduisant aux quartiers des domestiques. Sorasak jura tout bas. Et s'ils découvraient Sunida? Les gardes allaient-ils se tenir tranquilles comme il le leur avait recommandé? Un long moment s'écoula et, à sa grande surprise, il vit revenir les trois hommes portant des balais et des seaux. Pour quoi faire ?
Après avoir rejoint le groupe qui attendait dans le hall, tous prirent la direction du fleuve.
Sorasak attendit qu'ils aient disparu, puis il sortit
de son coin et se précipita vers la porte par où la mem et Vichaiyen avaient disparu.
Lek, la petite esclave qui servait à la cuisine, n'en revenait pas d'être encore en vie. Elle tremblait au souvenir de ce que lui avait fait subir cet homme brutal et de sa fuite miraculeuse. Elle courait aussi vite qu'elle le pouvait sur ses petites jambes, sans même prendre la peine de rassembler ses pauvres biens qui l'attendaient dans sa chambre. Sans doute était-elle la dernière à quitter cette immense demeure déserte, seule survivante des infortunés serviteurs qui avaient choisi de rester. Elle les avait imités par loyauté pour son maître, le grand Barcalon, ce farang que l'on disait si bon et vers lequel elle, pauvre esclave, n'avait jamais osé lever les yeux.
Lek n'arrivait toujours pas à comprendre comment elle avait eu la chance d'être épargnée après avoir assisté au massacre impitoyable des autres. Mais elle savait qu'on avait voulu lui faire jouer le rôle d'une certaine Sunida dont elle n'avait pourtant jamais entendu parler. Oh, miséricordieux Bouddha, qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ?
Toujours en courant, elle traversa la grande cour qui précédait la maison et ouvrit la porte donnant sur la rue. Au moment où elle sortait, une main la saisit et elle vit un homme vêtu d'une tunique rouge avec un bonnet assorti, entouré d'autres hommes portant la même tenue. Des gardes du Palais! Qu'est-ce qu'ils pouvaient bien lui vouloir?
En voyant sa terreur, l'homme lui sourit gentiment.
«Ne crains rien, petite souris. Nous ne te voulons pas de mal. Juste te poser quelques questions. Viens avec nous... »
Sorasak examina avec soin la pièce autour de lui. Elle était étrangement vide et il semblait bien n'y avoir aucune autre sortie que la porte qu'il venait de franchir. Pourtant, le petit farang était ressorti seul. Où pouvaient bien se cacher les autres ?
Il fit le tour de la pièce en frappant sur les murs, à la recherche de quelque issue cachée. Les fenêtres étaient trop hautes et trop étroites pour qu'ils aient pu passer par là. Perplexe, Sorasak se gratta la tête. La pièce semblait être une salle à manger avec des petites tables un peu partout et un buffet chargé de plateaux. Il vit un grand paravent birman dans un angle et sur le sol, des tapis persans. Remarquant que l'un d'eux ne se trouvait pas exactement dans le même alignement que les autres, il se souvint avoir entendu une sorte de remue-ménage. Soudain très excité, il se pencha, souleva un coin de tapis puis, satisfait, le remit en place et se rendit vivement dans la pièce où se trouvait Sunida. D'une main, il la souleva, toujours ligotée et bâillonnée, et la jeta sur ses larges épaules en disant à ses gardes de le suivre jusqu'à la salle à manger.
Là, écartant le tapis, il tira le verrou de la trappe.
Le colonel Virawan, principal aide de camp de Petraja, avait appris de Lek, la petite esclave, tout ce qu'il voulait savoir. Quand elle avait compris qu'elle ne risquait rien, elle lui avait raconté en détail les récents événements. Après l'avoir récompensée d'une pièce d'argent et d'une petite tape dans le dos, il lui avait dit qu'elle pouvait aller où elle voulait.
Une fois Lek partie, Virawan fronça les sourcils. Le général Petraja ne serait pas content d'apprendre que Sorasak tentait d'interférer dans ses plans. Il était temps de remettre les choses en place. Il avait maintenant sous ses ordres cent hommes de la garde d'élite de Petraja et, depuis qu'on avait appris que Vichaiyen était à Louvo et non à Bangkok, des sentinelles discrètement postées autour de sa maison en surveillaient tous les accès.
Jusqu'à l'arrivée soudaine de Lek, la chance n'avait guère souri à Virawan. La maison semblait tout à fait
déserte. Aucune sentinelle n'avait été
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