Le dernier vol du faucon
dissimulé dans les herbes aquatiques et ne faisant surface que pour respirer. Il entendit de grands cris et, profitant de l'agitation, escalada la berge pour prendre des petits sentiers peu fréquentés. Il n'était pas très loin de chez lui et le coin lui était familier, aussi avança-t-il d'un bon pas tandis que sa robe mouillée séchait rapidement dans l 'air tiède du soir. Il songeait à Sunida. Elle lui manquait tellement! Que le Dieu Tout-Puissant la protège !
Après quelques recherches, il repéra le rocher fermant l'entrée du tunnel secret. S'étant assuré que personne n'était en vue, il réussit à le déplacer mais, une fois à l'intérieur, il lui fut impossible de le remettre en place. Après de longs et pénibles efforts, il put néanmoins le faire glisser de quelques centimètres afin de
masquer partiellement l'ouverture, espérant qu'avec la nuit tombante elle passerait inaperçue. C'était un risque à courir.
Il rampa dans le tunnel en se demandant s'il aurait la force de repousser le panneau de la trappe au cas où le verrou serait mis. Jusqu'ici, il y avait toujours eu quelqu'un de l'autre côté. S'il n'y parvenait pas, il ne lui resterait plus qu'à parcourir le tunnel à reculons et à tenter de repousser le bloc de pierre avec ses pieds pour agrandir le passage.
Toute la fatigue des derniers jours tomba soudain sur lui, aggravée par un fort sentiment de claustrophobie. Il s'arrêta un instant, ruisselant de sueur, puis reprit sa progression en priant Dieu de lui donner des forces.
Sorasak leva la trappe aussi doucement qu'il le put, sauta sur les marches et se redressa au milieu de la pièce, le corps tendu prêt à l'attaque. Les deux gardes Eurasiens qui se trouvaient à l'intérieur furent saisis de surprise. D'un violent coup de coude, Sorasak brisa le nez de l'un et frappa durement l'autre à l'aine avant de lui fracasser la mâchoire. Le garde s'écroula sur le sol, inanimé.
Les hommes de Sorasak s'avancèrent vivement et descendirent les marches. Celui qui portait Sunida la jeta sans ménagement à terre. Mais l'un des deux Eurasiens n'avait pas perdu conscience malgré son visage en sang. Il s'élança sur lui et le frappa rudement sur sa pomme d'Adam. Au grand émoi de sa mère, Mark s'était joint à la bagarre et tentait d'agripper Sorasak par-derrière, mais ses attaques parais saient sans effet sur le puissant cou de taureau di lutteur. Sans se retourner, le «Tigre» lança son brai derrière lui et, d'un coup vicieux, envoya valser le jeune Anglais au milieu de la pièce. Nellie se précipit a à son secours mais l'autre garde de Sorasak l'écarta brutalement avant d'immobiliser le jeune homme.
Sorasak se retourna alors pour observer la scèn
La mem sanglotait hvstériquement et le garçon - trop jeune pour être Vichaiyen, constata-t-il avec regret -se débattait furieusement.
Ses lèvres se retroussèrent en une grimace de satisfaction. Il disposait à présent de deux femmes et d'un garçon pour se distraire. De bonnes heures de plaisir en perspective. Il ordonna aux gardes de ligoter Mark et, comme il continuait à se débattre, l'un d'eux le frappa rudement et l'étendit inconscient sur le sol. Nellie se mit à hurler, mais Sorasak la gifla si violemment que ses cris s'étranglèrent dans sa gorge. Puis les gardes détachèrent Sunida et lui ôtèrent son bâillon. Dès qu'elle fut libre, elle se précipita sur Nellie et la serra dans ses bras comme une sœur. Nellie parvint à esquisser un sourire à travers ses larmes.
De plus en plus content de lui, Sorasak observait les deux femmes avec délectation. Les perspectives étaient bien meilleures qu'il ne l'avait pensé. Après avoir jeté un regard méprisant au garçon encore à demi évanoui, il expliqua à Sunida ce qu'il attendait d'elle. Si elle ne lui obéissait pas, le jeune farang serait tué. Paralysée par la peur, Sunida ne savait comment expliquer à la mem ce que cette brute lui avait ordonné. Comment lui dire que ce monstre n'hésiterait pas à tuer son fils si elle refusait de se plier à ses désirs? Comment lui faire comprendre que son peuple n'avait rien de commun avec ce débauché, ce sauvage, ce pervers, qui était pourtant le fils du Seigneur de la Vie, un être si dépravé que son père refusait de le reconnaître?
Plongée dans ses pensées, Maria parcourut à pied la faible distance qui séparait le Palais de la maison de Phaulkon. Le plan de Petraja était décidément
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