Le dernier vol du faucon
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Bouleversée, Sunida quitta la couche et s'éloigna aussi rapidement que le permettait le protocole pour regagner en hâte la maison de Phaulkon.
Ils enterrèrent Maria dans le jardin à côté de son enfant. Ce fut une cérémonie toute simple. A défaut de connaître les prières exactes, les assistants y participèrent avec leur cœur. A l'exception de Phaulkon, auquel ils avaient décidé de taire la vérité, tous se remémoraient le supplice qu'elle avait enduré.
Aussitôt après, Phaulkon prit la direction du Palais en compagnie de six robustes Indiens d'Ivatt. Ainsi que Sunida l'en avait informé, il était manifestement attendu. Bien qu'ils soient armés, les Indiens furent admis dans l'enceinte et on leur adjoignit trois gardes du Palais à l'attitude amicale et détendue.
En pénétrant dans la seconde cour intérieure, Phaulkon obliqua soudain sur sa droite avec ses hommes en direction des anciens appartements de Chao Fa Noi. Pris de court, les gardes du Palais le rattrapèrent pour lui dire qu'il se trompait de chemin. Phaulkon s'arrêta.
«Ne m'avez-vous pas dit que le Seigneur de la Vie désirait me voir? demanda-t-il poliment.
- Certes, Excellence, mais les appartements royaux sont de l'autre côté. »
Phaulkon prit un air étonné. « Dans ce cas, pourquoi m'a-t-on dit à la porte que le Seigneur de la Vie s'était installé dans les anciens appartements du prince ? »
Les gardes le dévisagèrent, perplexes. Cette attitude contredisait ouvertement les instructions qu'ils avaient reçues de Petraja. « Excellence, il doit y avoir un malentendu. Veuillez nous suivre.»
Ignorant leur requête, Phaulkon poursuivit son chemin en accélérant le pas, son escorte en cercle autour de lui. Us traversèrent des jardins, heureusement déserts, tandis que les gardes du Palais, paniqués, tournaient autour d'eux en les pressant de rebrousser chemin.
L'entrée du harem royal se profila au loin, jouxtant l'ancienne résidence de Chao Fa Noi. Les hommes au brassard rouge de la garde d'élite patrouillaient un peu partout. Affolés, les trois gardes, manifestement des hommes de Petraja, se placèrent devant Phaulkon et tirèrent leur épée. Les Indiens réagirent aussitôt et saisirent leur kriss. Le combat était inégal en nombre et en taille et, en quelques secondes, les Siamois furent massacrés.
Phaulkon fit signe de ramasser leurs cadavres et de les porter à l'entrée des appartements. Les Indiens les mirent sur leurs épaules et s'avancèrent vers les « Bras rouges» qui les observaient attentivement, prêts à dégainer à leur tour leur épée. L'un d'eux reconnut soudain Phaulkon et se précipita à terre pour se prosterner. Les autres suivirent son exemple.
Phaulkon leur demanda de faire disparaître les corps ainsi que toute trace de la lutte qui venait de se dérouler. Le capitaine des gardes rouges apparut alors et lui suggéra de renvoyer ses hommes car il était préférable qu'on ne les voie pas par ici. Trois gardes les feraient sortir par une porte latérale.
D'autres « Bras rouges», tous déférents, rejoignirent leurs compagnons et Phaulkon, se sentant en sécurité avec eux, fit comprendre de son mieux aux Indiens qu'ils devaient maintenant rejoindre leur maître.
Au nombre d'une bonne vingtaine, les « Bras rouges» escortèrent Phaulkon par un passage voûté et un long
corridor éclairé de torches qui débouchait dans une vaste pièce non meublée. Elle semblait servir d'antichambre aux gardes car Phaulkon vit plusieurs tuniques et bonnets rouges étalés par terre. Six gardes le firent entrer, tandis que les autres restaient à l'extérieur. A la grande surprise de Phaulkon, ils le prièrent, tout en éludant ses questions, d'essayer les tuniques pour trouver un costume à sa taille. Des doutes commencèrent à s'emparer de lui. Pourquoi tous ces mystères? Pourquoi ne le conduisaient-ils pas vers le Seigneur de la Vie comme Sunida avait assuré qu'ils le feraient ? Quand il réclama de nouveau avec insistance d'être introduit auprès du roi, ils détournèrent les yeux sans lui répondre mais sans manifester non plus d'hostilité. Phaulkon commençait à regretter son escorte d'Indiens.
Il se décida à suivre leurs instructions et trouva une tunique à sa taille, ce qui parut les satisfaire. Ils lui présentèrent alors un masque en le priant de l'essayer. Réalisé avec art, il reproduisait avec tant d'exactitude un visage siamois qu'on l'aurait cru
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