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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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vivant. Phaulkon s'exécuta et les gardes allaient ajuster un bonnet rouge sur sa tête quand il perdit patience et exigea d'être introduit sans délai auprès du Seigneur de la Vie. Comme ils ne faisaient pas mine de le satisfaire, il s'avança résolument et frappa l'un d'eux. Aussitôt, les autres lui maintinrent solidement les bras, tandis qu'un de leurs camarades, une petite tasse à la main, s'approcha et le força à en avaler le contenu.
    Très vite, il sentit que la tête lui tournait et il eut une rapide pensée pour les prédictions de mère Somkit. Si elle avait vu juste, il ne lui restait plus qu'un jour à vivre. Les murs de la pièce se mirent à flotter tandis qu'il luttait pour garder l'équilibre, mais ses yeux ne lui obéissaient plus et il s'écroula, inconscient.
    Après l'avoir déshabillé, les gardes l'étendirent sur le sol. Soigneusement, ils lui rasèrent les poils des bras, des jambes et de la poitrine en épongeant le sang avec un linge humide quand il leur arrivait de le couper. Puis ils lui peignirent sur le bras un brassard semblable au leur et, après l'avoir revêtu d'un panung noir et de la tunique qui leur servait d'uniforme, ils placèrent le masque sur son visage et le coiffèrent d'un bonnet rouge. Ils se reculèrent ensuite pour admirer leur travail. Impossible, à présent, de distinguer Phaulkon d'un des leurs. Ils le saisirent alors, toujours inanimé, et l'emportèrent précautionneusement le long du passage menant aux appartements de Chao Fa Noi. Ils s'arrêtèrent devant des panneaux de teck finement sculptés, frappèrent et attendirent qu'on vînt leur ouvrir. Puis ils entrèrent tête baissée et disposèrent le corps de Phaulkon devant la couche royale avant de se prosterner.
    Un visage émacié émergea d'une multitude de coussins.
    « Placez-le contre le mur et ôtez-lui son masque. Je veux voir son visage.
    - Auguste et Puissant Seigneur, nous recevons vos ordres. »
    Ils calèrent le corps inanimé de Phaulkon contre la paroi, face au lit. A présent, le Grec était tête nue et le visage à découvert. Ils placèrent alors de part et d'autre de lui deux chandelles allumées dont la flamme vacillante donnait vie à son visage inerte.
    Le Seigneur de la Vie se redressa et, aussitôt, des esclaves s'empressèrent d'empiler des coussins dans son dos. Un silence complet régnait dans la chambre où l'on n'entendait que le souffle des grands éventails agités en cadence.
    Le roi contempla longuement Phaulkon.
    « Nous voulions te voir une dernière fois, ami, dit-il enfin. Car il nous faut mourir, et il est temps pour toi de partir. Pardonne-nous de t'avoir fait endormir, mais nous savions que, conscient, tu aurais refusé d'obéir à nos vœux. Va maintenant, quitte ce pays car il n'y a plus de place pour toi au Siam. Tu nous as servi mieux que quiconque. Que le Seigneur Bouddha et ton propre Dieu te protègent à jamais. »
    Mais le Souverain de la Vie semblait ne jamais se lasser de contempler ce visage endormi. S'il n'avait
    été interdit de regarder le monarque en face, on aurait pu voir une larme couler sur ses joues.
    D'une voix à peine distincte, il murmura enfin: « Emmenez-le. »
    Quand Phaulkon reprit conscience, il était de retour dans l'antichambre des gardes, vêtu comme eux de pied en cap et portant toujours son masque. Ils l'aidèrent à se relever et à retrouver son équilibre sans tenir compte de ses protestations et de ses menaces. Souriant poliment, ils l'entraînèrent au-dehors et traversèrent la première cour - dix-neuf « Bras rouges » entourant Phaulkon, par rang de quatre. Ils l'avaient placé à la queue au milieu des plus grands dont il ne se distinguait pas. Puis ils prirent un chemin circulaire par des cours désertes et de modestes jardins jusqu'à une petite porte latérale. Respectueusement, les sentinelles s'écartèrent pour laisser sortir la garde d'élite du roi.
    Le soir tombait quand ils prirent la direction du nord, quittant la ville par des chemins détournés. Au premier village, vingt chevaux les attendaient. Ils les enfourchèrent et disparurent dans l'obscurité grandissante.
    Il faisait sombre également, ce même soir, quand Sunida se dirigea vers les docks publics de Louvo. Vêtue comme une simple paysanne, elle s'efforçait de passer inaperçue tandis que des pensées la ramenaient sans cesse à sa chère Supinda qu'elle n'allait pas tarder à revoir. Cependant, un étrange pressentiment la tenaillait. Tout

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