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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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s'était trop bien passé jusqu'ici et elle savait pertinemment que le destin n'avançait jamais dans une seule direction. Tôt ou tard, il allait se retourner contre elle.
    Elle avait vu partir Nellie et Mark pour le nord et priait pour qu'ils soient désormais en sécurité. Anek les avait fait passer par le tunnel pour les conduire dans son village, à trois heures de marche de Louvo.
    De nuit, le voyage serait plus long mais ils éviteraient ainsi les rencontres indésirables.
    Thomas Ivatt lui avait proposé de l'accompagner jusqu'à Ayuthia, mais Sunida avait refusé car une escorte farang aurait été par trop voyante. D'ailleurs Ivatt devait rester sur place pour veiller sur Sorasak qu'il comptait garder en otage jusqu'à ce qu'il soit certain que Phaulkon serait en sécurité.
    Le cœur de Sunida se gonflait d'orgueil quand elle songeait à son bien-aimé. Quelle affection le Seigneur de la Vie lui avait manifestée et quel honneur de penser que son dernier désir avait été de le mettre en sûreté ! Mais le roi avait dû recourir à un stratagème, sachant trop bien que, s'il avait eu le choix, jamais Phaulkon ne l'aurait abandonné.
    Le Seigneur de la Vie avait expliqué à Sunida qu'il n'y avait pas d'autre issue. Petraja voulait la guerre, et il avait été lui-même trop malade pour réussir à l'éviter. A présent, il était impossible de revenir en arrière. Les canons farangs détruisaient tout ce qui naviguait sur le fleuve au large de Bangkok, et la position retranchée des Français dans le fort leur assurait la maîtrise de la plus importante voie d'eau commerciale desservant Ayuthia. Le général français pouvait tenir plusieurs mois, le temps de recevoir des renforts, ou de parvenir à un accord si les deux parties se lassaient de la guerre. Quoi qu'il arrive, il n'y avait dorénavant plus de place au Siam pour Phaulkon. Il ne pourrait jamais atteindre Bangkok et, même s'il y parvenait, rien ne pourrait plus modifier le cours des événements. Les dés étaient jetés. Il était jeune et pouvait encore construire une autre vie ailleurs. L'existence n'était-elle pas une suite ininterrompue de cycles ?
    Plongée dans ses pensées, Sunida suivait la rive du fleuve. L'embarcadère était maintenant en vue, et elle pria pour y trouver encore un bateau à cette heure tardive. Heureusement, elle ne manquait pas d'argent car le Seigneur de la Vie avait été généreux envers elle. Au moment où elle passait à côté d'un grand arbre à pluie, une silhouette se détacha de l'ombre. Sa gorge se serra. Etait-ce le coup du sort qu'elle redoutait? Oh Seigneur Bouddha, pria-t-elle, faites que je puisse revoir ma petite Supinda !
    A la lueur argentée de la lune, elle vit le visage marqué de petite vérole et, le cœur serré, reconnut le colonel Virawan.
    «Tu es Sunida, n'est-ce pas? Où vas-tu?»
    Elle s'efforça de répondre avec naturel. «Je me rends à Ayuthia, Seigneur.
    - Vraiment? Attends que je devine pourquoi. Tu vas voir ta fille, hein? Est-ce qu'elle ne s'appellerait pas Supinda, par hasard ? »
    Un froid glacial envahit Sunida. Que savait-il d'autre encore? On aurait dit qu'il lisait dans ses pensées.
    «Sunida. Il n'y a guère de choses que nous ignorons. Nous avons épié tous tes mouvements. Si tu as pu circuler librement jusqu'ici, c'est parce que tu nous étais utile. Mais je peux t'épargner ce voyage. Ta fille n'est plus à Ayuthia. Elle se trouve ici, à Louvo, sous la garde du général Petraja, et son sort dépendra de l'aide que tu nous apporteras. Je t'arrête. Tu vas maintenant m'accompagner au Palais. »
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    Dès que le messager prosterné lui eut communiqué les terribles nouvelles, le Seigneur de la Vie lui ordonna d'aller immédiatement en informer le seigneur Thomas Ivatt, expliquant comment trouver la cachette secrète de l'Anglais.
    Puis il se leva et demanda qu'on apporte ses vêtements de cérémonies. Les serviteurs échangèrent des regards stupéfaits devant cette requête inattendue.
    «Eh bien, qu attendez-vous ? » lança le roi d'un ton sec.
    Omun, Premier Gentilhomme de la Chambre royale, ne se le fit pas répéter une deuxième fois.
    « Auguste et Puissant Seigneur, je reçois vos ordres. »
    Il rampa vivement hors de la chambre et se précipita dans une pièce voisine pour préparer l'apparat royal.
    Quelques instants plus tard, trois esclaves prosternés de chaque côté du roi pouvaient admirer le superbe panung de soie bleue tout brodé d'or

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