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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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le prince droit dans les yeux. «Votre Altesse, je suis venu ici aujourd'hui pour vous offrir mon aide. Voyez-vous, je suis un traditionaliste et, de ce fait, bien peu enclin à accepter qu'un roturier accède au trône de ce pays à l'histoire millénaire. Surtout lorsque ce prétendant abusif promet d'abandonner notre antique foi bouddhiste pour embrasser les croyances étroites des farangs. »
    Le prince tenta de dissimuler son excitation croissante.
    «Vous éveillez en moi un espoir nouveau, Général. - Je ne puis, hélas, m'attarder dans ce palais, aussi je serai bref. Pardonnez la liberté de mes paroles, mais si vous deviez répéter un seul mot de cet entretien, je me verrais dans l'obligation de vous contredire et de vous retirer mon appui. »
    Le prince sourit. «Il ne serait guère dans mon intérêt d'agir ainsi, Général.»
    Petraja s'inclina. «Vous êtes l'héritier légitime du roi, Altesse, et le seul prétendant au trône.»
    Chao Fa Noi rayonna. «Si je devais retrouver la position qui m'est due, j'aurais besoin des services d'un Barcalon sur la loyauté duquel je puisse compter. Un homme tel que vous, en somme.»
    Le général s'inclina à son tour. «Je ne songe qu'au bonheur du Siam, Altesse.» Il fit une pause. «Vous recevrez de temps à autre de mes nouvelles signées "Davvee". Si je fais allusion à la santé de ma sœur, sachez que je parlerai en réalité du roi. Lorsque je vous informerai que l'état de ma sœur s'est détérioré et qu'il n'y a plus de remède, le moment sera venu pour vous de sortir de l'ombre. Je vous ferai signe en temps voulu. Vous découvrirez alors que vous avez de nombreux soutiens au sein de notre population et que... »
    Petraja s'interrompit tout à coup et le prince, surpris, vit son regard braqué sur le grand paravent japonais. Profitant d'un rayon de soleil qui venait de se glisser par la fenêtre ouverte, ses yeux perçants avaient capté le mouvement fugitif d'une ombre derrière le paravent.
    Petraja continua à parler comme si de rien n'était tout en se déplaçant sur le côté pour voir ce qui se cachait là. Les yeux écarquillés, le prince le regardait sans réagir. Soudain, Petraja bondit, les bras tendus, et plongea derrière le panneau pour émerger presque immédiatement en tenant par la peau du cou, comme des chiots, deux enfants qui se tortillaient, affolés. Un garçon et une fille, âgés peut-être de quinze ou seize ans. Tous deux d'une beauté remarquable.
    Petraja les maintint fermement en interrogeant Chao Fa Noi du regard.
    L'air penaud, le prince appela un esclave pour lui ordonner de conduire les deux adolescents dans l'antichambre. Puis il se tourna vers Petraja qui avait l'air furieux.
    «Ils étaient... avec moi quand vous êtes arrivé,
    Général. Je n'attendais pas de visiteurs, vous comprenez... »
    Le regard de Petraja demeurait sombre, inflexible. « Ils ont tout entendu. Il faut les réduire au silence.» Le prince sursauta. « Ils sont inoffensifs, Général. Je les utilise... pour mon plaisir. Ils ne parleront pas.»
    Petraja lui jeta un regard implacable. On entendait des pleurs monter de l'antichambre. « Et moi je vous répète qu'ils doivent être mis à mort. J'ai appris depuis longtemps à ne pas prendre de risques, Altesse. »
    Le prince prit une expression suppliante. Puis il remua les mains dans un geste d'incertitude, à la recherche de la meilleure approche.
    « Bien peu de joies me sont laissées, Général. Ces enfants sont généreusement récompensés et ne compromettront jamais leur situation. Je vous assure que vous n'avez rien à craindre.»
    Mais Petraja ne fléchit pas. « S'ils ne sont pas mis à mort sur-le-champ, lança-t-il durement, je vous retire mon soutien. »
    Voyant qu'il faisait mine de quitter la pièce, le prince eut un ultime sursaut de volonté. Indigné de se voir traiter de la sorte, il redressa la tête.
    «Je suis désolé que vous preniez les choses ainsi, Général. Il m'est impossible de me résigner à faire mettre à mort deux innocents enfants. C'est moi qui leur ai ordonné de rester derrière le paravent. »
    Petraja fit encore un pas en direction de la porte. « Vraiment ? Et pourquoi cela ? »
    Le prince hésita. «Quand on vous a annoncé, j'ai cru que vous étiez un émissaire de Yotatep. Vous savez combien elle sait se montrer jalouse. Je ne voulais pas que vous lui rapportiez que...» Il baissa les yeux vers les cicatrices qui zébraient ses cuisses. «Moi aussi,

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