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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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j'ai appris à ne pas prendre de risques, Général.
    - Cependant, je crains de ne pouvoir changer d'avis, Altesse. »
    La brève indignation du prince fit de nouveau place à l'angoisse. Il ne pouvait se permettre de perdre le
    soutien de Petraja. Avec un stratège aussi génial que lui à son côté, son espoir d'accéder à l'ancien trône du Siam ne semblait plus un rêve inaccessible. Il s'avança vers Petraja et murmura faiblement: «Très bien, Général. Je ferai ce que vous voulez.» Petraja hocha la tête, s'inclina et sortit.
    1 1
    Le fauteuil occupé par le général français était plutôt impressionnant. Construit en bois de teck poli, décoré de sculptures représentant des scènes de combats avec des éléphants de guerre, il avait été réalisé tout spécialement aux mesures du corpulent Des-farges. Les Siamois n'ayant pas coutume de s'asseoir sur des sièges, le menuisier avait dû emprunter un modèle au séminaire jésuite. Le résultat était pour le moins surprenant.
    Mal à l'aise, le général s'agita sur son fauteuil, s'épongea le front et contempla ses officiers supérieurs installés autour de la table. A sa droite, le major de Beauchamp, un bel homme aux cheveux blonds ; à sa gauche, le capitaine Dassieux avec sa grosse moustache noire; à côté de lui, le lieutenant Le Roy, toujours tiré à quatre épingles. On avait disposé devant eux, sur la table, des assiettes contenant des quartiers de citron qu'ils pressaient dans de l'eau bouillie pour obtenir une boisson rafraîchissante. Malgré l'ombre jetée par les branches d'un gigantesque arbre à pluie, la chaleur était étouffante. L'arbre et la table qu'il abritait n'occupaient qu'un faible espace de l'immense cour intérieure, entourée de palmiers et cernée par les hauts murs du fort de Bangkok. À moins d'un jet de pierre de là, le puissant Chao Phraya roulait ses eaux huileuses dans l'air lourd et oppressant.
    «Eh bien, messieurs, j'attends vos rapports.» Le général les regarda l'un après l'autre. «Qui a tué le père Malthus et pourquoi ?
    - Selon le capitaine du bateau, l'assassin était un Siamois. Ce qui semble exclure toute querelle interne entre jésuites, observa le capitaine Dassieux en caressant sa moustache.
    - A moins qu'ils ne se soient adressés à un tueur à gages, rétorqua le major de Beauchamp.
    - Mais qui pourrait bien vouloir tuer un jésuite? s'indigna Le Roy.
    - Un certain nombre de personnes, j'imagine, observa le général en souriant.
    - Jusqu'ici, les Siamois ont toléré l'activité des jésuites, reprit Beauchamp. Je n'imagine pas quel motif aurait pu les faire changer d'attitude. Il est plus probable que les jésuites se sont disputés entre eux et que l'un d'eux a loué les services d'un assassin pour faire la sale besogne.
    - Je ne peux concevoir qu'un homme de Dieu puisse vouloir en tuer un autre», remarqua Le Roy d'un air chagrin.
    Beauchamp haussa les épaules. « Le fanatisme a une influence étrange sur l'esprit des hommes. N'avons-nous pas entendu dire que de sévères dissensions les agitaient à propos du rôle de Phaulkon dans la conversion du roi ?
    - Phaulkon n'a jamais eu l'intention de convertir le roi, objecta Dassieux. Il ne se bat que pour lui-même.

- Nous n'en avons aucune preuve», intervint vivement le général.
    C'était un sujet délicat car il savait son camp divisé en la matière. Desfarges, lui-même, hésitait. Les ordres du Roi-Soleil étaient d'obtenir la conversion de la population siamoise par des moyens pacifiques et de n'employer la contrainte qu'en cas d'échec. Mais à quel moment pouvait-on dire que cette politique avait échoué? Quand le roi Louis avait donné l'autorisation de recourir à la force, savait-il à quel point les Siamois étaient farouchement attachés à leur indépen-dance? Et qu'ils pouvaient aligner vingt mille éléphants de guerre sous les ordres du très compétent général Petraja, héros des campagnes de Birmanie ? Qui pouvait prétendre connaître l'issue d'une bataille entre des éléphants de guerre et des canons? Il n'y avait eu, jusque-là, aucun précédent.
    « Le seigneur Phaulkon a réclamé davantage de temps, dit-il enfin.
    - Que peut-il faire d'autre, sachant qu'il n'est pas en mesure de tenir ses promesses?» contra Dassieux avec amertume. Il n'aimait pas Phaulkon et ne faisait aucun effort pour le dissimuler.
    « Nous devons rechercher autant que possible une solution pacifique, coupa le général.

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