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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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curiosité féminine. Simplement, si je dois être interrogée par ce potentat, j'aimerais en apprendre un peu plus sur lui, voilà tout.
    - Vous serez charmée par lui, j'en suis certain. La plupart d'entre nous le sommes, d'ailleurs.»
    Elle prit un air soucieux. «J'ai entendu dire que c'était plutôt un homme à femmes, mon Père.»
    Le prêtre leva les bras au ciel. «Ah, ces choses-là sont en dehors de ma juridiction, madame! »
    Nellie l'observa attentivement. «Vous semblez d'une inébranlable loyauté à son égard, mon Père. Il a de la chance d'avoir un allié tel que vous. J'ai entendu dire au fort qu'il avait beaucoup d'ennemis.
    - Tous les hommes puissants ont des ennemis. Et les officiers français auxquels vous faites allusion ont un grief compréhensible. Ils ont l'impression que le seigneur Phaulkon aime davantage le souverain du Siam que le roi de France.
    - Et en quoi est-ce répréhensible ? interrogea-t-elle, surprise.
    - Ma foi, le roi Louis l'a tout de même fait comte de France. Et il a envoyé une armée pour le soutenir.
    - Avec, en échange, le devoir de convertir le roi du Siam au catholicisme, n'est-ce pas? Qu'arrivera-t-il si le comte échoue ? »
    Le Père lui jeta un regard soucieux. «C'est bien là le nœud du problème, madame. »
    Ils gardèrent un instant le silence.
    «Cet homme, ce Somchai, travaille-t-il réellement pour lui ? »
    Le prêtre haussa de nouveau les épaules. «C'est ce qu'il prétend.
    - Mais, vous-même, que croyez-vous?
    - Je crois que vous posez trop de questions, madame. Et qu'il est temps pour un vieil homme de se reposer. »
    Il lui sourit et s'étendit sous l'auvent.
    À peine de Bèze était-il parti pour Louvo que le père Ducaze, toujours bouillant de colère, s'était précipité chez Maria à Ayuthia. C'était une vieille amie et, aux yeux des jésuites, elle représentait toujours leur meilleur espoir de convertir le roi. Bien souvent Ducaze avait prié pour que Constantin Phaulkon reçoive au moins une once de la ferveur religieuse de son épouse. Il avait parfaitement conscience qu'elle n'était nullement responsable de la situation et que ce n'était pas sa faute si leur rêve ne réussissait pas encore à se réaliser.
    Si Maria ne reprochait officiellement jamais rien à Phaulkon, Ducaze savait qu'elle dissimulait douloureusement ses frustrations. Mais les événements se précipitaient. L'homme qui avait avoué le meurtre de Malthus avait aussi reconnu publiquement qu'il travaillait pour le Barcalon. Ducaze jugeait de son devoir d'en informer Maria afin qu'elle puisse confondre son mari. A présent, il devenait urgent d'alerter le général Desfarges pour obtenir justice. Car personne d'autre ne pouvait le faire. Aucune cour de justice siamoise n'oserait affronter le Barcalon et encore moins le condamner. Ducaze regrettait d'apporter à Maria d'aussi tristes nouvelles, mais il n'avait pas le choix.
    Il la trouva à l'orphelinat, installée dans l'un des vastes bâtiments qu'elle avait fait élever sur le terrain de son palais. C'était une magnifique œuvre de cha-rité que Maria avait entreprise là. Grâce à elle, les enfants abandonnés ne trouvaient pas seulement un toit mais ils étaient aussi éduqués dans la religion chrétienne, sauvant ainsi pour toujours leur âme.
    Maria accueillit le jésuite chaleureusement et lui offrit un rafraîchissement. Il refusa, alléguant qu'il lui fallait regagner le séminaire aussi vite que possible.
    Elle le fit alors entrer dans une petite pièce privée et écouta attentivement le compte rendu qu'il lui fit des événements. Tout au long de son récit, elle ne manifesta aucune émotion apparente ; il était certain cependant d'avoir lu dans ses yeux la stupéfaction et la colère. Quand il eut terminé, elle ne fit aucun commentaire et se contenta de le remercier de l'avoir informée. Elle aborderait le sujet avec son mari à la première occasion et ferait connaître au jésuite le résultat de son entretien.
    Satisfait, le père Ducaze salua et sortit.
    À peine la porte s'était-elle refermée sur lui que Maria se prit la tête entre les mains en poussant un cri de désespoir. Elle dut faire un immense effort sur elle-même pour contrôler ses émotions et réussir à donner encore une série d'instructions à l'orphelinat avant de demander que l 'on prépare la barque la plus rapide.
    Elle prit la direction de Louvo pour rejoindre Phaulkon une heure à peine après le départ de

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