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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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avec les autres hors de l'enceinte. Par prudence, deux gardes étaient restés en arrière pour empêcher le lieutenant français de leur donner la chasse.
    Nellie se sentait grandement soulagée par la tournure des événements. Tout au long de cette vive dispute, et malgré les regards furieux de Mark, elle avait prétendu vouloir retourner à Bangkok. Trop aveuglé par son désir de poursuivre en direction de Louvo, son fils n'avait pas compris qu'il s'agissait d'un stratagème. Comptant sur la victoire des hommes de Phaulkon, elle espérait ainsi que Desfarges serait informé par Sautier de son soutien à leur cause. Il s'imaginerait qu'elle avait été contrainte de quitter de force le séminaire et se sentirait responsable de cette nouvelle épreuve. En restant dans les bonnes grâces du général, elle pourrait peut-être, par la suite, recevoir de lui un soutien appréciable.
    Épuisés par leur voyage matinal et ces incidents plutôt mouvementés, Nellie et Mark ne furent que trop heureux de prendre un peu de repos. Après un bref échange de politesses avec leur hôte portugais, ils absorbèrent un bol de riz au poulet suivi d'un délicieux gâteau avant de s'écrouler, ivres de fatigue, sur leurs nattes de jonc. Leur nuit fut longue et réparatrice. Ils s'éveillèrent frais et dispos, saluant cette aube nouvelle avec un frisson d'anticipation. Leur but était enfin en vue. Après une odyssée de neuf mois qui leur avait fait traverser la moitié du monde, ils ne se trouvaient plus qu'à un jour de voyage de leur objectif. Cela faisait si longtemps qu'ils rêvaient de cet instant !
    Ils firent leurs adieux à leur hôte et s'engagèrent sur un étroit sentier abrité menant au petit quai privé où la barque de Phaulkon les attendait pour les transporter à Louvo. Mark avait gardé prudemment ses bandages. Le père de Bèze les accompagnait, ainsi que les douze solides gardes de Phaulkon entourant un Somchai bien ficelé. Le prisonnier s'entêtait à désigner le Barcalon comme son seul commanditaire, mais de Bèze, prudent, avait conseillé au capitaine d'escorte de le tenir entravé en attendant de vérifier de telles allégations. Ils ne tarderaient pas à savoir si l'homme travaillait effectivement ou non pour leur maître.
    Une grande barque de belle allure surgit devant les yeux émerveillés des Tucker. C'était la première fois qu'ils la voyaient car, la veille, on les avait conduits à la maison du commerçant portugais sur de petits bateaux. L'élégante embarcation occupait toute la largeur du quai. Plus grande et plus décorée que celle du général français, elle s'en distinguait aussi par son mobilier, entièrement de style siamois. Cent rameurs étaient placés aux deux extrémités et, au centre, une estrade permettait aux passagers d'avoir une vue panoramique sur le paysage. Les deux pointes recourbées de la coque évoquaient les toits des maisons siamoises. De nombreux coussins triangulaires bien rembourrés offraient un confortable appui en guise de chaises et, sur des tables basses, on avait servi des rafraîchissements. Mark fut particulièrement impressionné par la haute proue qui jaillissait au-dessus de l'eau. Elle avait la forme d'un oiseau féerique et son long cou abondamment garni de feuilles d'or étincelait joyeusement dans le soleil matinal.
    Dès qu'ils furent installés, les cent rameurs, vêtus de tuniques rouges et coiffés de bonnets assortis, s'inclinèrent devant leurs hôtes et prirent position derrière leurs rames. Somchai et les gardes disparurent à l'arrière et la barque se mit en mouvement.
    «Combien de temps durera le voyage? demanda Nellie au prêtre.
    - Pas plus de six heures, j'imagine. Vous aimerez Louvo, madame, l'air y est plus frais qu'ici. Il soulage l'asthme du roi. »
    Elle l'observa discrètement, essayant de deviner s'il tentait de l'apaiser ou bien de s'excuser de les avoir en quelque sorte «enlevés», elle et son fils. Se sentait-il coupable à leur égard? En attendant, il était préférable de continuer à profiter de ses bonnes dispositions. Elle avait vu comment il s'était comporté au séminaire et se disait qu'il serait un allié précieux.
    « Pourquoi ne nous avez-vous pas autorisés à regagner le fort, mon Père?» demanda-t-elle en se blottissant confortablement contre les épais coussins.
    Le prêtre sourit aimablement. « Le seigneur Phaulkon souhaite vous interroger personnellement au sujet
    du meurtre du père Malthus

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