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Le discours d’un roi

Le discours d’un roi

Titel: Le discours d’un roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mark Logue , Peter Conradi
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les travaux furent imités un peu partout en Europe continentale, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. La procédure précise variait d’un chirurgien à l’autre, mais elle passait la plupart du temps par une ablation d’une partie de la structure musculaire de la langue. Outre qu’elles étaient inutiles, ces interventions chirurgicales étaient également douloureuses et dangereuses, à une époque dépourvue de moyens efficaces dans les domaines de l’anesthésie et de l’antisepsie. Certains patients en moururent d’ailleurs, ou du fait de complications.
    Dans son livre, Mémoires d’hommes et de livres, publié en 1908, le révérend Alfred John Church raconte comment, dans les années 1840, alors âgé de quatorze ans, il avait été opéré par James Yearsley, médecin domicilié au 15, Savile Row, qui fut le premier praticien en oto-rhino-laryngologie. « Il affirmait pouvoir guérir le bégaiement en ôtant les amygdales et la luette. » Peu convaincu de l’efficacité de l’opération, Church eut ce commentaire : « Je ne crois pas que ce traitement m’ait fait quelque bien que ce soit. »
    Avec le temps, l’attention se reporta sur le processus de la respiration et de la sonorisation. On s’efforça de trouver des solutions passant par des exercices de respiration et des systèmes de contrôle de cette dernière. Les auteurs qui s’intéressaient au sujet, beaucoup étant issus du monde germanophone, établirent une liste des sons qui posaient plus particulièrement problème. Ils découvrirent aussi que l’incapacité semblait souvent résider dans la transition entre consonne et voyelle. Ils se livrèrent à d’autres observations, comme le fait que les patients semblaient éprouver moins de difficulté avec la poésie qu’avec la prose, et aucun avec le chant, et que l’affection diminuait avec l’âge. Ils constatèrent enfin que les hommes en paraissaient atteints de façon disproportionnée par rapport aux femmes. L’accent fut donc mis sur le travail du rythme en guise de solution.
    Au tout début du XX e  siècle, l’émergence de la psychologie en tant que science à part entière ainsi que le développement du comportementalisme et de l’étude de l’hérédité permirent d’aboutir à l’avènement d’une nouvelle discipline et d’une profession naissante : celle de la science du langage et de l’audition, l’orthophonie. Sur le continent, elle resta généralement une spécialité au sein de la médecine. En Grande-Bretagne, en revanche, les médecins, pour les questions de bégaiement et d’autres difficultés d’élocution, avaient tendance à se tourner vers ceux dont le métier consistait à utiliser la voix et le discours. Les nouvelles cliniques étaient souvent installées dans des hôpitaux et placées officiellement sous supervision médicale, mais les praticiens qui y travaillaient, comme Logue, venaient la plupart du temps du monde de la rhétorique et de la dramaturgie.
    Au Royaume-Uni, un des plus grands noms dans le domaine était H. St. John Rumsey, orthophoniste et conférencier pendant des années au Guy’s Hospital de Londres. En 1922, il avait rédigé quelques articles sur les défauts de prononciation pour la revue médicale The Lancet, et avait rassemblé ses idées dans un livre, No Need to Stammer I , publié l’année suivante. Ses arguments étaient les suivants : les deux principaux facteurs, tant dans le langage que dans le son, sont la production du timbre dans le larynx et la transformation de ce timbre en mots suite au mouvement de la langue, des lèvres et des mâchoires. On utilise évidemment les mêmes organes pour parler et pour chanter, mais si, dans la parole, on a tendance à se concentrer sur les mots et à négliger la voix, c’est souvent le contraire qui prévaut dans le chant. Pour cette raison, affirmait-il, le bègue est souvent capable de chanter sans difficulté ; il peut aussi imiter des dialectes et des accents, parce que, ce faisant, il est obligé de prêter une plus grande attention au son des voyelles.
    Dans un cas précis, Rumsey suggéra un curieux traitement pour le bégaiement : la danse de salon. Traitement qui avait fonctionné, assurait-il, pour une jeune fille de vingt et un ans qui l’avait contacté. « Aujourd’hui, ce bégaiement s’atténue et elle est capable non seulement de suivre, mais aussi de conduire quand elle danse, déclara-t-il à un journaliste 12 . Son bégaiement

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