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Le discours d’un roi

Le discours d’un roi

Titel: Le discours d’un roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mark Logue , Peter Conradi
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la suite, frisait le sadisme. Jalouse même des rares instants que David passait avec ses parents, elle le pinçait férocement et lui tordait le bras dans le couloir menant au salon, si bien qu’il pleurait quand il se trouvait en leur présence, et qu’il devait bien vite se retirer. C’est du moins ce qu’affirma plus tard le duc de Windsor dans son autobiographie.
    En revanche, elle ne prêtait guère attention à Bertie, lui donnant son biberon de l’après-midi tandis qu’ils faisaient un tour en victoria, un cabriolet à quatre roues connu pour sa tendance à secouer ses passagers. Cette habitude, à en croire John Wheeler-Bennett, son biographe officiel, aurait été en partie responsable des maux d’estomac chroniques dont il souffrit jeune homme. La nounou finit par faire une dépression nerveuse.
    Il n’y a rien d’étonnant à ce que les enfants aient eu avec leurs parents une relation distante. L’approche qu’avait leur père de leur éducation n’aidait d’ailleurs pas. Le futur roi George V avait bénéficié d’une éducation relativement tolérante pour l’époque, grâce à son père Édouard VII, en réaction à la sévérité avec laquelle ses propres parents, Victoria et Albert, s’étaient comportés avec lui. Par conséquent, chaque fois qu’elle était en contact avec ses petits-enfants, la reine était horrifiée par leur caractère rétif.
    Loin d’élever ses enfants avec la même largesse d’esprit, George fit exactement le contraire : le prince, d’après son biographe Kenneth Rose, était « un père affectueux, mais un victorien rigide ». Ainsi, bien qu’il ait sans aucun doute aimé ses enfants, il était convaincu de la nécessité de leur inculquer le sens de la discipline dès le plus jeune âge – influencé en partie par ce respect strict de l’autorité qui lui avait été insufflé durant son adolescence, passée avec son frère dans la marine. À l’occasion de son cinquième anniversaire, George écrivit à son fils une lettre révélatrice : « Maintenant que vous avez cinq ans, j’espère que vous vous efforcerez toujours d’être obéissant et de faire sur l’instant ce que l’on vous dit, car vous vous apercevrez que plus tôt vous commencerez, plus cela vous sera facile. Je me suis toujours efforcé de le faire quand j’avais votre âge et me suis aperçu que cela me rendait beaucoup plus heureux 18 . »
    Toute transgression était passible d’un châtiment, administré dans la bibliothèque – qui, en dépit de son nom, était vide de livres, les étagères étant au contraire remplies par l’impressionnante collection de timbres à laquelle George consacrait son temps libre quand il ne chassait pas ou ne naviguait pas. Parfois, les garçons avaient droit à des remontrances. Pour les fautes graves, leur père lui-même leur infligeait une correction. La pièce resta évidemment dans leur souvenir comme un « lieu d’admonestation et de réprimande ».
    Leur vie changea du tout au tout après la mort de la reine Victoria, en janvier 1901. Le prince de Galles, devenu le roi Édouard VII, habita Buckingham Palace, le château de Windsor et Balmoral, son fils établissant ses quartiers londoniens à Marlborough House. À Windsor, il était installé à Frogmore House, et près de Balmoral, à Abergeldie, un petit château sur la Dee. En tant qu’héritier du trône (et prince de Galles, à compter du mois de novembre de la même année), George commença à assumer davantage de fonctions officielles, qui l’obligeaient parfois à voyager. En mars, accompagné de Mary, il entreprit une tournée de huit mois dans l’Empire, laissant leurs enfants entre les mains plus indulgentes d’Édouard et de la reine Alexandra. Négligeant leurs études, ils suivirent la cour dans ses déplacements entre Londres, Sandringham, Balmoral et Osborne. Leur grand-père s’accommodait de leur turbulence avec bienveillance.
    Les garçons durent donc démarrer leur scolarité. George n’ayant jamais vraiment suivi de formation scolaire, il estimait que ce n’était pas une priorité pour ses enfants. David et Bertie n’allèrent pas à l’école, on les confia à un précepteur, Henry Hansell, un grand célibataire décharné à l’épaisse moustache, qui semblait avoir passé plus de temps à Oxford sur les terrains de football et de cricket qu’en salle de classe ou en amphithéâtre. Professeur peu enthousiasmant, il estimait qu’il

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