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Le discours d’un roi

Le discours d’un roi

Titel: Le discours d’un roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mark Logue , Peter Conradi
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pour me donner la petite poussée en avant dont j’avais besoin ».
    Les médecins de Myrtle, voulant lui épargner l’hiver anglais, lui prescrivirent quelques mois en Australie pour récupérer. Elle partit le 4 novembre 1937 de Southampton, rejoignant les 499 passagers à bord du Jervis Bay de 8 640 tonnes de l’Aberdeen and Commonwealth Line. Elle arriva à Fremantle, en Australie-Occidentale, le 5 décembre, passa quatre semaines à Perth, puis poursuivit vers l’est du pays. Elle n’était pas censée retourner en Grande-Bretagne avant avril de l’année suivante.
    C’était la première fois que Myrtle retrouvait sa terre natale depuis qu’elle était partie avec Lionel, plus de dix ans plus tôt. Grâce au succès de son mari et à ses relations royales, on l’accueillit comme une célébrité : invitations à des soirées, des concerts et des récitals, et elle fut l’invitée d’honneur du gouverneur de l’État de Victoria, lord Huntingfield, et de son épouse, à la Government House. Les journalistes affluèrent pour interviewer la femme décrite comme « l’épouse de l’orthophoniste du roi George », et les journaux rendirent compte de ses allées et venues, ses fréquentations et ses tenues. Myrtle semblait ravie de cette gloire qui rejaillissait sur elle, même si elle eut peur pour sa santé à plusieurs occasions ; une fois, elle fut si mal en point qu’on pensa devoir l’emmener en ambulance à Adélaïde, mais elle se remit au point d’être « un peu jaune mais capable de continuer ».
    Lors d’une interview accordée à un journal et publiée sous le titre « Les Australiens prospèrent à Londres », Myrtle dressa un portrait rose de l’existence qu’elle menait avec ses compatriotes en métropole, faisant remarquer que nombre d’entre eux avaient acquis une certaine notoriété à Londres. « J’attribue ce phénomène à leur confiance en eux et au fait qu’ils n’ont pas peur, déclara-t-elle. Ils sont tout à fait capables et savent s’adapter, et semblent retomber sur leurs pieds à chaque tournant de la vie. » Elle décrivit aussi comment sa propre « charmante maison » à Sydenham Hill était devenue un « point de chute » pour les Australiens en visite en Angleterre.
    Si Lionel était toujours aussi discret lorsqu’il s’agissait d’évoquer son travail, son épouse ne put s’empêcher de parler du roi, se vantant du fait qu’il l’avait personnellement invitée, avec son mari, au sacre. Le souverain, dit-elle à un intervieweur, est « le travailleur le plus acharné au monde », un homme doté d’« une immense force et vitalité », ce qui lui permet d’accomplir un travail colossal. Elle évoqua chaleureusement son « sourire particulièrement heureux, son large sourire » et son « merveilleux sens de l’humour ».
    « Si tous les patients de mon mari avaient le cran et la détermination du roi, ils obtiendraient cent pour cent de guérisons, dit-elle à un autre journaliste. Sa Majesté vient fréquemment chez nous, il est des plus charmants. Les princesses aussi ; elles ne sont pas gâtées du tout, bien que Margaret Rose soit la plus joyeuse des deux ; Elizabeth paraît plus responsable. »
    « Elles s’expriment magnifiquement bien, sont simples et modestes, ajouta-t-elle. Mon mari se rend au palais tous les soirs en ce moment, et les petites princesses viennent toujours dire “Bonne nuit, papa” 74 . »
    On n’a jamais vraiment su ce que pensait le mari de Myrtle de ces indiscrétions. Mais il n’a pas dû vraiment les désapprouver, car les coupures de journaux où figuraient les citations de son épouse avaient toutes été soigneusement collées dans son album-souvenir.

Chapitre onze
    Sur le sentier de la guerre
    Alors que Myrtle effectuait sa tournée triomphale en Australie, l’Europe marchait inexorablement vers la guerre. Pendant plusieurs années, Hitler, à la poursuite de son Lebensraum , avait principalement porté son attention sur les pays en bordure de l’Allemagne, surtout composés de germanophones. En 1935, par plébiscite, la région de la Sarre fut rattachée à l’Allemagne. Puis, début 1938, se produisit l’ Anschluss de l’Autriche. La Tchécoslovaquie, avec sa grande population germanophone, majoritaire surtout dans certaines régions des Sudètes, constituait désormais une cible tentante. Ce pays enclavé était aussi cerné sur trois côtés. Lorsque, au printemps et à

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