Le Druidisme
dieu
« brillant » par l’archange de lumière Michel n’est sûrement pas un
hasard.
Mais l’Apollon celtique, sous son aspect de Belenos, pose
quelques problèmes. Il ne semble pas que les Grecs, et encore moins les Latins,
aient eu un véritable dieu solaire. Chez les Germains, c’est encore plus vague,
et il ne suffit pas de prétendre que tel ou tel personnage est un « héros
solaire » pour résoudre l’énigme. Chez les Indo-Iraniens, la situation
n’est pas plus nette, en dépit du Surya indien qui est d’introduction récente,
et d’Ahura-Mazda qui est surtout la Lumière ontologique opposée à Arhimane le
ténébreux, dans le cadre de la philosophie zoroastrienne. Et le Mithra de
l’époque romaine, qui n’a plus rien à voir avec le Mitra védique, se contente
d’emprunter au soleil son symbolisme. Quant aux Scythes, demeurés beaucoup plus
archaïques, ils avaient une déesse solaire , la
fameuse et cruelle « Diane scythique » qui anime la légende d’Oreste
et d’Iphigénie, et dont les Grecs ont fait leur Artémis, en adoucissant
considérablement son caractère et surtout, par une sorte de transfert
astrologique, en en faisant une déesse lunaire. Il n’existe pas, chez les
Indo-Européens, de mythe comparable à celui d’Osiris. Est-ce à dire que le
culte solaire n’est pas indo-européen ?
Il est difficile de répondre affirmativement de façon catégorique.
Cependant tout le laisse penser. Le monument de Stonehenge, en Grande-Bretagne,
dont nous avons déjà parlé, qui date de l’époque mégalithique et de l’Âge du
Bronze, est, à cet égard, très révélateur. Signalé par les auteurs de
l’Antiquité comme un temple solaire, il a été bâti incontestablement par
rapport au lever solsticiel d’été [105] . Il
en est de même pour les alignements mégalithiques de Carnac dont les lignes
directionnelles paraissent en rapport avec les levers du soleil. Mais, contrairement
à des croyances tenaces, ces monuments n’ont strictement rien à voir avec les
Celtes : ils sont dus à des populations antérieures et qui n’étaient
certainement pas des Indo-Européens. Et l’on sait, par l’archéologie, que l’Âge
du Bronze nordique a été le point culminant du culte solaire en Europe.
Tout cela peut balayer une série de notions fausses concernant
les croyances et les cultes druidiques. « Quant à Belenos, il pourrait
fort bien être le représentant celtisé de la religion solaire de l’Âge du
Bronze » [106] .
Belenos, Grannus, Maponos-Mabon, et dans une certaine mesure le Mac Oc
irlandais, sont vraisemblablement des images empruntées par les Celtes aux
populations autochtones qu’ils ont soumises. D’après le Livre des Conquêtes , quand les fils de Mité,
c’est-à-dire les Gaëls, ont envahi l’Irlande, ils se sont trouvés en présence
des Tuatha Dé Danann. Or, à ce moment-là, les Tuatha ont trois rois, Mac Guill,
Mac Cecht et Mac Greine, petits-fils du Dagda, qui sont mariés à trois reines,
Banba, Ériu et Fotla. Les noms de ces trois reines sont des éponymes de
l’Irlande. Mais les noms des trois rois sont intéressants : « Mac
Cuill, c’est-à-dire Sethor ; le coudrier était son dieu ; Mac Cecht,
c’est-à-dire Tethor ; la charrue était son dieu ; Mac Greine,
c’est-à-dire Cethor ; le soleil était son dieu » [107] .
En tant que « Fils du Coudrier », Mac Cuill est représentatif de la
fonction druidique, le coudrier ( coll ) étant
un arbre utilisé abondamment dans les pratiques magiques et divinatoires. En
tant que « Fils de la Charrue », Mac Cecht est représentatif de la
classe des producteurs, avec ceci de particulier que sa fonction concerne
l’agriculture : il serait donc un dieu-laboureur, ce qui est exceptionnel
chez les Irlandais, peuple d’éleveurs et non d’agriculteurs, et ce qui
constituerait la seule mention d’un tel dieu dans la mythologie irlandaise.
Enfin, en tant que « Fils du Soleil », Mac Greine ne peut représenter
que la seconde classe, celle des guerriers. Car nous retrouvons là encore la
tripartition fonctionnelle. Le tout est de savoir pourquoi la classe guerrière
est placée sous le patronage du Soleil.
Il faut d’abord insister sur le fait que Mac Greine n’est
pas lui-même le Soleil. Son dieu est le Soleil. Il est « Fils du
Soleil ». Et c’est là que tout peut trouver une explication.
Belenos a en effet, en Gaule, une sorte d’équivalent
féminin,
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