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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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à la même origine.
    Tout cela est néanmoins à mettre en rapport avec la
« Fontaine de Santé » des Tuatha Dé Danann. Au cours de la bataille
de Mag Tured, les blessés sont nombreux, comme il se doit. « On fit alors
ceci : mettre du feu dans les guerriers qui avaient été blessés là afin
qu’ils fussent plus brillants le lendemain matin. C’est pour cette raison que
Diancecht et ses deux fils et sa fille, c’est-à-dire Octriuil, Airmed et Miach [88] ,
chantaient des incantations sur la source dont le nom est Santé. Leurs hommes
blessés mortellement y étaient cependant jetés tels qu’ils avaient été frappés.
Ils étaient vivants quand ils en sortaient. Leurs blessures mortelles étaient
guéries par la force de l’incantation des quatre médecins qui étaient autour de
la fontaine » [89] .
« Un autre nom de cette fontaine est cependant Lac des Plantes car
Diancecht y mettait un plant de chacune des herbes qui poussaient en
Irlande » [90] . Cela
se retrouve dans la tradition galloise, notamment dans la seconde branche du Mabinogi . Il s’agit du chaudron de Brân Vendigeit
« dont voici la vertu : si on te tue un homme aujourd’hui, tu n’auras
qu’à le jeter dedans pour que le lendemain il soit aussi bien que jamais, sauf
qu’il n’aura plus la parole » [91] .
Effectivement, après une bataille, on allume du feu sous ce chaudron. « On
jeta les cadavres dedans jusqu’à ce qu’il fût plein. Le lendemain, ils se
levèrent redevenus guerriers aussi redoutables que jamais, sauf qu’ils ne
pouvaient parler » [92] . Ce
rituel fait penser à l’étrange figuration d’une des plaques gravées du célèbre
chaudron de Gundestrup [93]  :
sur le plan inférieur, des guerriers défaits avancent à pied vers la
gauche ; dans cette partie gauche une sorte de géant trempe un guerrier la
tête en bas dans un bassin ; sur le plan supérieur, les guerriers, à
cheval cette fois, retournent vers la droite [94] .
S’agit-il d’un rituel sacrificiel en l’honneur de Teutatès, tel qu’il est
présenté dans une des scholies de la Pharsale de Lucain, à savoir l’immersion et l’étouffement d’une victime dans un chaudron [95] , ou de
l’illustration de cette tradition concernant la Fontaine de Santé et le
Chaudron de Résurrection ? À moins que le rituel sacrificiel en l’honneur
de Teutatès ait été mal compris, et qu’il s’agisse, comme dans certains rituels
de Samain , d’une simulation destinée à
renforcer la valeur guerrière. De toute façon, c’est ce même chaudron que, dans
le récit gallois du Graal, le héros Peredur raconte : « Il vit venir
un cheval portant en selle un cadavre. Une des femmes se leva, enleva le cadavre
de la selle, le baigna dans une cuve remplie d’eau chaude qui était plus bas
que la porte et lui appliqua un onguent précieux. L’homme ressuscita, vint le
saluer et lui montra joyeux visage. Deux cadavres arrivèrent encore portés en
selle. La femme les ranima tous deux de la même façon que le premier » [96] . On
remarquera la présence de la fille de Diancecht à la Fontaine de Santé et le
rôle de la femme mystérieuse dans le récit de Peredur. Et comme Peredur est le
Perceval gallois, on ne peut guère oublier le Graal, ni le fait que le
Roi-Pêcheur blessé ne survit, dans certaines versions, que grâce au Graal [97] .
    Ce qui concerne l’action de Diancecht à la Fontaine de
Santé, comme d’ailleurs le rituel d’immersion dans le chaudron, ne paraît pas
un élément isolé ou propre à la tradition mythologique. Cela semble avoir été
réellement vécu, notamment en Gaule et en Grande-Bretagne, au temps de
l’indépendance celtique et bien après : la pratique des cures thermales,
attestée chez les Gaulois, propagée par les Romains, et l’existence des temples
parsemés d’ex-voto sur l’emplacement de certaines sources, en particulier
celles de la Seine, en constituent la preuve.
    Les Gaulois étaient en effet persuadés des effets
bienfaisants des eaux et exploitaient certaines sources à des fins médicinales.
Les Romains en ont largement profité. Par exemple, à Saint-Père sous Vézelay
(Yonne), on a découvert, au-dessous des installations romaines, les
substructures d’un appareillage gaulois certes plus rudimentaire mais tout
aussi efficace. Il en a été de même dans de nombreux endroits : certaines
de ces sources ont été abandonnées depuis longtemps, comme celle de la Herse,
en

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