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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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forêt de Bellême ( Belisama , l’un des
surnoms de la Minerve gauloise), dont une inscription latine révèle qu’elle
était dédiée aux « dieux infernaux » (au sens païen du terme) ;
d’autres sont mondialement connues et exploitées avec un succès jamais démenti.
C’est le cas de Vichy. Mais, à ce propos, une curieuse tradition populaire
prétend que les sources de Vichy se trouvaient autrefois à Rougères, vers Varennes-sur-Allier,
et que c’est par suite de la malédiction des fées protectrices de ces sources
que les eaux se tarirent et jaillirent à Vichy [98] .
Effectivement, en 1850, on a découvert à Rougères des vestiges d’installations
thermales. Et si l’on voulait dresser une carte complète des sources thermales
anciennes sur le territoire de la Gaule, ainsi qu’en Grande-Bretagne, le
travail serait long.
    Vichy se trouve dans le Bourbonnais. Or le Bourbonnais et
l’Auvergne sont, avec les Pyrénées, les plus riches en sources thermales de
l’ancien domaine celtique. Et le nom du Bourbonnais a quelque chose à voir avec
ces sources : Bourbon provient en effet du nom gaulois Bormo ou Borvo qui
signifie « bouillonnement ». Ce nom se retrouve non seulement dans
les divers Bourbon, mais encore dans Bourbouilloux, nom de plusieurs rivières,
dans Bourbonne-les-Bains et dans La Bourboule. Cela dit, Bormo ou Borvo est
l’un des surnoms que porte Apollon dans la statuaire et l’épigraphie
gallo-romaines. Comme le mot est apparenté à l’irlandais berbaim , « je bous », et au latin fervere , « cuire », il s’agit donc d’un
bouillonnement produit aussi bien par la chaleur que par des dégagements de gaz
à température froide. Mais on ne peut que penser au texte de la Bataille de Mag Tured qui, à ce moment-là, n’est pas très
clair : il est dit en effet qu’on met du feu dans des cadavres, mais
ensuite on les jette dans la Fontaine de Santé. L’alliance du feu et de l’eau paraît
incontestable. Dans le Mabinogi gallois, comme
dans Peredur , on allume du feu sous le
chaudron avant d’y placer les morts ou les blessés. Et que dire de la fameuse
Fontaine de Barenton, parfaitement réelle et visible actuellement bien qu’elle
soit décrite dans des textes anciens, et qui « bout tout en étant plus
froide que le marbre », comme le dit Chrétien de Troyes [99] .
Il faudrait aussi, à ce moment-là, prendre en compte les innombrables fontaines
sacrées d’Europe occidentale, surtout de celles qui se trouvent en Bretagne
armoricaine : elles sont généralement dédiées à un « saint
guérisseur » qui en est en somme le génie protecteur, le «  deus loci  ».
    Ce n’est évidemment pas par hasard si ces fontaines ont été
ainsi christianisées, permettant à d’antiques pratiques de se maintenir avec la
bénédiction des autorités ecclésiastiques. Les exemples caractéristiques
seraient innombrables. En voici deux. À Bieuzy-Lanvaux en Pluvigner (Morbihan),
la fontaine de saint Bieuzy guérit des maux de tête et des rages de dents si on
en boit et si on dit une prière au saint : il faut quand même savoir que
la légende raconte que saint Bieuzy, ayant reçu une hache dans le crâne,
continua stoïquement à dire la messe, puis fit un long voyage pour aller
mourir, sa hache toujours plantée dans le crâne, auprès de son maître saint
Gildas. Dans plusieurs paroisses du Morbihan, on trouve des fontaines dédiées à
saint Gobrien : on s’y rend en pèlerinage pour obtenir la guérison des
furoncles, des « clous », comme on dit, et il est d’usage de jeter un
clou de fer dans la fontaine (ou sur le tombeau présumé du saint). Sachons
toutefois que le nom de Gobrien provient d’un ancien mot breton ayant donné gov ou goff (Plogoff), et signifiant forgeron . C’est
presque le nom du dieu-forgeron des Tuatha Dé Danann, Goibniu, et de son
équivalent gallois Govannon ou Gobannon. C’est dire la permanence de ces pratiques
médio-religieuses placées sous la protection d’un saint qui a remplacé dans cet
office une divinité païenne.
    En l’occurrence, l’Apollon gaulois patronne la plupart des
sources bienfaisantes de la Gaule et de la Grande-Bretagne, soit directement,
soit avec son nom accompagné d’un surnom, soit sous ce seul surnom. Nous avons
vu que Borvo est un de ces surnoms. Il y en a d’autres, assez nombreux. Mais
les principaux sont Grannus et Belenus, sans compter le Maponos de Grande-Bretagne.
    Ce dernier

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