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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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était
également pratiquée. Il est malheureusement impossible de déterminer si une de
ces pratiques était réservée à une classe ou à une autre. Incinération et
inhumation ont existé conjointement, sans qu’on puisse tirer quelque conclusion
de ce fait. Mais, de toute façon, le défunt était remis à la Terre. Parfois,
comme dans beaucoup de civilisations anciennes, « tout ce que le mort
aimait est jeté dans le bûcher, même les animaux, et, il n’y a pas encore bien
longtemps, les esclaves et les clients qui étaient chers au défunts étaient
brûlés avec lui » (César, VI, 19). Cette coutume n’est certes pas
spécifique des Celtes.
    Une fois que l’inhumation était faite, on érigeait un pilier
funéraire, et l’on gravait dans la pierre une formule. Alors un poète chantait
ou psalmodiait la lamentation funèbre. Nous avons d’excellents exemples de
lamentation, aussi bien dans l’épopée irlandaise (en particulier la lamentation
pour Ferdéad, faite par Cûchulainn dans la Tain Bô Cualngé ) que dans la poésie galloise [224] .
Après quoi, c’était l’éloge du défunt qui était prononcé, certainement par un
druide, et sans aucun doute sous forme poétique. De cela également nous avons
des exemples, comme les poèmes du barde gallois Taliesin qui sont considérés
comme authentiques :
     
    « Uryen de la plaine cultivée,
    le plus généreux des hommes du baptême,
    abondance tu as donnée
    aux hommes du monde…
    Ah ! jusqu’à ce que je défaille de vieillesse,
    vers la dure angoisse du trépas,
    jamais je n’aurais de joie
    si je ne célébrais Uryen… » [225] .
     
    Après cela avaient lieu les « jeux funèbres »
proprement dits, qui pouvaient aussi bien être des combats simulés, de duels à
la façon du tournoi médiéval, des sortes de représentations dramatiques, que
des festins dégénérant en beuveries. La signification essentielle de ces
funérailles étaient d’accompagner le défunt, non pas à sa dernière demeure,
mais au point symbolique où, confié à la terre, il pouvait entreprendre son
voyage dans l’Autre-Monde.
    D’autres rites mettant la terre en jeu étaient pratiqués. La
légende hagiographique de saint Patrick met en évidence un culte sanglant rendu
à l’horrible idole de Crom Cruaich, en Irlande [226] .
Toutes les descriptions concordent : il s’agit d’un cromlech, d’un cercle
de pierres datant de l’époque mégalithique. Il ne semble donc pas que ce soit
un élément du culte druidique, tout juste une survivance de croyances et de
coutumes antérieures, plus ou moins tolérées par le druidisme.
    Très différentes sont les pratiques opérées par les druides
sur la Terre. Il s’agit non plus d’adorer une entité divine terrienne, ou de se
la rendre propice, mais de maîtriser la Terre et de la mettre au service de la
volonté humaine. Ainsi, ce qu’on appelle la « haie du druide »
empêchait quiconque de franchir une certaine limite, de pénétrer à l’intérieur
d’un cercle ou d’en sortir. Nous avons des exemples de cette sorte, en
particulier dans la Tain Bô Cualngé , quand
Cûchulainn place une branche fourchue à quatre pointes sur un gué, et grave des ogam dans la pierre. L’armée ennemie ne peut
franchir le gué qui a servi de théâtre à cette opération magique. Cela fait
penser au « château invisible » ou à la pierre (tout dépend des
versions de la légende) où Merlin est enfermé par Viviane. Il arrive aussi que
les druides puissent prétendre bouleverser et transformer le paysage, creuser
la terre ou aplanir des collines. Avant la bataille de Mag Tured, l’un des
sorciers de Lug, nommé Mathgen (= né de l’ours), « dit que par sa
contrainte il jetterait les montagnes d’Irlande sur les Fomoré et que leurs
sommets rouleraient à terre. Il dit que les douze premières montagnes de la
terre d’Irlande seraient aux ordres des Tuatha Dé Danann, qu’elles se
battraient pour eux » [227] . Il y
a là quelque chose d’identique au Combat des Arbres : une libération de
l’énergie contenue dans le minéral et son utilisation à des fins guerrières.
Dans le récit de la Courtise d’Étaine , Oengus,
qui doit obtenir la jeune Étaine pour son père adoptif Mider-Mananann, est
soumis à des obligations de la part du père d’Étaine. Avec l’aide du Dagda et
des Tuatha Dé Danann, il défriche douze plaines en une seule nuit, et creuse
douze rivières également en une

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