Le Druidisme
à la matière vivante. Mais ce n’est
pas une utopie. Ce n’est même pas un rêve. Ce sont de quotidiennes expériences
de laboratoire dans la plupart des pays dits développés. Il n’y a là rien qui
soit anti-scientifique. Rudolf Steiner a eu conscience de cela, c’est
incontestable.
Et si nous reprenons l’exemple celtique, nous pouvons en arriver
à d’étranges conclusions. Les arbres qui marchent et qui combattent, n’est-ce
pas la représentation symbolique, imagée, de l’utilisation de l’énergie
végétale ? La naissance de Blodeuwedd, fabriquée à partir des plantes,
n’est-ce pas la représentation de l’utilisation d’une énergie contenue dans le
végétal, capable, une fois surgie, de donner naissance à un autre être ?
Après tout, nous sommes ce que nous mangeons, et nous ne vivons que parce que
nous empruntons au végétal (et à l’animal) ses forces vitales par l’ingestion
et la digestion. Pourquoi n’y aurait-il pas des méthodes autres que le
phénomène de la digestion ?
La question est posée. La réponse pourrait peut-être nous
expliquer certaines guérisons miraculeuses, certains phénomènes classées comme
surnaturels ou magiques. La tradition alchimique prétend que la Pierre
Philosophale, qui ne sert que très accessoirement à faire de l’or,
contrairement à l’opinion courante, est une panacée universelle. Or, cette
panacée universelle existe dans la tradition druidique ; au témoignage de
Pline l’Ancien lui-même, c’est le gui.
Pline dit en effet : « Les Gaulois croient que le
gui, pris en boisson, donne la fécondité aux animaux stériles et constitue un
remède contre tous les poisons » (XVI, 249). Nous ne connaissons pas le
nom gaulois du gui, mais en irlandais, le mot est uileiceadh ,
c’est-à-dire littéralement « guérit tout », « panacée », et
le mot gallois oll-iach , qui est très proche,
a exactement le même sens. Le terme breton-armoricain est uhelvarr (haute branche), mais au XVIII e siècle, en dialecte vannetais, on utilisait
la périphrase deur derhue , c’est-à-dire
« eau de chêne », appellation qui amène certains commentaires.
Le gui est en effet un végétal extraordinaire. C’est un parasite.
C’est en quelque sorte une plante-vampire qui se nourrit du sang des autres. En
vérité, il survit en buvant la sève de l’arbre : il est réellement une
« eau de chêne ». De plus, nous savons que le gui est l’une des plus
anciennes plantes de notre planète, peut-être l’une des premières à avoir fait
son apparition, et en tout cas, qu’elle est une rescapée d’une lointaine époque
où les conditions de vie n’étaient pas semblables aux nôtres. Il faudrait en
conclure que le gui a survécu à différentes phases de l’évolution et qu’il
s’est adapté aux circonstances nouvelles : c’était une question de vie ou
de mort. Ne pouvant puiser son énergie vitale dans la terre, comme les autres
plantes, il s’est fixé sur des végétaux dont il fait sienne l’énergie vitale.
En ce sens, le gui libère l’énergie du chêne (ou de tout autre arbre) et
l’utilise. N’est-ce pas là le meilleur exemple qui soit pour illustrer la
théorie de l’énergie végétale ?
Ces remarques ne visent pas à affirmer que les druides possédaient
le secret pour libérer l’énergie vitale des végétaux et s’en servir pour faire
fonctionner des machines. Si tel était le cas, cela se saurait, les Celtes
n’étant pas tellement éloignés de nous, et les Romains, fort pragmatiques et
toujours prêts à s’emparer des inventions des autres, ne se seraient pas fait
faute d’en tirer profit. Mais il est tout à fait vraisemblable, et même
probable, que les druides connaissaient ce principe de l’énergie végétale et
qu’ils l’appliquaient à certaines plantes, dont le gui, pour des buts
thérapeutiques – ou même magiques. Quant à savoir quelles méthodes ils
employaient, c’est autre chose. Nous ignorons tout. Mais ce qui est intéressant
dans le cadre d’une étude globale du druidisme, c’est de voir qu’un mythe comme
celui de la dynamique végétale (combat des Arbres, naissance végétale, médecine
végétale universelle) existait dans la tradition celtique. Car un mythe, quel
qu’il soit, sous-tend une réalité, même la plus irrationnelle en apparence.
C’est dire l’importance du rituel du gui. Le chêne représentant
la force divine, l’énergie cosmique,
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