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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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telles
indications.
    Accomplir un rituel au-dessus de l’eau, autour de l’eau,
dans l’eau, ou incanter l’eau, c’est maîtriser l’énergie mystérieuse contenue
dans l’élément liquide et la faire servir selon la volonté de l’opérateur.
C’est peut-être de la magie, mais c’est surtout une prise de conscience qu’il y
a dans la nature des forces invisibles qu’il suffit de libérer et d’utiliser
selon certaines méthodes pour en arriver à des résultats positifs. Mais qui dit
positif, dit aussi négatif. Dans plusieurs récits irlandais, les druides incantent
les eaux de tel ou tel lac, de telle ou telle rivière, afin qu’elles
disparaissent et qu’elles ne puissent plus servir aux ennemis. Avant la
bataille de Mag Tured, l’échanson des Tuatha Dé Danann déclare à Lug qu’il fera
disparaître les lacs d’Irlande aux yeux des Fomoré de façon qu’ils n’y trouvent
pas d’eau, « quelle que soit la soif qui les saisirait » [232] .
    Il semble d’ailleurs y avoir un rituel spécial pour assoiffer le roi ennemi . Dans la première
Bataille de Mag Tured, le roi des Fir Bolg, Éochaid, commence à être assoiffé
au moment où la bataille tourne mal, et c’est sans doute le résultat de la puissance
druidique des Tuatha Dé Danann. Dans un curieux récit irlandais, la Mort de Muirchertach , l’héroïne, Sin, pour se venger
du roi, l’attire dans ses pièges magiques, et finit par l’assoiffer
complètement, et le roi se noie dans une cuve. Dans le récit de la Destruction de l’Hôtel de Da Derga . Le roi Conairé
est attaqué par des « pirates ». Le combat fait rage, mais les sorciers
qui sont avec les pirates lancent un charme sur Conairé, « une soif
inextinguible ». Le roi a beau demander de l’eau, il n’y en a pas. Il
envoie le héros Mac Cecht en chercher. Mais Mac Cecht a beau parcourir toute
l’Irlande, il ne trouve pas d’eau : tous les lacs et tous les cours d’eau
ont été asséchés. Seul un petit lac contient encore de l’eau et Mac Cecht y
remplit une coupe avant de revenir en hâte vers Conairé. Mais il est trop tard.
Conairé est mort : « Sa grande soif l’oppressa et il périt d’une
fièvre consummante, car il n’eut pas à boire ». Pour éviter que les
ennemis ne s’emparent la puissance du roi, Mac Cecht coupe la tête de celui-ci,
mais auparavant il lui verse le contenu de la coupe sur le visage. Alors la
tête de Conairé se met à parler : « Brave homme, Mac Cecht, excellent
homme… Il donne un breuvage, il sauve un roi… Bon serais-je pour le fameux Mac
Cecht, si j’étais en vie, brave homme ! » [233] .
Cela n’est pas sans faire penser au personnage de Pantagruel qui lance du sel
sur ses ennemis pour les altérer. Mais comme toute chose à son contraire, on ne
peut pas méconnaître les nombreuses légendes concernant des saints chrétiens
faisant jaillir des sources en frappant le sol de leur bâton.
    On remarquera que tout cela est du domaine de l’eau douce.
Il n’est pas question de pratiques culturelles concernant la mer, comme si
celle-ci était ignorée, des Irlandais particulièrement. On est très loin de
cérémonies du genre « bénédiction de la mer », pratiquées par le
clergé chrétien, surtout en Bretagne. Pourtant, on a au moins la trace d’un
rituel de conjuration de la mer. Strabon raconte que les Cimbres, c’est-à-dire
en fait les Celtes, « menacent et repoussent de leurs armes le flot qui
monte » (VII, 2). Le rituel est confirmé par Aristote qui, dans sa Morale à Eudème (III, 1), se moque des pauvres
Celtes « qui prennent leurs armes pour marcher contre les flots ». De
toute évidence, il s’agit d’une cérémonie propitiatoire que les Grecs n’ont pas
comprise et qu’ils mettent au compte de la naïveté barbare.
    Il y a pourtant là une chose qui n’est pas sans importance
et qui pose un nouveau problème. Comment se fait-il que la mer ne soit pas plus
présente dans la mythologie et la liturgie des Celtes ? Nous avons dit que
les Celtes, contrairement à l’opinion reçue (ce sont les Celtes actuels qui
sont devenus, par nécessité, des marins, et encore pas tous), sont avant tout
des terriens. Leurs vagues d’invasion en Europe occidentale se sont déroulées
sur terre. Ils viennent tous de l’Europe centrale. Certes, ils ont passé la
Manche et la Mer d’Irlande, mais c’est tout. On ne peut guère prendre à la
lettre les nombreux récits de navigation à

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