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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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plus en plus méfiants, en feignant la déroute et la retraite, pariant qu’ils nous poursuivraient. Une fois près de la muraille, nous devions disparaître dans Toulouse au plus vite, abandonnant l’adversaire à portée de l’huile bouillante que femmes, enfants et vieillards étaient chargés de verser sur eux. Mal nous en prit.
    Pour la première fois, nos hommes, enhardis par le succès, oublièrent leur discipline et se laissèrent emporter par un excès d’enthousiasme. Au lieu de faire retraite par le pont-levis comme convenu, la plupart continuèrent à combattre. Pour les attendre, nous fûmes forcés de laisser la porte ouverte et les croisés tentèrent de s’engouffrer dans Toulouse. Voyant cela, Roger Bernard n’eut d’autre choix que d’ordonner la fermeture du pont-levis, abandonnant une centaine de ses hommes à l’extérieur. Convaincus que les nôtres étaient en sécurité, nos verseurs remplirent leur office, ébouillantant indistinctement nos ennemis et nos hommes. Sur le chemin de ronde, les deux comtes et moi-même eûmes beau crier de cesser, rien n’y fit. Le gâchis était complet.
    Comprenant le piège dans lequel ils étaient tombés, les croisés s’enfuirent en abandonnant leurs blessés.
    —    Nous devons leur porter secours ! fit une voix derrière nous.
    Je levai les yeux au ciel en la reconnaissant. Pernelle. Je me retournai et la vis dans cette attitude que je lui connaissais trop bien. Elle avait remis sa robe et son foulard noirs qui lui donnaient cet air sévère que je détestais lui voir. Les bras croisés sur la poitrine, le visage crispé par la détermination, elle se tenait devant un groupe de Parfaits dont elle avait manifestement pris la tête.
    —    C’est impossible. Les croisés reviendraient aussitôt, répliqua le vieux comte.
    —    Nous ferons vite.
    Raymond Roger soupesa la chose, déchiré entre les gémissements de douleur de ses hommes et la nécessité de préserver ceux qui lui restaient.
    —    Ces hommes ont combattu pour vous. Maintenant, ils souffrent le martyre, insista mon amie de ce ton péremptoire qui interdisait toute réplique. Vous n’avez pas le droit de les laisser mourir sous nos murs ! Dieu vous jugera, Raymond Roger de Foix ! Et votre sœur aussi, croyez-m’en !
    —    Pernelle, plaidai-je, mêle-toi de ce qui.
    —    Suffit ! Chaque seconde perdue augmente leur douleur.
    —    Bien, trancha Raymond Roger. Gondemar, organise les hommes pour qu’ils assurent la protection des Parfaits.
    Un escadron fut constitué à la hâte avec ceux qui avaient réussi à rentrer et nous fîmes une sortie d’urgence, les soldats se disposant en demi-cercle sur plusieurs rangs autour des Parfaits qui, sous la direction de Pernelle, triaient ceux qui pouvaient être déplacés immédiatement par des brancardiers et ceux qui devaient être traités sur place si l’on espérait leur sauver la vie. Pendant une quinzaine de minutes, tout se passa bien, mais comme je m’y attendais, les croisés finirent par réaliser que nous étions vulnérables. Ils se regroupèrent prestement et foncèrent dans notre direction.
    —    Ils arrivent, criai-je. Repliez-vous ! Ramassez tous ceux que vous pouvez emporter ! Les autres restent là ! Par le cul du diable, dépêchez-vous !
    Les croisés fondirent sur nous avant que tous aient pu rentrer et nous dûmes reculer de façon désordonnée en résistant de notre mieux. L’escarmouche fut brève, mais coûteuse. La plupart d’entre nous parvînmes à nous réfugier dans la cité, mais nous perdîmes plusieurs hommes valides au profit de blessés dont plusieurs ne passeraient sans doute pas la nuit.
    Lorsque la porte fut à nouveau refermée, je cherchai Pernelle du regard pour lui faire connaître ma façon de penser, mais je ne la trouvai pas. Frappé par un terrible pressentiment, je bousculai indistinctement soldats et Parfaits, à la recherche de mon amie. En vain. Je saisis Roger Bernard, qui passait par là.
    —    As-tu vu dame Pernelle ?
    —    Non. Elle doit s’occuper des blessés.
    La panique me gagnant, je plantai là le jeune comte et me précipitai au sommet de la muraille pour avoir un meilleur point de vue sur la place. J’eus beau chercher et chercher encore, je ne la vis nulle part. Pourtant, une petite boiteuse en robe noire n’était pas difficile à localiser, même dans une foule compacte. Désespéré, je fouillai du regard l’extérieur

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