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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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d’elle. Puis les croisés nous sont tombés dessus et tout est devenu fou. Nous sommes rentrés à la hâte en emportant tous ces malheureux. Je n’en sais pas plus.
    —    Merci, dis-je, la gorge serrée.
    Nous retournâmes sur la place, à la recherche de Raynal. Je passai une bonne heure à interroger les hommes, à arpenter les remparts, la place, les rues environnantes. Je refis même le tour des infirmeries, au cas où il aurait été blessé. Mais de partout, je revins bredouille. Raynal avait disparu, lui aussi.
    Montbard, Ugolin, et maintenant, Raynal et Pernelle. Je me laissai lourdement choir sur le sol, m’adossai à la muraille et enfouis mon visage dans mes mains encore couvertes du sang des croisés que j’avais occis. Roger Bernard s’assit près de moi, mais il ne dit rien. Malgré son jeune âge, il comprenait que les mots sont parfois superflus. Après quelques minutes, son père s’approcha de nous.
    —    J’ai envoyé des hommes ramasser nos morts, dit-il.
    —    Et ? m’enquis-je, anxieux.
    —    Ton amie n’était pas parmi eux. J’ai vérifié moi-même.
    Je trouvai un espoir dans le fait que le cadavre de Pernelle
    n’avait pas été retrouvé.
    —    Et Raynal ? Il y était ?
    —    Non plus.
    —    Merci, sire.
    Foix hocha la tête et s’éloigna. Il avait fort à faire pour reprendre en main ses forces après l’échec qu’elles venaient de subir.
    —    S’il y a la moindre chance qu’elle soit encore en vie, alors elle est gardée captive. Je dois la délivrer, dis-je d’une voix éteinte, mais décidée.
    —    C’est impossible, répondit Roger Bernard. Tu le sais aussi bien que moi. Tu seras coupé en rondelles dès que tu t’approcheras du camp des croisés. Et puis, tu n’as aucune preuve qu’elle est là. Pour autant que nous le sachions, son corps a peut-être été traîné quelque part, tout simplement.
    —    Je lui dois la vie.
    —    Et j’ai la conviction qu’elle te reprocherait de la gaspiller pour elle.
    —    Ça oui, dis-je avec un rire sardonique. Mais elle n’est pas ici pour me chauffer les oreilles.
    Je me levai, ma torpeur disparaissant aussi vite qu’elle était venue.
    —    Tu n’aurais pas une vieille bure de moine qui traîne quelque part ?
    Roger Bernard sembla étonné par ma requête. Il se mit debout à son tour.
    —    Qu’as-tu en tête ?
    — Il me vient une soudaine envie de chanter des cantiques.
    Je le quittai après lui avoir fait la liste de ce dont j’avais besoin. Il est des moments dans la vie où l’on doit faire fi de toute prudence et simplement agir en espérant que les choses tournent bien, mais aussi en acceptant la mort s’il le faut. J’étais face à un de ces moments. S’il existait la moindre chance que Pernelle soit encore en vie, je devais tout risquer. Même le salut de mon âme. Mais avant de me jeter dans la gueule du loup, j’avais une vérification à faire.
    Je courus vers le parvis de l’église Saint-Sernin. Même avant de tenter l’impossible, je devais au moins voir si le Cancellarius Maximus m’avait répondu. J’avais déposé mon message voilà deux semaines. Toulouse était assiégée et personne ne pouvait y entrer ni en sortir. Dans ces circonstances, j’étais à peu près convaincu qu’aucune communication ne me parviendrait. Mais si tel était le cas, je devrais choisir entre Pernelle et la Vérité. Sans vouloir l’admettre, je ne souhaitais pas de réponse.
    Je dus attendre longtemps avant que la place soit déserte. Profitant enfin d’un moment de tranquillité, je m’agenouillai en vitesse devant la pierre marquée du sceau et la soulevai avec ma dague. Puis, je restai figé sur place, abasourdi. Là, sur la terre battue, se trouvait un parchemin plié en quatre et fermé par un sceau de cire rouge que je reconnus aussitôt.

    Cela ne pouvait vouloir dire qu’une chose : le Supérieur inconnu était dans Toulouse même. Qui était-il ? Où se cachait-il ? M’avait-il répondu le jour même où j’avais déposé mon message ? D’une main tremblante, je saisis la missive et la glissai dans ma chemise. J’aurais voulu la lire tout de suite, mais déjà des passants étaient apparus au bout de la place. Je remis la dalle, me levai et m’enfuis comme un voleur.
    Je fis le chemin du retour le plus vite possible, me faisant violence pour garder un pas mesuré, mais hâtif. De retour à ma chambre, je brisai le

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