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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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sceau et, fébrile, je lus le court message.
    Ta requête est à l’étude et une réponse te parviendra en temps opportun. D’ici là, ne quitte Toulouse sous aucun prétexte.
    Cancellarius Maximus
    Toulouse, le vingt-huitième jour de juin de l’An du martyre de Jésus 1211.
    Cette réponse n’en était pas une. Elle me donnait l’espoir que l’emplacement de la seconde part me soit révélé, certes, mais elle me déchirait entre deux loyautés. D’une part, j’avais fait le serment de protéger la Vérité. J’y étais tenu par le salut aussi bien que par l’honneur. D’autre part, la vie de Pernelle était en danger. Il était peut-être déjà trop tard pour la sauver, mais je me devais d’essayer.
    De rage, j’abattis mon poing sur la table. Je chiffonnai le parchemin et le jetai dans l’âtre, où il s’embrasa sur les braises. Soudainement, la Vérité n’avait plus d’importance à mes yeux. Pour la première fois de ma vie, peut-être, mes priorités étaient claires. Pernelle passait avant ma quête. Si Métatron en prenait offense, il n’avait qu’à me ramener en enfer sur-le-champ. Je le suivrais l’esprit en paix, en sachant que j’avais écouté ma conscience et pris le parti du bien.
    Je sortis de ma chambre, bien décidé à risquer le salut de mon âme.
    À la nuit tombante, j’étais prêt à partir depuis longtemps. J’étais très conscient du fait que, en admettant que Pernelle ne soit pas morte lors de la bataille, chaque heure passée augmentait les chances que je la retrouve morte ou, pire, vivante mais prostrée comme je l’avais vue, encore petite fille. Mais j’avais besoin du couvert de la nuit pour quitter Toulouse.
    Roger Bernard m’avait procuré ce que je lui avais demandé : une bure de moine, trouvée dans une des églises chrétiennes désaffectées. Je l’avais passée par-dessus mes habits. Ainsi, Memento serait cachée dans les plis du vêtement, mais toujours à portée de main. En prime, il avait même trouvé une croix en bois enfilée sur un cordon de cuir, que je me suspendis au cou. J’étais sans doute le seul à détenir la preuve irréfutable que le crucifix n’avait rien de sacré. Jésus n’y était pas mort et, par conséquent, il ne me causait aucune douleur à la gorge. Je gardai mes bottes sous la bure, sachant que je pourrais avoir à fuir en toute hâte et que des sandales de moine ne s’y prêtaient pas. Une fois le capuchon rabattu sur ma tête, la transformation fut complète. Pour quiconque ne s’arrêtait pas à mon imposante stature, j’étais un moine.
    Ainsi vêtu, je me dirigeais vers la muraille lorsqu’une main sortit de la pénombre et me saisit le bras.
    —    Tu n’y penses pas, Gondemar ! chuchota Cécile. Tu vas te faire tuer !
    —    Je dois le faire. Pernelle est mon amie. Je la connais depuis l’enfance et elle m’a sauvé la vie. Si elle est encore vivante, je dois la sortir de là.
    —    Je comprends. Mais nous deux ?
    —    Ne m’as-tu pas déjà dit que tu souhaitais aimer un homme droit ?
    —    Hélas, oui, soupira-t-elle en baissant les yeux. Et ceci est le prix à payer, je suppose.
    Elle prit mon visage dans ses mains et posa sur mes lèvres un baiser d’une tendresse infinie.
    —    Avec ou sans dame Pernelle, reviens-moi, Gondemar de Rossal.
    Je hochai la tête sans rien répondre, déchiré entre les deux femmes que j’aimais. Puis je tournai les talons sans regarder derrière. Je retrouvai Roger Bernard et son père sur la muraille.
    —    Mon fils m’a expliqué ce que tu as en tête. Tu es certain de vouloir tenter une telle folie ? me demanda Foix. Tu vas directement à l’abattoir, Gondemar.
    —    Croyez-moi, je n’ai rien à perdre.
    —    Soit. Ta vie t’appartient.
    —    N’en soyez pas si sûr.
    Perplexe, le vieux comte me toisa, puis haussa les épaules.
    —    Il est temps, déclarai-je.
    Nous étions sur le mur est, sur lequel les croisés n’avaient aucune vue. Afin de ne pas attirer leur attention en abaissant un pont-levis, opération fort bruyante, nous avions convenu que je descendrais la muraille à l’aide d’une corde à nœuds. Quatre soldats la déroulèrent et s’arc-boutèrent contre le parapet afin de soutenir mon poids. Je saluai les deux Foix de la tête, enjambai les créneaux et me laissai descendre, les pieds contre la muraille. Lorsque je fus sur la terre ferme, on remonta la corde.
    Je tournai aussitôt

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